- Le collectif Mycosphaera lauréat du Prix de l'initiative de l'année du Réseau de milieux naturels protégés (lire la nouvelle)
- Yves Bergeron est lauréat du prix Armand-Frappier (lire la nouvelle)
- Geoffrey Zanin obtient le grade de docteur (lire la nouvelle)
- Geoffrey Zanin se joint à l'équipe de l'IRF à titre d’auxiliaire de recherche/auxiliaire d’enseignement et professionnel de recherche au CEF (pôle Abitibi) (lire la nouvelle)
- Yves Bergeron, professeur émérite, nommé chevalier de l'Ordre des Palmes académiques ! (lire #1, lire #2, écouter #3)
- Annie Claude Bélisle et Limoilou-Amélie Renaud se joignent à l'équipe de professeurs-chercheurs de l'IRF-UQAT (lire #1, lire #2)
- Olaloudé Judicaël Franck Osse obtient le grade de docteur! (lire la nouvelle)
- Sanghyun Kim obtient le grade de docteur! (lire la nouvelle)
- Hiba Merzouki se joint à l'équipe de l'IRF à titre d’auxiliaire de recherche/auxiliaire d’enseignement et professionnel de recherche au CEF (pôle Abitibi) (lire la nouvelle)
- Une chaire de recherche de l’UQAT s’installe au Cégep de Baie-Comeau (lire la nouvelle)
- Le Prix Gisèle-Lamoureux remis à Victor Danneyrolles & ses collaborateurs (lire la nouvelle)
- Lancement de l’Atlas Le temps qui change (lire la nouvelle)
- Daniela Robles reçoit le titre de docteure! (lire la nouvelle)
- Hiba Merzouki est la lauréate du Cône d'Or et Prix Chantiers Chibougamau, Produits Forestiers Résolu et West Fraser pour la meilleure présentation orale du 26 colloque annuel de la Chaire AFD. La présentation était intitulée « L'utilisation des amendements de sol pour restaurer ou améliorer la productivité des sites mal régénérés après coupe totale en forêt boréale mixte ». (Cône d'Or)
- Yves Bergeron :
- A été décoré de l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec constituant la plus prestigieuse reconnaissance décernée par l’état québécois. (lire la nouvelle)
- Le Laboratoire international de recherche sur les forêts froides codirigé par Yves Bergeron et Adam Ali de l’Université de Montpellier a reçu le prix Hector-Fabre par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie. (lire la nouvelle)
- Pierre Drapeau :
- Prix Harfang des neiges remis par le gouvernement du Québec pour sa contribution aux connaissances sur la faune et l’écosytème boréal. (lire la nouvelle)
- Prix ACFAS Michel-Jurdant pour les sciences de l’environnement, notamment en lien avec sa contribution à l’approche écosystémique en aménagement forestier durable. (lire la nouvelle)
- Nicole Fenton est la première canadienne à recevoir le prix Spruce de l’Association internationale des bryologues en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à la biologie des bryophytes, une branche de la botanique qui se consacre aux mousses. (lire la nouvelle)
- Daniel Kneeshaw reçoit le Prix excellence recherche professeur volet carrière de la faculté des sciences de l'UQAM.
- Osvaldo Valeria est récipiendaire du Prix d’excellence en enseignement, volet leadership du réseau de l’Université du Québec. (lire la nouvelle)
- Nomination de Louis Imbeau à titre de vice-recteur à la recherche et à la création de l'UQAT (lire la nouvelle)
- Près de 1,4 M$ ont été accordés à des membres du corps professoral de l’Institut de recherche sur les forêts (IRF) (lire la nouvelle)
- Kloé Chagnon-Taillon et Louis-Joseph Drapeau reçoivent une bourses d’excellence de la Chaire Desjardins en développement des petites collectivités, d’une valeur de 2 500 $ chacune. (lire la nouvelle)
Thèses et mémoires déposés au cours de l'année 2025-2024
- Mélanie Arsenault (2025). Dynamique d’occupation du territoire par le castor du Canada en forêt boréale. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Dynamique d’occupation du territoire par le castor du Canada en forêt boréale.
Les perturbations naturelles telles que les incendies, les épidémies d'insectes et les activités du castor influencent grandement la structure et la fonction de la forêt boréale. Les castors sont omniprésents dans ce biome, mais il existe encore des lacunes dans les connaissances concernant leur habitat et leurs sources de nourriture dans les différents paysages forestiers. Le but de cette étude est d’évaluer l’impact de la composition des peuplements forestiers et la taille du lac sur la diète et la dynamique de l'occupation du territoire par le castor en Abitibi-Témiscamingue. D’une part, nous avons utilisé les taillis issus du broutage par le castor afin d'évaluer le temps d'occupation du territoire par la colonie et la distance maximale de broutage dans trois types de peuplements et tailles de lacs différentes (61 lacs) en utilisant une approche dendroécologique. Trois transects ont été établis autour de chaque hutte, avec des parcelles de 1 m2 afin de reconstruire les patrons d’occupation spatiaux et temporels. Nous avons également évalué la composition du régime alimentaire à l'aide d'analyses d'isotopes stables (δ13C et δ15N), sur du matériel végétal autour de la hutte et de trois tissus (poils, foie et muscle) provenant de 97 carcasses collectées dans 45 lacs, auprès de 11 trappeurs locaux. Nos résultats ont démontré que la distance maximale de broutage et le temps d’occupation étaient seulement affectés par la taille du lac et non pas par le type de peuplement forestier. L’aire d’influence était la plus courte (17m) dans les lacs de taille moyenne et le temps d’occupation le plus long était dans les lacs de grande taille (7.5 ans). Les analyses d’isotopes stables ont révélé un changement saisonnier marqué par une plus grande consommation de plantes herbacées et de macrophytes à la fin de l'été, ainsi qu’une consommation de conifères en hiver par les castors. Ce projet a donc apporté une meilleure compréhension de l’écologie du castor et de ses patrons d’occupation. Mieux connaitre les facteurs derrière son occupation est primordial pour mieux atténuer les conflits entre cet animal et l’humain, ainsi que pour accroître la résilience des forêts face aux perturbations naturelles.
- Patrice Blaney (2025). Écologie de quatre populations de dorés jaunes (sander vitreus) dans des lacs dégradés et sains de la ceinture argileuse canadienne. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Écologie de quatre populations de dorés jaunes (sander vitreus) dans des lacs dégradés et sains de la ceinture argileuse canadienne.
L’Abitibi-Témiscamingue dénombre plus de 20 000 lacs, principalement à eau turbide, où le doré jaune est le prédateur dominant. Malgré son abondance naturelle, certaines populations y ont été perturbées. C’est le cas de Rouyn-Noranda, où les activités humaines ont dégradé plusieurs lacs, nécessitant des mesures de restauration comme l’ensemencement. L’objectif de ce projet est d’évaluer la capacité des lacs Osisko et Dufault à maintenir une population de doré jaune en étudiant l’ensemble de son cycle de vie. Celui-ci couvre les stades de la larve, du jeune de l’année, du juvénile et de l’adulte. Les lacs Osisko et Dufault ont été comparés aux lacs Vaudray et Dufay. Ces deux derniers soutiennent des populations naturelles de dorés, alors que les lacs Osisko et Dufault ont été ensemencés entre 1986 et 2018. Pour les quatre lacs et pour l’ensemble du cycle vital, la qualité de l’habitat ainsi que les ressources alimentaires disponibles et utilisées ont été évaluées. Aussi, l’abondance des individus a été estimée et leur croissance mesurée. Il était attendu que les lacs Osisko et Dufault offrent un habitat de moins bonne qualité et des ressources alimentaires moins abondantes et diversifiées, menant à une croissance et abondance en dorés de tous âge plus faible que dans les lacs Vaudray et Dufay. Tel qu’attendu, certains paramètres de l’habitat (transparence de l’eau et pH) correspondaient mieux aux besoins du doré dans les lacs témoins et les ressources alimentaires étaient plus diversifiées, particulièrement en raison des macroinvertébrés sensibles à la pollution qui étaient absents des lacs dégradés. Malgré ces conditions défavorables, nos résultats indiquent que les lacs dégradés Osisko et Dufault soutiennent actuellement des populations de dorés jaunes abondantes sans le soutien des ensemencements. Les jeunes de l’année sont même plus abondants dans les lacs dégradés et leur croissance en début de vie est plus rapide. Cette dynamique est favorisée par les grandes abondances de zooplancton au printemps et permet une transition rapide vers la piscivorie. Dans les lacs témoins, les dorés ont une croissance plus lente et montrent une plus grande flexibilité alimentaire, consommant des macroinvertébrés même à des tailles supérieures (>30 cm). Toutefois, les lacs dégradés présentent une longévité réduite chez les adultes : seulement 1 % à 4 % des dorés capturés dans les lacs Osisko et Dufault atteignent 10 ans ou plus, comparativement à 13 % à 15 % dans les lacs témoins. Cette mortalité prématurée soulève des préoccupations quant à leur résilience. La future gestion de ces populations pourra donc se concentrer à maximiser la survie des adultes, par exemple en améliorant leur habitat, en réalisant une gestion des ressources alimentaires, en vérifiant si les modalités de pêche sont adéquates et en sensibilisant les pêcheurs dans leurs pratiques.
- Ange-Marie Botroh (2025). Détermination des effets des pratiques sylvicoles sur les stocks et les flux de carbone en forêt boréale tourbeuse. Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Détermination des effets des pratiques sylvicoles sur les stocks et les flux de carbone en forêt boréale tourbeuse.
