
Dans le cadre des midis de la foresterie du 2 février 2010, Jean-François
Boucher, professeur associé à l'UQAC, est venu discourir des
puits de carbone forestier et de leur application en forêt boréale
québécoise par le boisement des terrains dénudés
secs. La séquestration du carbone atmosphérique par le boisement
des territoires non arborés constitue une action pouvant atténuer, à long
terme, la présence des gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
Cette atténuation participe à la lutte aux changements climatiques,
conjointement avec la réduction à la source des émissions
de dioxyde de carbone ainsi que l'adaptation des écosystèmes
aux perturbations du climat, présentes et futures.
« le boisement de ces surfaces peut être envisagé comme
méthode
pour séquestrer le carbone atmosphérique » |
Les dénudés secs sont ces terrains improductifs, naturellement
déboisés, retrouvés dans la pessière noire à mousses
de la forêt boréale continue québécoise. Ils sont
caractérisés par une faible densité d'arbres, inférieure à 25%,
et une abondance de lichens et d'éricacées. Aucune activité forestière
ne se déroule dans ces pessières à lichens puisqu'elles
sont considérées comme des non-forêts stables qui ne peuvent
se reboiser naturellement.

Exemple d'un feu mal régénéré
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Plusieurs mécanismes engendrent la présence de dénudés
secs dans la pessière noire à mousses. Le principal intervient
lors de la régénération même des peuplements après
le passage de feux de forêt. Le feu est stochastique et il arrive que
deux événements touchent un même territoire de façon
rapprochée dans le temps. Un recrutement déficitaire est produit
lorsqu'une trop faible quantité de graines a été produite
par le peuplement lors du passage du deuxième feu. Il se produit alors
un envahissement par des lichens et des éricacées qui viendront
combler le territoire. Un autre mécanisme connu entraîne le même
processus, soit une épidémie de tordeuse des bourgeons de l'épinette
préalable au feu de forêt. Finalement, les terrains dénudés
secs peuvent être produits lorsqu'un brûlis ne se régénère
pas suffisamment.
Dans la forêt boréale continue québécoise, les
dénudés secs représentent 7% du territoire. Ils sont plus
nombreux vers le centre et l'est du Québec. Puisqu'ils représentent
de grands territoires improductifs et qu'ils sont considérés
comme non-forêt par le gouvernement canadien, le boisement de ces surfaces
peut être envisagé comme méthode pour séquestrer
le carbone atmosphérique, comme le stipule le protocole de Kyoto. Ainsi,
M. Boucher et son équipe cherchent à déterminer quel
est le potentiel théorique de séquestration d’une opération
de boisement d’un terrain dénudé boréal. Pour se
faire, un scénario de plantation des plus conservateurs a été comparé avec
un scénario de référence où aucune plantation n'a
eu lieu dans le dénudé sec. Toutes les émissions de carbone
liées aux activités de plantation ont été comptabilisées
et la séquestration du carbone par le peuplement en croissance a été modélisée
dans le but d'évaluer la quantité nette de carbone pouvant être
piéger par le boisement. Les résultats montrent que les émissions
seront comblées par le peuplement en 27 années de croissance,
moment où la séquestration de carbone devient positive et un
réel stockage commence. Le peuplement à maturité permet
une séquestration de 77 t de carbone à l'hectare, soit près
d'une tonne par année.
Dû aux émissions produites, le boisement
des dénudés
secs n'est pas une manière de séquestrer rapidement le carbone.
De plus, plusieurs incertitudes demeurent quant à la réelle capacité de
support de ces dénudés secs et la permanence du stockage du carbone
par ces plantations qui sont toujours susceptibles aux feux et aux épidémies.
Ainsi, plusieurs études en cours cherchent à répondre à ces
questionnements, sans oublier de traiter du maintien de la biodiversité dans
ces habitats qui sont importants pour le caribou. Ces recherches sur les puits
de carbone en forêt boréale profitent d'une source de financement
alternative existant à l'UQAC avec Carbone boréal, un programme
de recherche et de compensation pour les émissions de gaz à effet
de serre par des plantations. Ces forêts à statut d'expérimentation
sont protégées de la coupe forestière et permettent à l'équipe
de M. Boucher de valider et d'explorer de nouvelles avenues de boisement des
dénudés secs tout en permettant à tout un chacun de compenser
ces émissions de gaz à effet de serre par la plantation d'arbres.
Résumé de la présentation:
Myriam Paquette
Étudiante à Maîtrise en biologie, UQAT
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