
Le docteur Yassine Messaoud, ayant réalisé une thèse
de doctorat à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
sur la localisation de l’écotone sapinière/pessière
dans l’ouest du Québec, a présenté le projet qu’il
mène actuellement dans le cadre de son stage post-doctoral sous la direction
du docteur Han Chen, à l’Université Lakehead en Ontario.
Le Dr. Messaoud se penche tout particulièrement sur la question des
effets climatiques sur la croissance en hauteur des arbres en Colombie-Britannique.
« … les espèces [d’arbres] réagissent
positivement [aux changements climatiques], oui, mais pas toutes à la
même vitesse. » |
Selon un
nombre croissant études, les changements climatiques que nous vivons
depuis plusieurs décennies devraient engendrer des changements physiologiques
chez les espèces végétales. Ces changements ne sont pas
sans conséquences économiques et écologiques. Étant
parmi les chercheurs s’intéressant aux effets des changements
climatiques sur les arbres, le docteur Yassine Messaoud a abordé, de
façon plus spécifique, la croissance en hauteur. Si l’atmosphère
se réchauffe, il est intuitif d’assumer que plusieurs aspects
physiologiques, dont la hauteur, des arbres seront positivement affectés
en raison de réactions chimiques facilitées par une énergie
thermique plus élevée. Le conférencier a par ailleurs
indiqué la prostration de l’épinette noire comme changement
dû au climat. Toutefois, selon le résultat des recherches du Dr.
Messaoud, chaque espèce d’arbre est affectée de façon
différente par les changements climatiques.

Figure 1. Répartition des 3003 placettes utilisées provenant
du Ministère de la Forêt de la Colombie-Britannique.
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En se servant
des données de sylviculture du Ministère des Forêts de
la Colombie-Britannique récoltées dans près de 3000 placettes
(voir Figure 1), le Dr. Messaoud a examiné la hauteur de 14 espèces
d’arbres réparties dans la province de la Colombie-Britannique
et ce, à l’âge de référence de 50 ans. Le
calcul de la croissance des arbres a été basé sur les «site
index» dans le but d’analyser la hauteur de l’arbre
le plus dominant de chaque espèce présente par placette. La croissance
des arbres a été évaluée selon leur période
d’établissement qui se situe entre le début du 19e siècle,
soit pendant la période de la «petite aire glacière»,
et le milieu du 20e siècle qui fut une période plus clémente.
En comparant la croissance en hauteur des arbres avec la période d’établissement,
la température maximale de la période estivale et l’indice
de sévérité de sécheresse de Palmer (données
provenant du National Oceanic and Atmospheric Administration), le Dr. Messaoud
a remarqué que c’est le premier facteur (la période d’établissement)
qui expliquait le mieux la croissance en hauteur des arbres localisés
dans des secteurs où les conditions environnementales sont limitantes.
De plus, en nous présentant quatre groupes d’arbres distincts
classifiés selon leurs caractéristiques écophysiologiques
similaires (e.g. tolérance à l’ombre, forme des feuilles),
le chercheur en provenance de l’Université Lakehead a affirmé que
les changements climatiques ont et auront un effet différent selon ces
groupes.
En plus de l’importance des caractéristiques ontogéniques
des espèces étudiées, les 14 espèces mises à l’étude
sont réparties dans 10 zones bioclimatiques de la Colombie-Britannique.
Le Dr. Messaoud a ainsi réitéré l’importance de
connaître l’effet des microclimats et la topographie sur la croissance
des arbres car dépendamment de la localisation géographique,
les réponses pourraient être non seulement différentes
de façon interspécifique, mais également de façon
intraspécifique.
La conférence
s’est terminée avec une période de question qui a d’abord
amené la possibilité de faire le même genre de travail
au Québec. En réponse à la question, le Dr. Yassine Messaoud
a indiqué ne pas être certain de cette possibilité mais
qu’il serait intéressant de le faire en raison de la topographie
très différente comparativement à celle de la Colombie-Britannique.
Une autre question mettant en doute la réelle implication des changements
climatiques sur la croissance des arbres a ensuite été soulevée.
Le Dr. Messaoud a répliqué en assurant que, selon certaines études
dont Lloyd et Bunn (2007), l’effet de la pollution sur la croissance
des arbres, par exemple, était négligeable lors des périodes
d’établissement des arbres utilisés dans ses recherches:
ce qui réduit la marge d’erreur.
Référence dans le texte :
- Lloyd, A. H., et A. G. Bunn. 2007. Responses of the circumpolar boreal forest
to 20th century climate variability. Environmental Research Letters 2: 1-13
Résumé de la présentation:
Dominique Fauteux
Étudiante à Maîtrise en biologie, UQAT
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