
Jean-Pierre Saucier, Chef du Service de la sylviculture et du rendement des forêts, Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec
« Il faudrait d’abord déterminer les aires à fort potentiel forestier » |
Invité dans le cadre des midis de la Chaire en Aménagement Forestier
Durable, le Dr. Saucier nous a annoncé la soumission Jeudi 19 novembre
du projet de loi n° 57, portant sur l’aménagement durable
du territoire forestier. Le chapitre II de ce projet de loi confère
au Ministre des Ressources Naturelles et de la Faune certaines responsabilités,
entre autres celle d’assurer l’intensification de la production
ligneuse et celle de communiquer quelles sont les aires les mieux adaptées
pour cette intensification. La question qui vient naturellement à l’esprit
est celle de savoir comment le Ministre pourra satisfaire ces attentes. C’est à cette
question que le Dr. Saucier a répondu durant son exposé.
Pour le Docteur Saucier, il faudrait d’abord déterminer les aires à fort
potentiel forestier, et à l’intérieur de celles-ci, déterminer
celles présentant un intérêt particulier pour l’intensification
de la production ligneuse. Fort heureusement, ce travail a été commencé en
partenariat par une équipe de chercheurs du MRNFQ et de l’Université Laval,
et est à un stade très avancé. En substance, il s’agit de :
Déterminer la productivité des stations.
Cela c’est fait à travers l’usage de deux indices. Le premier
est l’Indice de Qualité de la Station (IQS), qui s’exprime
en terme de hauteur en mètres atteinte par un arbre dominant de 50 ans.
Dans la détermination des IQS sur l’ensemble du territoire, des
modèles ont été utilisés pour prendre en considération
différents freins à la croissance des arbres, surtout durant
leur phase juvénile. Le deuxième indice, plusieurs approprié aux
peuplements ayant une structure irrégulière ou inéquienne, est
l’accroissement en surface terrière (Δg) des arbres, exprimé en
cm2/an et dans ce cas aussi, un travail de modélisation a permis d’obtenir
des résultats mieux adaptés à la réalité de
la croissance des arbres. Un indice dérivé des deux premiers,
l’Indice Synthétique de Productivité, a ensuite été produit
pour les cinq espèces forestières d’intérêt économique
dans chaque station. Les bases pour la construction de ces indices sont les
disques et carottes des différentes placettes permanentes et temporaires
du Québec, ainsi que les différents inventaires forestiers et
autres données pertinentes.
Évaluation des contraintes
Les principales contraintes à l’aménagement intensif (géomorphologie,
climat, etc.) ont été évaluées pour savoir si un
territoire, malgré sa forte productivité, est adapté à un
aménagement forestier intensif. Seules les plus limitantes contraintes
ont été retenues dans la réalisation finale de la cartographie.
Analyse spatiale
Une analyse spatiale a permis de regrouper en des superficies suffisamment
grandes les stations avec une productivité élevée et des
contraintes limitées.

Exemple de carte: les zones d'intérêt sont en rouge
|
Ces cartographies seront ensuite livrées aux Conférences Régionales
des Élus (CRE), afin que celles-ci identifient d’autres types
de contraintes (aires protégées, zones récréatives,
premières nations, etc.), et le feedback permettra au ministère
de proposer des plans d’aménagement satisfaisants pour tous. Cela
permettra de concentrer l’aménagement intensif sur les aires à meilleures
potentiels, et d’appliquer l’approche d’aménagement
par triade, proposé par Seymour et Hunter (1992), sans porter préjudice
au développement économique. Cette approche est en accord avec
les recommandations du dernier congrès mondial forestier de Buenos-Aires,
et est considérée comme compatible au concept de développement
durable.
Résumé de la présentation: Cyriac
Serge Mvolo, étudiant au doctorat en sciences
de l’environnement, UQAT
|