Les forêts boréales tourbeuses ou paludifiées avec leur épaisse couche de matière organique au sol (i.e., tourbe) constituent l’un des réservoirs terrestres de carbone (C) le plus important. La tourbe représente environ 60-80% de cet important stock de C. Cependant, cette épaisse couche du sol organique provenant principalement de la décomposition des mousses sphaignes, entraine une baisse de croissance des arbres et menace la production de bois à long terme dans certaines régions du nord-ouest du Québec. Afin de maintenir la productivité forestière, des perturbations naturelles comme les feux sévères ou les opérations forestières intensives qui réduisent la tourbe sont nécessaires. Si certaines opérations favorisent la croissance et la séquestration du C dans les arbres, elles peuvent, en contrepartie, entrainer une réduction des stocks du C du sol organique en accélérant les pertes par décomposition. Une meilleure connaissance des effets de ces pratiques sur les flux de C constitue donc un enjeu dans la maîtrise de l’empreinte C de l’industrie forestière.
Notre objectif principal était donc d’évaluer les effets de ces pratiques sur le bilan C des forêts tourbeuses du nord-ouest québécois. Cette étude visait de façon spécifique à :
Cette thèse s’articule autour de trois objectifs spécifiques qui sont : mieux comprendre la dynamique naturelle de séquestration de C après feu, quantifier les impacts des pratiques sur les pertes de C de la couche organique du sol et déterminer les impacts globaux des pratiques. Elle peut être regroupée sous deux principaux axes d’étude : empirique et modélisation. L’étude empirique avait pour objectif de collecter des données de calibration pour la modélisation. Elle évaluait les effets à court terme (c-à-d, neuf ans après) de la coupe et de la préparation mécanique de terrain sur la décomposition des bryophytes et sur les stocks de C de la couche organique. La modélisation de la séquestration du C après feu, qui incluait des sévérités et des cycles de feu différents, avait pour objectif d’établir une base de comparaison des pratiques sylvicoles. Ainsi, à partir de cette base, les effets de diverses pratiques sylvicoles et des aménagements d’intensités différentes ont été évalué par modélisation. L’étude sur le terrain a montré que les préparations mécaniques de terrain (MSP) accéléraient les pertes de C par décomposition de la matière organique fraiche des bryophytes d’environ deux fois et demie, dans les vingt premiers centimètres du sol, par rapport aux sites non coupés, neuf ans après traitement. Elles réduisaient également les stocks de C dans la partie supérieure de la couche organique du sol mais n’avaient aucun impact sur les stocks totaux de C du sol comparé aux sites non coupés. Ces résultats ont confirmé l’impact de la sévérité des traitements au sol sur la séquestration du C en forêt tourbeuse. Ils nous ont donné une idée de la magnitude des effets des perturbations et nous ont renseignés sur les éléments à considérer pour le volet modélisation. La simulation à long terme a montré que les perturbations peuvent avoir des effets contrastés selon les types de forêt considérés (i.e., forêt à dominance de mousses hypnacées vs forêt à dominance de sphaignes). Les perturbations sévères du sol (i.e., Feu sévère, préparation mécanique du terrain et brûlage dirigé suivie de plantation) qui ont favorisé la croissance des arbres, ont entrainé un stockage de C plus rapide dans les forêts à dominance des mousses hypnacées. Au contraire, les perturbations moins sévères comme les coupes avec protection de la régénération et des sols (CPRS) ont entrainé un stockage de C plus rapide dans les forêts à dominance de sphaignes dû au sol organique provenant des mousses. Un autre point essentiel est que la composante arbre est la clé de recouvrement rapide du bilan C indépendamment des types de forêts tandis que les mousses jouent un rôle important dans le maintien du puits de C à long terme. Ainsi, les perturbations sévères ont compensé plus rapidement l’importante perte occasionnée à court terme comparées aux perturbations peu sévères. Au niveau du paysage, les longs cycles de feu tout comme les aménagements de faible intensité tels que les coupes partielles, avec le vieillissement du paysage, accumulent beaucoup de C dans le sol organique tandis que les aménagements qui rajeunissement le paysage avec une proportion plus importante de pratiques sylvicoles plus sévères, présentent les plus faibles stocks. Cependant, ces stratégies rajeunissant le couvert forestier maintiennent l’accumulation de C dans la biomasse vivante des arbres, laquelle décline dans les aménagements favorisant le vieillissement du paysage. Notre étude montre qu'une bonne caractérisation du type de peuplement est essentielle pour mieux prédire les effets des perturbations sur la dynamique du C des écosystèmes. Elle suggère que dans les zones paludifiées, les pratiques de sylviculture intensive et de plantation peuvent offrir un compromis pour les peuplements encore productifs, tandis que dans les sites à très faible productivité, les stratégies de conservation devraient être envisagées. Elle pourrait orienter les décisions de gestion forestière en classant les pratiques en fonction de l'état et du type de forêt initiale et des stratégies d'atténuation du changement climatique.
- Maisa De Noronha (2025). Relationship between mixture of forest cover and productivity in young moss spruce sensitive to the paludification process. Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Relationship between mixture of forest cover and productivity in young moss spruce sensitive to the paludification process.
Les interactions entre les espèces d'arbres constituent des moteurs essentiels de la dynamique forestière, influençant de manière significative la productivité et la santé des écosystèmes forestiers. Cette étude examine les conséquences de ces interactions complexes dans des environnements spécifiques, en particulier aux phases initiales du développement forestier, où les peuplements subissent des interventions sylvicoles, et où des processus tels que la paludification limitent la capacité des forêts à atteindre tout leur potentiel de production de bois.
Trois objectifs principaux ont été établis. Tout d'abord, il s'agissait d'évaluer l'impact de la composition de l'humus, influencée par la décomposition de la litière de diverses espèces d'arbres, sur le développement des jeunes plants d'épinette noire. Ensuite, nous avons analysé l'effet de la proximité entre feuillus et conifères sur la composition du sous-bois dans des environnements vulnérables à la paludification. Enfin, nous avons évalué comment la diversité des essences feuillues et conifères affecte le rendement global des jeunes peuplements d'épinette noire après différents traitements sylvicoles.
Pour répondre à ces objectifs, plusieurs étapes de recherche ont été mises en oeuvre. Des expériences en serre ont d'abord été réalisées pour évaluer l'effet de différentes litières sur la croissance des semis d'épinette noire. Ensuite, des inventaires forestiers ont permis d'examiner l'impact de la proximité entre feuillus et conifères, selon différentes proportions, sur les changements des groupements fonctionnels du sous-bois dans les zones sensibles à la paludification. Enfin, une base de données de plus de 30 ans de suivi des traitements sylvicoles a été analysée pour explorer la relation entre la productivité forestière dans différents traitements sylvicoles et la diversité du couvert forestier.
Les résultats de cette recherche révèlent plusieurs conclusions significatives. Premièrement, les jeunes plants d’épinette noire se développent de manière plus vigoureuse dans des sols issus de pessières à mousse où sont présentes des essences feuillues, ou dans des zones dominées par ces dernières. Cela souligne l'importance des essences feuillues dans la formation d'un sol propice à la croissance des épinettes dans les premiers stades de développement de la forêt, notamment dans ces zones sensibles à la paludification. De plus, la proximité ou la présence d’espèces feuillues, indépendamment du peuplement environnant, apparaît comme un facteur déterminant qui limite les sphaignes de lumière, souvent rencontrées dans les vieilles forêts ou dans les zones paludifiées, tout en favorisant la croissance des herbacées. Par ailleurs, les traitements sylvicoles qui simplifient la composition du couvert forestier aux stades initiaux du développement forestier peuvent avoir des effets négatifs à long terme sur la productivité, en renforçant la tendance à la paludification. Cela souligne la nécessité de maintenir les essences feuillues lors des interventions sylvicoles dans les jeunes peuplements qui présentent des conditions mal drainées et sont sensibles à la paludification.
En conclusion, cette étude met en évidence l'importance d'une gestion forestière qui réoriente les ressources libérées par les traitements sylvicoles, fournies par les essences feuillues, vers les espèces commerciales souhaitées. Il est crucial d'éviter l'élimination des feuillus dans les zones à drainage mauvais et très mauvais au début de la formation de la forêt, car cela constitue une stratégie clé pour garantir la résilience et la productivité des forêts boréales à long terme, tout en ralentissant la paludification. Ces résultats remettent en question certaines pratiques sylvicoles qui privilégient uniquement les conifères dans le but de maximiser la production de bois, en particulier dans les jeunes forêts. Bien que les feuillus soient souvent perçus comme moins rentables, leur rôle dans la fertilité des sols, à court et à long terme, ainsi que dans la durabilité des forêts boréales, est indéniable.
- Fatima Ezzahra Khouya (2025). Acclimatation thermique de la photosynthèse et de la respiration de différentes sources génétiques de l'épinette blanche le long d'un gradient climatique. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Acclimatation thermique de la photosynthèse et de la respiration de différentes sources génétiques de l'épinette blanche le long d'un gradient climatique.
Les changements climatiques actuels et à venir posent un défi majeur pour la survie des essences forestières boréales, nécessitant l’élaboration de stratégies telles que la migration assistée pour maintenir la productivité et la résilience des écosystèmes. Il s’agit d’un déplacement intentionnel des essences forestières de leur zone de distribution actuelle vers des régions où le climat est prévu devenir plus favorable, dans le but de limiter les risques de baisse de productivité et de préserver la résilience des écosystèmes face au changement climatique.
