Les coupes agglomérées et en mosaïque constituent deux stratégies d’aménagement qui diffèrent grandement de par la quantité ainsi que la configuration des habitats résiduels à l’échelle du paysage. Par ailleurs, des différences dans la configuration de la forêt résiduelle engendrent, entre autres, la création de bordures d’origine anthropique, celles-ci pouvant affecter la qualité des peuplements forestiers ainsi que le comportement des espèces animales associées aux forêts mûres et surannées. Le premier chapitre de ce mémoire a pour objectif de documenter de quelle manière le groupe fonctionnel des excavateurs primaires de cavités répond (1) à la quantité de forêts résiduelles à l’échelle du paysage, (2) à la configuration des
peuplements forestiers résiduels à l’échelle du paysage et (3) à la rétention d’attributs de structure caractérisant les forêts surannées (arbres vivants de grand diamètre, chicots et débris ligneux) dans les peuplements résiduels des patrons de coupes agglomérées et en mosaïque. Le deuxième chapitre de ce mémoire vise quant à lui (1) à déterminer quelles sont les caractéristiques des arbres utilisés pour l’alimentation du Pic à dos rayé (Picoides dorsalis), (2) à déterminer si les pics s’alimentent en fonction de la disponibilité des bons substrats d’alimentation dans les bordures de coupes et (3) à caractériser le patron de déplacement des pics lors de leur quête alimentaire à proximité des lisières. L’aire d’étude se situe dans la zone de la pessière noire à mousses, dans la région du Nord-du-Québec (49o 12’ à 50o 09’ de latitude nord et 75o 09’ à 76o 37’ de longitude ouest). Dans le cadre du premier chapitre, nous avons échantillonné neuf espèces d’oiseaux excavateurs de cavités dans 160 stations réparties
également entre les peuplements résiduels des coupes agglomérées et en mosaïque. L’échantillonnage a été réalisé avec les méthodes des points d’écoute et des points d’appel dans le but de détecter le plus grand nombre d’individus possible. Les attributs de structure ainsi que les variables du paysage ont également été caractérisés pour chacune des stations. En ce qui concerne le deuxième chapitre, nous avons réalisé des suivis focaux de pics à dos rayé à l’intérieur de 18 bordures de coupes. Un inventaire des arbres morts sur pied et au sol a également été réalisé dans les lisières où des suivis focaux ont été préalablement réalisés. Nos résultats montrent que le Pic à dos rayé et la Mésange à tête brune (Poecile hudsonicus) avaient une occurrence plus forte dans les habitats résiduels des coupes en mosaïque alors que le Pic Flamboyant (Colaptes auratus) était plus abondant dans les habitats linéaires des coupes agglomérées. De plus, autant les variables locales que celles du paysage étaient importantes pour les espèces à l’étude. D’autre part, bien que les bons substrats d’alimentation pour le Pic à dos rayé étaient plus abondants à proximité des lisières, les pics évitaient tout de même de s’alimenter à cet endroit. Finalement, bien que les habitats linéaires des coupes agglomérées sont susceptibles de représenter des habitats sub-optimaux, ils sont néanmoins utilisés par la majorité des espèces à l’étude. Ainsi, la rétention, de façon permanente, de ces habitats linéaires ainsi que de massifs forestiers de plus grande superficie pourrait améliorer les conditions forestières et ainsi faire en sorte de maintenir ce groupe important d’espèces en zones aménagées.