Avec l’accentuation de l’exploitation forestière, la superficie des vieilles forêts boréales de l’est du Canada se réduit tandis que leur fragmentation s’accroît. Or, ces forêts abritent une diversité unique d’espèces, d’habitats et de fonctions écologiques. Une grande partie de cette biodiversité est constituée par les champignons du sol, notamment symbiotiques des racines des arbres, qui jouent un rôle majeur dans la fonctionnalité des écosystèmes forestiers. Toutefois, leur conservation au sein des vieilles forêts demande une connaissance de leur distribution, à fine et large échelle, et pour les gestionnaires, le développement d’indicateurs accessibles sans expertise mycologique. Dans cette thèse, nous souhaitons identifier quels sont les facteurs qui explique la distribution de la diversité des champignons du sol au sein des vieilles forêts boréale du Québec – détectés par les technologies de séquençage haut débit, déterminer comment cette diversité influe sur un service écosystémique clé tel que le stockage du carbone, et évaluer le potentiel d’indicateurs sur la structure forestière pour prédire la diversité fongique des sols. Nos hypothèses sont que les champignons du sol sont plus divers et stockent davantage de carbone dans le sol en vieille forêt qu’en forêt récente, et que l’indice de biodiversité potentiel et les technologies de télédétection aéroportée permettent de prédire la diversité des communautés fongiques. Cette étude s’appuie sur un dispositif à long terme des vieilles forêts boréales mixtes situé dans la forêt d’enseignement et de recherche du lac Duparquet, au Québec. Depuis 1994, dix placettes d’un hectare ont été établies le long d’une succession forestière après feu s’étalant sur 264 ans, permettant d’effectuer des comparaisons entre forêts récentes et vieilles forêts. Un inventaire de télédétection y a été réalisé par le gouvernement du Québec en 2017 et pour chacune des placettes, la chimie et l’ADN des champignons du sol y ont été extraits en 2018. Nous mesurerons la quantité de bois mort et la diversité des arbres porteurs d’habitats pour identifier les facteurs structurant la diversité des champignons du sol. Nous évaluerons également son influence sur les stocks de carbone en mesurant l’activité des champignons dans l’environnement et leur croissance. L’indice de biodiversité potentielle et la structure des forêts décrite par télédétection seront mis en parallèle de la diversité en champignons du sol évaluée par le métabarcoding de l’ADN environnemental. Ce projet fournira des informations inédites sur la richesse des vieilles forêts boréales, mettra en lumière le rôle des champignons dans leur fonctionnement, et développera des outils essentiels au succès de l’aménagement durable des forêts.