Les perturbations naturelles telles que les incendies, les épidémies d'insectes et les activités du castor influencent grandement la structure et la fonction de la forêt boréale. Les castors sont omniprésents dans ce biome, mais il existe encore des lacunes dans les connaissances concernant leur habitat et leurs sources de nourriture dans les différents paysages forestiers. Le but de cette étude est d’évaluer l’impact de la composition des peuplements forestiers et la taille du lac sur la diète et la dynamique de l'occupation du territoire par le castor en Abitibi-Témiscamingue. D’une part, nous avons utilisé les taillis issus du broutage par le castor afin d'évaluer le temps d'occupation du territoire par la colonie et la distance maximale de broutage dans trois types de peuplements et tailles de lacs différentes (61 lacs) en utilisant une approche dendroécologique. Trois transects ont été établis autour de chaque hutte, avec des parcelles de 1 m2 afin de reconstruire les patrons d’occupation spatiaux et temporels. Nous avons également évalué la composition du régime alimentaire à l'aide d'analyses d'isotopes stables (δ13C et δ15N), sur du matériel végétal autour de la hutte et de trois tissus (poils, foie et muscle) provenant de 97 carcasses collectées dans 45 lacs, auprès de 11 trappeurs locaux. Nos résultats ont démontré que la distance maximale de broutage et le temps d’occupation étaient seulement affectés par la taille du lac et non pas par le type de peuplement forestier. L’aire d’influence était la plus courte (17m) dans les lacs de taille moyenne et le temps d’occupation le plus long était dans les lacs de grande taille (7.5 ans). Les analyses d’isotopes stables ont révélé un changement saisonnier marqué par une plus grande consommation de plantes herbacées et de macrophytes à la fin de l'été, ainsi qu’une consommation de conifères en hiver par les castors. Ce projet a donc apporté une meilleure compréhension de l’écologie du castor et de ses patrons d’occupation. Mieux connaitre les facteurs derrière son occupation est primordial pour mieux atténuer les conflits entre cet animal et l’humain, ainsi que pour accroître la résilience des forêts face aux perturbations naturelles.