L’objectif de cette étude était d’évaluer les réponses de photosynthèse et de respiration de l’épinette blanche (Picea glauca [Moench] Voss) vis-à-vis les conditions climatiques de son aire de répartition au Québec. Dix sources génétiques représentant une partie importante de l’aire de répartition de l’épinette blanche au Canada ont été sélectionnées. Les semis ont ont été exposés pendant l’ensemble de la saison de croissance à des conditions de température moyenne actuelle (basée sur les normales climatiques établies au cours des 30 dernières années) de la saison de croissance dans le sud du Québec (Ta), et aux conditions extrêmes observées dans les marges de distribution, soit les traitements extrêmes Sud (Ta+4°C) et Nord (Ta-3°C) de l’espèce. L’étude visait plus spécifiquement à comparer les réponses photosynthétique et respiratoire aux traitements thermiques appliqués, et à investiguer l'adaptation locale et lala plasticité phénotypique en fonction de l’origine des semences.
Les résultats ont révélé que la réponse de la température optimale de photosynthèse aux conditions de croissance variait selon l'origine des semis initialement choisis pour l’étude c’est-à-dire les populations. Cependant, la température optimale de photosynthèse se situait dans une plage relativement étroite de 23 ± 2 °C pour l'ensemble des traitements, suggérant une contrainte physiologique fondamentale chez l'espèce. Les taux de respiration ont montré une différenciation marquée entre les sources génétiques, avec des taux significativement plus élevés chez les populations du Nord comparativement à celles du Sud dans la plupart des conditions de croissance. Cette tendance s'est toutefois inversée aux températures les plus élevées, où la source du Sud a présenté des taux légèrement supérieurs.
L'étude a également mis en évidence une variation significative des réponses thermiques entre les populations du Nord et du Sud. La population du Nord a présenté des valeurs plus élevées du taux maximal de carboxylation (Vcmax) et de la vitesse maximale de transport d’électrons (Jmax) à des températures élevées dans des conditions de croissance à haute température, démontrant une capacité inattendue de plasticité adaptative aux conditions de réchauffement extrême. En revanche, la population du Sud a montré des valeurs plus élevées aux températures de mesures au-delà de 35°C de Vcmax et Jmax dans des conditions de croissance plus modérées (Ta) et plus fraîches (Ta-3°C). Ces résultats remettent en question l'hypothèse simple selon laquelle les populations méridionales seraient nécessairement mieux adaptées aux températures élevées, et suggèrent des mécanismes d'adaptation thermique plus complexes que prévu initialement.
L'énergie d’activation a été utilisée pour comparer les valeurs mesurées et prédites de Vcmax et Jmax. Les analyses ont montré que les modèles standards de prédiction, basés sur une énergie d'activation fixe, ne parvenaient pas à capturer adéquatement la réponse photosynthétique des différentes populations aux températures extrêmes. Ces écarts suggèrent que les populations d'épinette blanche possèdent des adaptations métaboliques spécifiques à leur origine qui modifient leur réponse enzymatique à la température, particulièrement aux limites de leur tolérance thermique.
Les résultats montrent une variation intraspécifique parmi les semis d’épinette blanche, ces variations doivent être intégrées dans les modèles de prédiction des réponses des écosystèmes forestiers face aux changements climatiques et dans l’élaboration de stratégies de migration assistée.
- Deanna Holt-Schmitt (2025). De l’effet lac aux bûches de bois : la distribution des bryophytes dans les forêts du Lac Supérieur. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
- Hiba Merzouki (2025). Utilisation d’amendements de sol pour restaurer la productivité de sites mal régénérés après coupe en forêt boréale mixte. Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
- Olaloudé Judicaël Franck Osse (2025). Modélisation des épidémies de la tordeuse des bourgeons de l’épinette en forêt boréale québécoise : développement et application de nouvelles approches statistiques. Doctorat sur mesure en modélisation écologique, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Modélisation des épidémies de la tordeuse des bourgeons de l’épinette en forêt boréale québécoise : développement et application de nouvelles approches statistiques.
Les insectes défoliateurs constituent l’une des principales sources de perturbation naturelle dans les écosystèmes forestiers boréaux. Parmi eux, la tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE) est responsable de cycles épidémiques récurrents qui provoquent des défoliations massives en Amérique du Nord. En plus de ses impacts écologiques sur la structure et la composition des peuplements, la TBE engendre d’importantes pertes économiques dans le secteur forestier. Dans un contexte de changement climatique, la dynamique de cette espèce et la vulnérabilité des forêts qu’elle affecte pourraient évoluer de manière significative, sous l’effet combiné de facteurs climatiques directs et de processus écologiques non linéaires encore mal compris. À ce jour, les interactions entre climat, structure du couvert forestier et intensité des épisodes de défoliation demeurent peu explorées dans une perspective temporelle intégrée. Il devient donc impératif de développer des outils statistiques adaptés afin de mieux caractériser et anticiper les réponses écosystémiques aux perturbations biotiques futures.
Cette thèse s’articule autour de trois chapitres complémentaires qui visent à mieux comprendre, modéliser et anticiper les dynamiques de défoliation causées par la TBE dans les forêts boréales du Québec. En mobilisant des approches statistiques novatrices, fondées sur la nature ordinale des données, la dépendance temporelle des épidémies et l’hétérogénéité spatiale des conditions écologiques, ce travail propose une lecture intégrée des processus qui structurent les régimes de perturbation à l'échelles de l'unité paysagère.
Le premier chapitre introduit le modèle autorégressif à catégories adjacentes (ACAR), spécifiquement adapté aux séries temporelles de données ordinales. Appliqué à des séries dendrochronologiques couvrant plus d’un demi-siècle, ce modèle a permis d’identifier des seuils climatiques critiques et des dynamiques régionales différenciées, mettant en lumière l’influence du climat saisonnier sur l’intensité et la persistance des épisodes de défoliation.
Le deuxième chapitre élargit l’analyse en intégrant la dimension spatiale à l’échelle des unités de paysage régional (UPR). Grâce à une classification fonctionnelle basée sur les effets climatiques estimés, ce volet révèle des regroupements de territoires partageant des profils similaires de sensibilité épidémique, offrant ainsi une base opérationnelle pour la gestion différenciée du risque à l’échelle du Québec boréal.
Enfin, le troisième chapitre explore les trajectoires futures de la défoliation sous trois scénarios climatiques RCP (Representative Concentration Pathways). En isolant les effets marginaux du climat futur, il met en évidence des gradients de vulnérabilité différenciés selon les UPR. Ces résultats confirment que les effets du changement climatique sur les perturbations biotiques ne seront ni uniformes ni linéaires, et soulignent la nécessité d’une planification territoriale adaptative
En somme, cette thèse propose un cadre méthodologique rigoureux et extensible pour l’étude des perturbations écologiques, et fournit des outils d’aide à la décision pour anticiper les effets du climat sur les forêts boréales. Elle contribue ainsi à une meilleure compréhension des risques épidémiques à long terme et à l’élaboration de stratégies de gestion forestière plus résilientes face aux changements globaux.
- Rafiatou Pentane Njipeka (2025). Analyse comparative de l'efficacité des substrats de croissance en serre : impacts sur la croissance des plantes et les propriétés du sol Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Analyse comparative de l'efficacité des substrats de croissance en serre : impacts sur la croissance des plantes et les propriétés du sol
La présence d'affleurements rocheux (AR) à Rouyn-Noranda est en partie le résultat des activités polluantes de la fonderie Horne. Cette détérioration écologique nécessite la remise en état des zones dégradées. Vu l’absence de sol sur les AR et les conditions difficiles (sécheresse, acidité, et pauvreté en nutriments) qu’ils offrent pour la croissance des plantes, il est nécessaire de constituer un nouveau sol afin d’assurer l’établissement à long terme des végétaux sur ces structures. La création de technosols à base d'intrants écologiques se présente comme une solution durable pour la remise en état des zones dégradées en comparaison au prélèvement de sol dans un milieu naturel. L'objectif de cette étude était de tester l'efficacité de différents types de substrats (sable avec ou sans biochar et/ou copeaux de bois) en serre sur les taux de germination, de recouvrement et de mortalité d’espèces végétales (mélange B – mélange de graminées et légumineuse, bouleau blanc et aulne crispé), ainsi que sur leur biomasse aérienne et souterraine et sur les ratios racines/tiges. On s'attendait à ce que l'ajout d’amendements (biochar et/ou copeaux de bois) au sable améliore la capacité de rétention d'eau et la concentration en nutriments. On s'attendait également à ce que les taux de germination et de recouvrement d’espèces soient plus élevés, et les taux de mortalité plus faibles, sur les substrats contenant à la fois du biochar et des copeaux de bois. Enfin, on s'attendait à ce que le mélange B ait des rapports racines/tiges, des taux de germination et de recouvrement plus élevés que l'aulne crispé et le bouleau blanc. Un dispositif expérimental en serre a été mis en place, utilisant six types de substrat différents. Trois espèces végétales (mélange B, aulne crispé et bouleau blanc) ont été semées. Des échantillons de substrat ont été prélevés pour analyse chimique et la croissance des plantes a été suivie pendant 112 jours. La capacité de rétention d'eau des substrats a également été déterminée. Les substrats combinant le biochar et les copeaux de bois ont montré les taux de germination et de recouvrement les plus élevés. Le taux de germination moyen pour ces substrats était de 14 %, contre 2 % pour les autres substrats. Le taux de recouvrement moyen était de 8 % pour les substrats combinant biochar et copeaux de bois, contre 1,3 % pour les autres substrats. Les taux de mortalité étaient les plus élevés sur le substrat témoin (sable, 88 %). Ils étaient trois fois moins élevés sur les substrats contenant des copeaux de bois et sur les substrats contenant la combinaison de copeaux de bois et de biochar. Les résultats de cette étude fourniront des recommandations pratiques pour la végétalisation des affleurements rocheux. Cette approche pourrait être étendue à la restauration d'autres sites miniers dégradés.
- Mialintsoa Aroniaina Randriamananjara (2025). Impact de l’établissement des plantations à croissance rapide utilisant des peupliers hybrides (Populus spp.) sur la biodiversité de la végétation de sous-bois Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Impact de l’établissement des plantations à croissance rapide utilisant des peupliers hybrides (Populus spp.) sur la biodiversité de la végétation de sous-bois
Les plantations à croissance rapide jouent un rôle important dans la production de bois. Au Québec, les plantations de peupliers hybrides représentent une source potentielle de bois en raison de leur rendement élevé. Toutefois, les plantations sont souvent établies en monocultures et sont perçues comme un type d’aménagement altérant la biodiversité de la végétation de sous-bois. Par conséquent, la diversification des peuplements est préconisée en privilégiant les plantations mixtes par rapport aux monocultures. Cependant, l’effet bénéfique des plantations mixtes sur la biodiversité de la végétation de sous-bois peut varier en fonction des écosystèmes, de la composition de la canopée et des groupes taxonomiques de sous-bois. Les études sur l’effet du mélange d’espèces d’arbres sur la biodiversité de la végétation de sous-bois étaient majoritairement sur le mélange conifère-feuillu. Ainsi, il n’est pas clair si les plantations polyclonales (deux à plusieurs clones) augmentent la biodiversité du sous-bois par rapport aux plantations monoclonales (un seul clone), bien que le mélange de clones d’une même espèce, comme les peupliers hybrides, puisse créer une plus grande hétérogénéité de l’habitat en raison des différences de traits fonctionnels entre clones. En outre, nous ne savons pas si la biodiversité de la végétation de sous-bois est similaire dans les plantations et les forêts qui ont un type de canopée similaire. Il n’est également pas clair si l’origine (exotique vs indigène) des espèces plantées influence la naturalité des plantations par rapport aux forêts.
Cette thèse avait comme objectif de déterminer l’impact de la composition et de la complexité de la canopée des plantations sur la biodiversité taxonomique et fonctionnelle de la végétation de sous-bois. Elle visait à évaluer si les plantations mixtes/plantations polyclonales favorisent la biodiversité de la végétation de sous-bois par rapport aux monocultures/plantations monoclonales. Elle évalue également la similarité entre la biodiversité de la végétation de sous-bois des plantations et celle des forêts de référence, en tenant compte de l’origine des espèces (exotiques vs indigènes) dans les plantations. Nous avons échantillonné des plantations utilisant des peupliers hybrides et des forêts de référence situées dans les régions d’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec. Nous avons inventorié la végétation de sous-bois incluant les plantes vasculaires, les bryophytes et les lichens sur le sol, la base et le tronc des arbres dans chaque type de peuplement. Les bryophytes et les lichens ont été récoltés pour identification au laboratoire. Afin d’évaluer l’effet des clones sur les traits fonctionnels de la végétation de sous-bois, nous avons mesuré les traits fonctionnels d’espèces de sous-bois dans les plantations monoclonales et polyclonales établies le long d’un gradient latitudinal.
Nos résultats montrent que la richesse en espèces vasculaires et en lichens était similaire entre les monocultures et les plantations mixtes, tandis que la présence de l’épinette dans les plantations mixtes a favorisé l’établissement des bryophytes au sol. Notre étude justifie l’ajout de l’épinette dans les plantations de peupliers hybrides afin d’accroître la diversité de la végétation de sous-bois lors de la planification de reboisements et de plantations. Elle montre également que la présence des peupliers hybrides dans les plantations mixtes pourrait fournir des habitats temporaires pour les lichens et donc contribuer en partie à l’augmentation de la biodiversité.
En ce qui a trait à la biodiversité de la végétation de sous-bois dans les plantations polyclonales et monoclonales le long d’un gradient latitudinal, les plantations polyclonales favorisaient une plus grande diversité fonctionnelle des plantes, en particulier dans les environnements plus rudes. Les traits fonctionnels des plantes variaient également le long du gradient latitudinal, les plantes des latitudes élevées présentant des traits conservateurs, tandis que celles des basses latitudes présentaient des traits acquisitifs. Les résultats montrent une composition végétale influencée par l’historique d’utilisation des terres, avec davantage d’espèces herbacées sur les anciennes terres agricoles et de végétation forestière sur les anciens sites forestiers. Cette étude recommande l’usage de plantations polyclonales pour améliorer la diversité fonctionnelle, en soulignant l’importance de la diversité clonale et de la dissimilarité des clones pour promouvoir la biodiversité de la végétation de sous-bois.
Comparativement aux forêts de référence, les plantations feuillues et mixtes présentaient une diversité similaire en végétation de sous-bois montrant que les plantations ne sont pas nécessairement des déserts biologiques. La présence d’épinette indigène (épinette blanche) et de peupliers exotiques dans les plantations mixtes a favorisé la diversité des bryophytes et des plantes vasculaires. Les plantations étaient composées d’espèces herbacées rudérales, tandis que les forêts de référence étaient composées d’espèces arbustives et forestières. Les lichens se trouvaient exclusivement dans les plantations. Nos résultats soulignent l’importance de considérer l’origine des espèces dans le cadre d’une planification de plantation et montrent que les plantations mixtes, d’épinette blanche et de peuplier exotique, peuvent représenter une option prometteuse pour améliorer la biodiversité dans les stratégies de reboisement.
- Daniela Robles (2025). Disentangling climate and human influences on fire regimes and forest composition dynamics in the temperate and boreal zones of the northern hemisphere. Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Disentangling climate and human influences on fire regimes and forest composition dynamics in the temperate and boreal zones of the northern hemisphere.
Les perturbations sont des agents importants dans les écosystèmes forestiers. Elles façonnent la composition et maintiennent la biodiversité. Les incendies de forêt sont l'une des perturbations naturelles les plus importantes dans les forêts boréales et hémiboréales, le climat ayant été leur principal moteur tout au long de l'Holocène. L'influence croissante de l'homme a modifié les régimes de perturbation et la composition de la végétation dans ces forêts au cours des derniers siècles. Cette thèse a permis de distinguer les contributions relatives de la variabilité climatique et des activités humaines aux changements historiques des régimes d'incendie et de la végétation dans deux sections de la zone boréale.
Dans l'est de l'Amérique du Nord, j'ai réalisé une synthèse de données sur l'historique des incendies dans les forêts de pins rouges (Pinus resinosa Ait.) et j'ai modélisé la dynamique de la végétation sous l'influence du climat, des incendies et de la récolte forestière. Dans cette région, où les changements historiques du régime des incendies ont été principalement attribués aux activités humaines, j'ai pu isoler le signal climatique expliquant l'historique des incendies pour la période 1700-1900. J'ai étudié la relation entre les années de forte activité du feu (HFAY) et la variabilité des indices climatiques à grande échelle. Les résultats ont montré que les années de forte activité du feu étaient associées aux états positifs de la configuration de l'Atlantique Pacifique Nord et de l'oscillation australe El Niño, qui à leur tour étaient liés à des conditions climatiques propices aux incendies (anomalies positives de la pression et de la température de la troposphère moyenne) dans la région. J'ai également examiné les effets individuels du changement climatique, des modifications du régime des incendies et de l'exploitation du bois en tant que facteurs d'évolution de la végétation forestière régionale entre 1830 et 2020. J'ai simulé la composition de la forêt et les perturbations dans le cadre de différents scénarios et j'ai déterminé que l'exploitation du bois avait le plus grand impact sur les changements dans la composition de la végétation, et que lorsque l'on contrôle l'exploitation du bois, l'écosystème était capable de maintenir sa résilience et sa composition forestière d'avant la colonisation.
En Suède, j'ai élaboré la première synthèse nationale de l'histoire des incendies afin de distinguer les effets de la variabilité climatique et de l'utilisation humaine des forêts sur la fréquence des incendies depuis la fin des années 1550. J'ai analysé les patrons spatio-temporels de la suppression des incendies et les effets individuels de la densité de la population humaine et des précipitations estivales sur l'activité des incendies. J'ai constaté que le sud de la Suède avait connu une extinction des incendies plus précoce que le nord, et que la densité de population et les précipitations estivales avaient toutes deux une influence significative sur l'activité des incendies. Dans l'ensemble, mon étude a démontré que même si les activités humaines sont devenues les principaux moteurs de l'activité des incendies au cours des derniers siècles dans les forêts de l'est de l'Amérique du Nord et de la Suède, le signal climatique est resté un moteur important de l'activité des incendies. Toutefois, ce sont les pratiques humaines, en particulier l'exploitation du bois, qui ont le plus contribué à modifier la composition de la végétation dans les forêts de l'est de l'Amérique du Nord.
- Nina Ryzhkova (2025). Histoire des feux dans les forêts circumboréales :Interaction entre l'activité humaine et la variabilité climatique dans la formation des régimes de feu boréaux Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Histoire des feux dans les forêts circumboréales :Interaction entre l'activité humaine et la variabilité climatique dans la formation des régimes de feu boréaux
Les incendies de forêt constituent l’un des principaux agents de perturbation naturelle dans les forêts circumboréales. Tout au long de l’Holocène, le climat a représenté le moteur principal de l’activité des feux. Toutefois, au cours des derniers siècles, l’influence humaine a progressivement modifié les régimes d’incendie dans les régions boréales. Les méthodes dendroécologiques sont largement employées pour étudier les relations entre le feu, le climat et l’utilisation humaine des terres à différentes échelles spatiales et temporelles. Malgré de nombreuses reconstitutions détaillées, les dynamiques de feu à long terme demeurent mal comprises dans plusieurs zones de la ceinture circumboréale. Cette thèse examine la contribution de la variabilité climatique et des activités humaines aux régimes de feu historiques dans les forêts boréales de l’hémisphère Nord.
L’étude porte sur trois régions : la route 3 dans les Territoires du Nord-Ouest (TNO) au Canada, la réserve de biosphère de Pechora-Ilych (RBN Pechora-Ilych) et le parc national de Kalevalsky (PN Kalevalsky) en Russie. À partir de bois porteur de cicatrices de feu provenant de pin gris (Pinus banksiana Lamb.) et de pin sylvestre (Pinus sylvestris L.), les changements dans l’activité des feux ont été évalués dans le temps, tout comme les rôles relatifs du climat et de l’usage des terres par l’humain. L’ensemble de données comprend plus de 500 échantillons de pin sylvestre issus de sites xériques et mésiques, ainsi que plus de 1 000 échantillons de pin gris prélevés sur des affleurements rocheux. Au total, 475 années uniques de feu ont été identifiées à partir de 870 arbres porteurs de cicatrices, répartis sur 126 sites.
Si le climat demeure la force dominante dans la structuration des régimes d’incendie, les activités humaines ont significativement modifié les cycles de feu dans certaines régions au cours des deux derniers siècles. Dans les forêts boréales de l’Est européen, la suppression des incendies a vraisemblablement entraîné une diminution de la fréquence des feux et un allongement des intervalles entre ceux-ci. En revanche, dans le nord-ouest canadien, caractérisé par des paysages vastes et peu accessibles, l’intervention humaine est restée limitée, et le climat continue de régir l’activité des feux. Dans ces systèmes boréaux, la survenue des incendies est influencée à la fois par des configurations climatiques à grande échelle, telles que l’Oscillation Décennale du Pacifique (ODP), et par des systèmes régionaux de circulation atmosphérique, comme les blocages scandinaves, qui favorisent les sécheresses printanières au Canada et les épisodes climatiques extrêmes durant l’été en Europe orientale.
- Juliette Taupin (2025). Âge d’établissement et effet des incendies sur la composition des peuplements de pin blanc et de pin rouge au Parc National de la Mauricie, Québec, Canada. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Âge d’établissement et effet des incendies sur la composition des peuplements de pin blanc et de pin rouge au Parc National de la Mauricie, Québec, Canada.
Pour mieux comprendre les conditions d’établissement des pins blancs (Pinus strobus L.) et rouges (Pinus resinosa Aiton) en forêt tempérée nordique, cette étude vise à reconstituer la dynamique récente des feux et des peuplements dans le parc national de la Mauricie (PNLM), en s’appuyant sur neuf sites localisés autour de cinq lacs. L’objectif principal est d’évaluer l’âge d’établissement des peuplements de pin ainsi que les dates des événements de feu survenus au cours des deux derniers siècles.
La composition et la structure d’âge actuelles des peuplements ont été comparées aux résultats de l’analyse des charbons de bois enfouis dans les sols. Ces charbons ont permis de documenter la composition forestière antérieure aux incendies, et de la mettre en relation avec la végétation actuelle. En combinant des approches dendrochronologiques et pédoanthracologiques, l’étude a cherché à croiser les indices disponibles pour reconstituer la dynamique des feux et évaluer la cohérence entre les différentes méthodes.
L’analyse des archives du parc a révélé un allongement des intervalles de retour de feu depuis le début du XXe siècle, avec des périodes sans incendie dépassant parfois un siècle. La composition actuelle des peuplements montre que, bien que la régénération du pin blanc soit localement présente, elle reste limitée, notamment en raison de l’absence de gaules dans plusieurs sites. Le pin rouge, quant à lui, est quasiment absent dans tous les peuplements, tant au stade juvénile que mature. Ces résultats confirment l’effet de l’exclusion prolongée du feu sur la dynamique forestière. Dans le contexte actuel de changements climatiques et de suppression des incendies, un régime de perturbation plus favorable à la régénération des pins pourrait être nécessaire pour maintenir ces écosystèmes.
- Tasnim Anjum Mou (2024). Dynamique saisonnière des proliférations d'algues nuisibles dans les lacs boréaux de l'Abitibi-Témiscamingue. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Dynamique saisonnière des proliférations d'algues nuisibles dans les lacs boréaux de l'Abitibi-Témiscamingue.
Les cyanobactéries sont les plus anciens photoautotrophes de la Terre et sont responsables du niveau d'oxygène dont nous disposons actuellement. Cependant, lorsqu'elles prolifèrent et forment une efflorescence, elles provoquent une dégradation écologique et peuvent parfois produire des toxines qui mettent la vie aquatique et terrestre en danger. Ce phénomène est appelé "efflorescences d’algales nuisibles" et est généralement lié à un excès de nutriments dans l'environnement et à des températures élevées de l'eau. Des observations récentes de la présence d'algues nuisibles sous la couche de glace en hiver dans les lacs boréaux contredisent le fait que des températures plus élevées influencent toujours positivement la croissance des algues. La dynamique hivernale des cyanobactéries reste encore mal comprise, même si elle affecte la formation des efflorescences plus tard dans l’année en eau libre. Cette étude vise à mieux comprendre la dynamique saisonnière des proliférations d'algues nuisibles, y compris en hiver, dans les lacs boréaux en identifiant les facteurs moteurs potentiels responsables du développement des cyanobactéries. Notre design expérimental était composé de deux lacs boréaux de l'Abitibi-Témiscamingue (Québec, Canada): le lac Fortune qui présente une croissance inhabituelle de cyanobactéries sous la glace et le lac Beauchamp qui a connu des proliférations récurrentes de cyanobactéries en été seulement. Nous avons identifié la composition de la communauté cyanobactérienne à chaque mois, de juin 2021 à juillet 2022. Les communautés de cyanobactéries étaient dominées par le genre Planktothrix dans le lac Fortune dont les concentrations les plus élevées (210 milles cellules/mL) étaient au mois de novembre et les plus basses (28 milles cellules/mL) au mois de mars. Dans le lac Beauchamp, Aphanothece a été trouvé tout au long de l'année et était le plus abondant (27.8 milles cellules/mL) en août et le moins abondant (2,1 milles cellules/mL) en mars. Dans l'ensemble, nous avons constaté que la formation et le développement des fleurs d'eau de cyanobactéries étaient en corrélation avec la concentration d'azote et de carbone organique dissous pendant l'été et l'automne dans le lac Beauchamp et avec la disponibilité du phosphore, de l'azote dissous et du carbone organique dissous dans le lac Fortune tout au long de l'année. Le phosphore et le carbone organique dissous ont influencé de façon significative la formation de fleurs d'eau de cyanobactéries du genre Planktothrix dans le lac Fortune tout au long de l'année, y compris pendant les mois d'hiver sous la glace. Cette étude a étudié la dynamique saisonnière de proliférations d'algues nuisibles et les facteurs qui l’influencent. Elle émet des suggestions pour utiliser ces nouvelles connaissances dans une gestion des facteurs environnementaux qui peuvent contrôler l'occurrence des proliférations d'algues nuisibles.
Cyanobacteria, the oldest photosynthetic organisms on Earth, play a crucial role in producing the oxygen we breathe. However, when they grow excessively and form blooms, they can harm ecosystems and produce toxins that pose environmental risks. These blooms, known as harmful algal blooms (HABs), are typically associated with excess nutrients in the environment and high-water temperatures. Recent observations have challenged the notion algal growth require elevated temperature, as., HABs have been observed under ice covered of boreal lakes. Despite the influence of winter on bloom formation, our understanding of the winter dynamics of cyanobacterial community composition, nutrient and organic carbon concentrations, and environmental and climatic variables monthly from June 2021 to July 2022. In Lake Fortune, the dominant cyanobacteria study aimed to improve our understanding of the seasonal dynamics of HABs in boreal lakes, including lakes in during the winter. It focuses on two Abitibi-Témiscamingue, Quebec, Canada: Lake Fortune, which exhibits unusual cyanobacterial growth under the ice, and Lake Beauchamp, known for recurrent summer-only cyanobacterial blooms. We monitored cyanobacterial genus was Planktothrix, with its highest cell density in November (210 000 cells/mL) and its lowest density in March (28 000 cells/mL). In Lake Beauchamp, the dominant genus was Aphanothece, with the highest cell density observed in August (27 800 cells/mL) and the lowest in March (2 100 cells/mL). The study found that cyanobacterial bloom formation and development in Lake Beauchamp were strongly correlated with nitrogen and dissolved organic carbon concentrations during summer and fall. In Lake Fortune, nutrient availability—dissolved nitrogen and remains limited. This phosphorus concentrations—played a significant role throughout the year, even under ice cover. Specifically, phosphorus and dissolved organic carbon influenced the formation of cyanobacterial blooms, dominated by Planktothrix. Lake Fortune had a lower threshold for total phosphorus, allowing Planktothrix to dominate year-round, even under the ice. This study investigated the seasonal dynamics of HABs and the factors that influence them. It makes suggestions for using this new knowledge for mitigating the occurrence of HABs.
- Dominique Barrette (2024). Étude des facteurs microclimatiques et édaphiques liés à la présence d’herbacées agronomiques qui affectent la colonisation naturelle et le développement juvénile des arbres sur les parcs à résidus miniers épaissis Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Étude des facteurs microclimatiques et édaphiques liés à la présence d’herbacées agronomiques qui affectent la colonisation naturelle et le développement juvénile des arbres sur les parcs à résidus miniers épaissis
propriétés physico-chimiques uniques. Au Canada, la plupart des résidus miniers sont produits dans la région bioclimatique de la forêt boréale et leur végétalisation est donc primordiale pour réduire la fragmentation du territoire et l’empreinte écologique des activités minières. L’ensemencement des parcs à résidus miniers avec un mélange de graines de plantes herbacées agronomiques (légumineuses et graminées) est une pratique courante en première phase de la revégétalisation de ces résidus. Toutefois, peu d’études ont tenté de déterminer si cette pratique a un effet positif sur la succession végétale menant à un écosystème forestier, ou de quelle façon le choix des espèces semées influence l’établissement éventuel d’arbres boréaux.
En 2013, une aire expérimentale in situ de résidus miniers d’un hectare a été aménagée sur un site minier aurifère à Malartic (QC, Canada). Cette aire a été subdivisée en trois blocs de cinq placettes. Chaque placette a été ensemencée aléatoirement avec un des cinq traitements suivants : graminées agronomiques, légumineuses agronomiques, un mélange des deux, une mince couche de topsoil, ou un témoin (résidus seuls). En 2015, 30 semis de trois essences d’arbres boréaux pionniers; pin gris (Pinus banksiana), mélèze (Larix laricina), bouleau à papier (Betula papyrifera) et d’un cultivar de saule (Salix miyabeana) ont été plantés dans une aire représentant 1/3 de chaque placette. Des quadrats ont été délimités dans le reste de l’aire des placettes, une partie de ceux-ci pour évaluer la communauté de plantes vasculaires produite par colonisation spontanée, une autre partie pour déterminer le taux d’établissement de quatre essence (P. banksiana, L. laricina, B., papyrifera et Salix discolor) manuellement semées. Tous les résultats présentés sont basés sur des mesures prises l’année suivante (2016).
La première partie de la recherche portait sur les propriétés physico-chimiques du sol ainsi que la hauteur, la biomasse racinaire et la nutrition foliaire des semis plantés. Le traitement de topsoil a produit une teneur en matière organique et un point de flétrissement plus élevés, ainsi qu’une masse volumique apparente plus faible que les autres traitements, cependant les propriétés du sol des traitements herbacés n’étaient pas significativement différentes de celles du témoin. Toutes espèces confondues, la mortalité des semis plantés était plus faible pour les graminées (20 %) que pour les légumineuses (37 %) ou le mélange (28 %), à comparer avec 6 % pour le topsoil et 84 % pour le témoin. La biomasse racinaire, la croissance en hauteur et la teneur en N foliaire du saule étaient plus élevées dans les légumineuses que dans les autres traitements, incluant le topsoil.
La deuxième étape de la recherche visait à comparer la diversité des plantes spontanées entre les traitements. La richesse spécifique était plus élevée pour le topsoil que pour les traitements d’herbacées (moyenne de 17 espèces par placette contre 6), sans différence significative entre ces derniers. La diversité de Shannon était supérieure dans le topsoil comparé aux légumineuses. Une analyse multivariée a montré que 60 % de la variation entre communautés (distance de Bray-Curtis) était expliquée par les traitements; notamment, les arbres pionniers de la famille des salicacées étaient plus abondants dans le traitement de légumineuses, mais demeuraient rares en général.
La troisième étape de la recherche consistait à évaluer les effets du microclimat (température et humidité du sol, transmission de la lumière) produit par les traitements sur la germination de semences des quatre essences forestières. Au niveau du microclimat, la seule différence significative observée était une teneur volumétrique en eau du sol plus grande pour le topsoil (près de 40 % à 5 cm de profondeur, vs. 30 % ou moins pour les autres traitements). Néanmoins, la germination et l'établissement du pin gris et du mélèze étaient significativement plus élevés dans le traitement des graminées que dans les autres traitements. Les semis de bouleau à papier étaient quant à eux absents de tous les traitements.
Malgré le peu d’années écoulées depuis l’ensemencement des herbacées agronomiques, cette étude a démonté des apports complémentaires des graminées (survie des semis) et des légumineuses (azote foliaire, croissance et établissement des salicacées) qui dépassaient dans plusieurs cas les apports du traitement témoin positif (topsoil). Ces résultats justifient l’ensemencement d’un mélange de graminées et de légumineuses, avec une proportion au moins égale de légumineuses. De plus, l’association positive entre les légumineuses et les arbres pionniers de la famille des salicacées, démontrée par une plus grande croissance des semis de saule plantés ainsi qu’un nombre plus grand d’arbres volontaires des genres Salix et Populus, permet de recommander la plantation de ces essences à croissance rapide sur des résidus miniers préalablement ensemencées de légumineuses agronomiques.
- Manon Boche (2024). Traits anatomiques et fonctionnels des vieux cèdres du lac Duparquet : lien entre longévité, environnement et fonctionnement hydraulique. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Traits anatomiques et fonctionnels des vieux cèdres du lac Duparquet : lien entre longévité, environnement et fonctionnement hydraulique.
Les environnements arides posent des défis uniques à la croissance des arbres en raison de leurs conditions extrêmes. Ces contraintes environnementales semblent jouer un rôle déterminant dans la longévité des arbres. Notre étude a exploré l'impact des traits anatomiques et des facteurs environnementaux sur la longévité du Thuja occidentalis L., en mettant l'accent sur les substrats xériques. Conformément à de nombreuses recherches, nous avons constaté que les arbres dans ces milieux adoptent des stratégies de croissance conservatrices, privilégiant des traits tels qu’une réduction de la conductivité hydraulique du xylème. Ces adaptations, bien qu'associées à une croissance plus lente, favorisent une longévité accrue. Nos résultats révèlent que, dès leurs premières années, les arbres soumis à des conditions sèches développent des traits de survie caractéristiques. Cela suggère une interaction complexe entre l'âge et les propriétés du substrat, qui façonne l'établissement d'adaptations clés pour la survie à long terme des arbres.
Cette recherche met également en lumière l'évolution de ces acclimatations avec l'âge. Peu d'études ont examiné les changements ontogéniques liés à différents types de substrat de croissance, et la nôtre est l'une des premières à établir ce lien. Nous avons observé que les arbres en milieu xérique développent des caractéristiques de résistance de manière plus marquée au fur et à mesure de leur croissance. Ces résultats soulignent l'importance de considérer à la fois l'environnement et l'âge des arbres pour comprendre leurs réponses aux stress, en particulier face aux changements climatiques. En conclusion, notre étude révèle que bien que les arbres anciens, comme le cèdre blanc, montrent une résilience considérable aux conditions de sécheresse, leur régulation physiologique pourrait les rendre vulnérables à la carence en carbone si les sécheresses deviennent plus prolongées, ce qui constitue une préoccupation majeure dans le contexte des changements climatiques. En effet, nous pourrions perdre ces arbres patriarches qui ont survécu à travers plusieurs siècles.
- Nicolas Boucher (2024). Conservation des guêpes parasitoïdes en sapinières vierges et impacts des coupes forestières sur leurs populations. Mémoire de maîtrise en biologie, Université du Québec à Montréal.
Conservation des guêpes parasitoïdes en sapinières vierges et impacts des coupes forestières sur leurs populations.
Il est proposé que l’hétérogénéité des forêts augmente leur biodiversité, ce qui favorise leur résistance aux ravageurs en bénéficiant leur communauté d'ennemis naturels. Dans ce mémoire, j’analyse l’impact des coupes forestières sur les parasitoïdes de lépidoptères et de diptères saproxyliques en comparant leur assemblage avec celui d’une forêt vierge, naturellement perturbée par la tordeuse des bourgeons de l’épinette. Je propose que l’homogénéisation végétale et la réduction du volume de débris ligneux causées par les coupes nuisent aux communautés de parasitoïdes étant associées à ces ressources. Après 35 ans de régénération post-perturbation, des pièges Malaises ont été placés pour caractériser les communautés d’Ichneumonidae. Les populations de parasitoïdes de lépidoptères se rétablissent de manière similaire entre les peuplements vierges naturellement perturbés et ceux aménagés. Par contre, les communautés de parasitoïdes saproxyliques diffèrent et montrent une composition distincte en forêt vierge. La diversité et l’accessibilité de la matière ligneuse en décomposition seraient en cause.
- Manon Carboni (2024). Dynamique de la végétation de sous-bois en forêt boréale mixte, à l'Ouest du Québec Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Dynamique de la végétation de sous-bois en forêt boréale mixte, à l'Ouest du Québec
Les plantes vasculaires et les bryophytes de sous-bois représentent une partie importante de la diversité végétale en forêt boréale mixte au Canada. Leur dynamique est influencée par des facteurs tels que les perturbations naturelles, la succession des espèces composant la canopée forestière (chronoséquence) et les variations environnementales à petite échelle. Mais cette végétation joue également un rôle important dans le cycle de l’eau et le cycle des nutriments et participe indirectement à influencer la succession des peuplements forestiers. L'objectif général de cette étude est de comprendre comment la végétation de sous-bois et la diversité des bryophytes évoluent à la suite de perturbations naturelles successives (feux et épidémies d’insectes). Dans une chronoséquence forestière établie sur 260 ans à la forêt d’enseignement et de recherche du Lac Duparquet au nord-ouest du Québec, un suivi de la végétation de sous-bois a été mené sur 30 années et complété par un inventaire des bryophytes dans les microhabitats et les milieux terricoles. Les principaux résultats soulignent l'impact des changements dans l'ouverture de la canopée résultant de la succession naturelle post-feu et des épidémies d'insectes sur la dynamique des plantes vasculaires du sous-bois en forêt boréale mixte. Toutefois, l'étude révèle des résultats irréguliers par rapport aux attentes habituelles, notamment en ce qui concerne la richesse spécifique moyenne et la composition des communautés végétales. Ces variations sont principalement associées aux épidémies d'insectes qui ont créé des ouvertures dans la canopée, entraînant une augmentation des ressources lumineuses et nutritives dans le sous-bois, favorisant ainsi, dans certains cas, la diversité de la végétation de sous-bois. La diversité des bryophytes davantage influencées par la diversité de microhabitats disponibles tels que le bois mort que par les environnements terricoles. Ces microhabitats sont principalement influencés par l’apport de bois mort lié à la succession naturelle post-feu, et aux épidémies d’insecte. Plus sensible que le couvert arboré, la végétation de sous-bois est donc un très bon indicateur de la sévérité des perturbations secondaires telles que les épidémies d'insectes dans les peuplements forestiers. Cette étude appuie donc l’importance de continuer à étudier les relations complexes qui lient la végétation de sous-bois et les bryophytes à la couverture arborée et à l’historique des perturbations naturelles, pour informer les prises de décisions dans la gestion durable et écosystémique des peuplements forestiers.
- Jonathan Cazabonne (2024). Influence du type de sol et de la zonation verticale sur les communautés fongiques dans les pinèdes grises naturelles des écosystèmes d’eskers Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Influence du type de sol et de la zonation verticale sur les communautés fongiques dans les pinèdes grises naturelles des écosystèmes d’eskers
Les surfaces occupées par les forêts naturelles de pin gris dans l’est du Canada sont en déclin dans les écosystèmes d’eskers, en raison de l’aménagement forestier actuel, soulevant des enjeux majeurs de conservation de la diversité fongique des sols. Cependant, nos connaissances sur la fonge des sols forestiers d’eskers, en particulier leur distribution selon les horizons du sol, restent limitées et se concentrent sur les macro-champignons, notamment les comestibles. De plus, il n’est pas encore établi si ces forêts abritent des communautés fongiques du sol différentes par rapport à des forêts similaires sur d’autres types de sols, ce qui justifierait un statut de protection plus élevé. L’objectif principal de notre étude était de déterminer si les forêts naturelles de pin gris dans les écosystèmes d’esker abritent des communautés fongiques du sol singulières. Grâce au metabarcoding de l’ADN environnemental, nous avons caractérisé les communautés fongiques présentes dans différents horizons du sol (litière, organique et minéral) au sein de douze forêts naturelles de pin gris sur eskers, et évalué leurs liens avec les propriétés chimiques des horizons. Nous avons ensuite comparé ces communautés fongiques et propriétés chimiques avec celles présentes dans six forêts naturelles de pin gris établies sur la plaine argileuse, afin d’évaluer les singularités fongiques entre les deux types de sol. Les pinèdes grise naturelles sur esker se distinguent des autres peuplements boréaux par leur substrat sableux, qui est plus acide et pauvre en nutriments. Ainsi, elles devraient être dominées en abondance par les ectomycorhiziens et favoriser l’abondance de groupes fongiques tolérants aux stress environnementaux. Cependant, nous nous attendions à observer plus de différences de communautés fongiques et de chimie entre les horizons qu’entre les types de sols, et que les différences entre les types de sols soient plus évidentes dans le minéral. Au total, nous avons identifié 4,148 variants de séquence d’amplicon fongique représentant 8 phyla. L’horizon minéral présentait le plus de différences de propriétés chimiques entre les types de sol, notamment un pH plus faible et une teneur plus faible en nutriments dans le minéral d’esker comparé à l’argile. Les ectomycorhiziens dominaient l’horizon organique et minéral sur eskers, tandis que les saprotrophes étaient la guilde la plus abondante dans les horizons des sols argileux. Les forêts naturelles de pin gris sur eskers hébergeaient des groupes fongiques tolérants aux stress environnementaux plus abondants que dans l’argile. La diversité alpha des ectomycorhiziens et des saprotrophes étaient particulièrement plus faibles dans le minéral d’eskers. Cependant, les horizons étaient le principal facteur, après le type de sol, influençant les communautés fongiques parmi nos échantillons, soulignant la contribution de la zonation verticale à la diversité fongique des sols des pinèdes grises naturelles. Notre étude contribue à combler les lacunes de connaissances sur la diversité fongique du sol des forêts naturelles d’eskers et encourage de futures recherches dans ces écosystèmes encore largement méconnus.
- Julia Cigana (2024). Origine holocène et trajectoire écologique de trois espèces tempérées à leur limite nordique de répartition dans l’écotone de la forêt mixte. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Origine holocène et trajectoire écologique de trois espèces tempérées à leur limite nordique de répartition dans l’écotone de la forêt mixte.
Dans le contexte de réchauffement climatique contemporain, on présume généralement que les espèces tempérées étendront leur aire de répartition vers de plus hautes latitudes et altitudes. Cependant, cette expansion pourrait être limitée par des conditions climatiques, des conditions environnementales à l’échelle du site ou encore à des caractéristiques propres au peuplement. Les populations marginales, isolées, de petite taille et situées à la marge froide (limite nordique) des aires de répartition pourraient s’avérer essentielles pour assurer une réponse rapide des espèces face aux changements climatiques. Les limites septentrionales de l’érable à sucre, l’érable rouge et du pin blanc se retrouvent au contact entre la forêt tempérée et la forêt boréale. L’objectif de cette étude est de caractériser, à l’échelle locale, l’origine et la trajectoire écologique de peuplements marginaux de ces trois espèces thermophiles dans l’écotone de la forêt mixte de l’ouest québécois. Pour cela, une analyse macrofossile des charbons de bois du sol minéral et une analyse de la composition forestière contemporaine ont été réalisées sur une superficie de 4 km² sur le territoire de la réserve écologique projetée du ruisseau-Clinchamp. Le pin blanc serait présent sur le site au moins depuis l’Optimum climatique de l’Holocène (il y a environ 6900 ans AA) et serait en déclin démographique. A contrario, le genre Acer se serait installé pendant le Néoglaciaire avec une arrivée de l’érable rouge il y a environ 4200 ans AA et une installation plus tardive de l’érable à sucre vers 2200 ans AA. Le genre Acer suivrait une trajectoire d’expansion contemporaine. L’étude nous permet d’appréhender la dynamique à long terme des espèces tempérées en marge froide et de réfléchir à des stratégies de gestion et d’aménagements forestiers mieux éclairées, qui tiennent compte des changements climatiques futurs.
- Léa Darquié (2024). Le dégagement manuel en peuplements mixtes : impact sur la croissance, les stocks de carbone et la qualité de l’habitat faunique. Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Le dégagement manuel en peuplements mixtes : impact sur la croissance, les stocks de carbone et la qualité de l’habitat faunique.
Le dégagement manuel est une opération sylvicole largement utilisée dans les peuplements mixtes récemment coupés et est appliquée quand la régénération est au stade de semis (i.e., environ 5 ans après reboisement). Ce dégagement permet de contrôler la compétition exercée par les essences feuillues à croissance rapide sur les essences résineuses, qui sont à croissance plus lente et en demande dans l’industrie du bois. Dans le contexte de l’aménagement écosystémique, cette opération va permettre de guider la régénération du peuplement mixte vers sa composition d’avant coupe et de protéger sa composante résineuse. Le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx., « peuplier ») est cependant une essence peu impactée par le dégagement car sa stratégie de régénération par drageonnement est déclenchée par la coupe des tiges dominantes de peupliers.
Le but de cette thèse était d’étudier l’effet à court terme du dégagement manuel, dont une nouvelle variante pour de jeunes peuplements (« dégagement par le bas ») et deux traditionnellement utilisés (dégagement en plein et par puits de lumière). Le dégagement par le bas préservait 20% des plus larges tiges de peupliers dans le peuplement dégagé afin qu’elles exercent un certain degré de dominance apicale, qui inhibe le drageonnement.
L’hypothèse générale était que garder un certain degré de dominance apicale dans le peuplement permettrait de limiter naturellement le retour du peuplier, grâce à leur réseau racinaire interconnecté qui va étendre la dominance apicale des peupliers vivants dans tout le peuplement.
Le premier chapitre de cette thèse avait donc pour but de comparer la régénération des peupliers ainsi que la survie et la croissance des épinettes noires (Picea mariana [Mill.] BSP.) reboisées entre le dégagement par le bas et les différentes variantes du dégagement traditionnel : le dégagement en plein (100% de la végétation de compétition est coupée) et par puits de lumière (la végétation de compétition est coupée uniquement dans un rayon de 60 à 90 cm autour de chaque épinette noire reboisée), ainsi qu’un contrôle où il n’y a pas eu de dégagement. Les résultats ont montré que les blocs traités par dégagement par le bas et par puits de lumière avaient en moyenne 61% drageons de moins que le dégagement en plein, 4 ans après dégagement. La survie des épinettes n’a pas été impactée quel que soit le dégagement mais la croissance en diamètre a été plus importante dans le dégagement par le bas et en plein (+ 42%) par rapport au dégagement par puits de lumière et au contrôle (+ 17%). Ces résultats montrent l’efficacité à court terme du dégagement par le bas, ainsi que son potentiel à long terme, quand les peupliers sont présents dans les peuplements à dégager.
La production de bois n’est cependant pas le seul service écosystémique que peut rendre un peuplement mixte, notamment dans le contexte actuel de changement climatique. La croissance rapide des peupliers fait de cette essence un puits de carbone (C) potentiel que le dégagement risque d’influencer. Le second chapitre de cette thèse comparait les variations de stocks de C dans le sol sur une profondeur de 15 cm (« SOC », soil organic carbon) ainsi que dans la biomasse aérienne et racinaire (« biomasse vivante »), entre les différentes variantes de dégagement et un contrôle non dégagé. Le stock de SOC dans les peuplements traités par dégagement en plein étaient deux fois plus grands que dans les autres peuplements, entre 5 et 10 cm de profondeur mais il n'y avait aucune différence entre les différents traitements sur la profondeur totale. Le dégagement par le bas avait plus de deux fois plus de biomasse vivante que le dégagement total, bien que ces deux traitements soient considérés d’intensité sévère. Garder les plus grosses tiges de peuplier a donc permis de limiter la perte de biomasse aérienne conséquente retrouvée dans le dégagement en plein (- 69%) par rapport au contrôle. Les stocks de C dans les peuplements dégagés par puits de lumière étaient similaires aux stocks de C dans les peuplements non dégagés, dû à la plus faible intensité de perturbation. Le stock total de C des peuplements n’a pas changé entre les traitements, malgré une distribution différente entre les réservoirs. À ce stade de régénération, le réservoir le plus impacté par le dégagement était la biomasse vivante, et le dégagement par le bas semble être le traitement qui a le plus limité la perte de C à court terme tout en contrôlant la compétition engendrée par les peupliers.
Les peuplements mixtes en régénération abritent également différentes espèces fauniques telles que le lièvre d’Amérique (Lepus americanus Erxleben, « lièvre ») qui joue un rôle primordial dans la chaine alimentaire de cet écosystème. Le troisième chapitre a étudié l’effet du dégagement manuel à court terme sur la qualité d’habitat du lièvre et son utilisation. Des études précédentes ont montré que toute opération forestière dans le peuplement réduit le couvert de protection pour le lièvre, diminuant ainsi la qualité de l’habitat pour cette espèce, mais l’effet du dégagement manuel en particulier a été peu étudié. Nos résultats ont montré que le couvert de protection vertical était le paramètre d’habitat expliquant le mieux la présence du lièvre, et que cette présence était la plus importante dans le traitement contrôle et le dégagement par puits de lumière. Malgré un plus grand couvert de protection vertical dans les peuplements dégagés par le bas, la présence du lièvre était aussi basse que dans les peuplements dégagés en plein. L’utilisation était cependant basse dans tous les peuplements, dégagés et non dégagés. Le dégagement manuel a été appliqué 5 ans seulement après une coupe totale, et la faible présence de lièvre dans le contrôle a montré que la régénération pré-traitement était déjà insuffisante pour fournir un couvert de protection adéquat au lièvre. L’effet du dégagement manuel à court terme est donc négatif mais marginal sur la qualité de l’habitat du lièvre.
Notre étude a montré qu’augmenter la sévérité du dégagement manuel traditionnel augmentait l’accès à la lumière pour les épinettes noires mais réduisait la capacité de l’écosystème à rendre d’autres services écosystémiques. À court terme, le dégagement par le bas était aussi efficace que le dégagement en plein et limitait l’impact de l’intervention sur les stocks de C dans la biomasse vivante. Cette modalité a donc le potentiel de répondre à l’objectif de notre thèse et, à plus grande échelle, l’objectif d’aménagement écosystémique québécois. Un suivi à long terme est cependant nécessaire pour confirmer l’effet de ce dégagement mesuré uniquement sur 4 ans. Maximiser l’efficacité du dégagement permet de diriger la structure du peuplement très tôt dans la régénération du peuplement, et donc limiter les interventions par la suite pour répondre aux objectifs d’aménagement spécifiques du peuplement.
- Lou Delayance (2024). Influence du régime de crues printanières sur la structure et la composition des peuplements riverains de frênes noirs (Fraxinus nigra marsh.) du Lac Duparquet. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Influence du régime de crues printanières sur la structure et la composition des peuplements riverains de frênes noirs (Fraxinus nigra marsh.) du Lac Duparquet.
Les débits reconstitués pour le nord-ouest du Québec démontrent une augmentation de la fréquence et de la magnitude des crues printanières en lien avec l’augmentation des précipitations nivales depuis le début du XIXe siècle. Autour du lac Duparquet, une migration des peuplements de frêne noir (Fraxinus nigra Marsh.) vers l’intérieur des terres en réponse à ces changements a été rapportée. Pour anticiper la réponse des frênaies noires du lac Duparquet face aux changements climatiques et hydrologiques à venir, cette étude décrit les conditions favorisant la présence de F. nigra et la structuration des peuplements en lien avec la dynamique des crues printanières depuis le début du XXe siècle. L’étude se structure autour des objectifs suivants : i) déterminer la composition et l’organisation des communautés végétales associées à F. nigra le long du gradient d’élévation; ii) déterminer les facteurs limitant l’expansion des frênaies noires dans les basses et hautes plaines alluviales; et iii) déterminer les fréquences d’occurrence des crues printanières le long du gradient d’élévation des plaines alluviales et identifier les fréquences de retour des crues printanières associées à chaque groupement floristique. Vingt-quatre frênaies noires du lac Duparquet et de ses affluents ont été échantillonnées durant l’été 2022 en utilisant un échantillonnage par stratification verticale de la végétation le long de transects perpendiculaires à la rive, avec mesure de variables environnementales et écologiques. Une analyse par regroupement hiérarchique associée à une analyse d’espèces indicatrices a permis d’identifier des communautés végétales associées aux frênaies noires et notamment trois communautés distribuées le long des gradients d’élévation et de distance à la rive depuis la plaine alluviale basse (communauté i) frênaie à Onoclea sensibilis L.), moyenne (communauté ii) frênaie à Rhamnus alnifiolia L’Her.), et haute (communauté iii) frênaie à Athyrium filix-feminina (Linn.) Roth). Les structures de diamètre révèlent que les zones des basses et hautes plaines alluviales sont moins denses en F. nigra et composées d’arbres plus jeunes. Les analyses des cernes de crues montrent une diminution significative de la fréquence d’occurrence des crues printanières de faible et forte intensité entre les groupements floristiques depuis les basses vers les hautes plaines inondables. Les fréquences moyennes d’occurrences des crues le long du gradient d’élévation participent donc à expliquer la structure des frênaies noires du lac Duparquet. Cette recherche fournit des paramètres écologiques de base, essentiels pour maintenir un équilibre dynamique dans les frênaies noires, notamment en cas de modifications des débits des cours d'eau, comme celles induites par des aménagements hydroélectriques ou de futurs changements climatiques.
- Urszula Deregowski (2024). Response of saproxylic beetle communities twenty years after clearcut and partial cut harvests in the eastern boreal mixedwood forest. Mémoire de maîtrise en biologie, Université du Québec à Montréal.
Response of saproxylic beetle communities twenty years after clearcut and partial cut harvests in the eastern boreal mixedwood forest.
Les pratiques forestières intensives telles que la coupe totale peuvent entraver le rétablissement à long terme de la biodiversité, en particulier la biodiversité saproxylique (dépendante du bois mort). La coupe partielle laisse certains arbres au moment de la récolte, en imitant les perturbations naturelles telles que les chablis ou les épidémies d'insectes. Cela peut permettre le dépôt à long terme de bois mort dans un peuplement et le rétablissement de la biodiversité saproxylique. Nous avons évalué si une coupe partielle d'intensité élevée et faible effectuée dans des peuplements de feuillus au stade de succession précoce, ainsi qu'une coupe partielle d'intensité moyenne effectuée selon différents schémas de coupe dans des peuplements mixtes au stade de succession intermédiaire, permettraient le rétablissement des communautés de coléoptères saproxyliques vingt ans après la récolte. Nos travaux ont été réalisés dans le cadre du projet Sylviculture et Aménagement Forestier Écosystemique (SAFE) dans la Forêt d'Enseignement et de Recherche du Lac Duparquet (FERLD) dans la région boréale mixte de l'ouest du Québec, Canada. Dans les peuplements de feuillus (SAFE 1), à l'hiver 1998-1999, les traitements de récolte suivants ont été répliqués sur 3 blocs de 1 à 3 ha : 1) coupe totale, 2) coupe totale avec brûlage dirigé, 3) coupes partielles dispersées où 2/3 des arbres ont été enlevés (CP2/3) et 4) coupes partielles dispersées où 1/3 des arbres ont été enlevés (CP1/3). Dans les peuplements mixtes (SAFE 3), en 2000-2001, des coupes par trouées de 40%, des coupes dispersées de 40% et des coupes totales ont également été reproduites sur 3 blocs mesurant 1-3 ha. En 2019, nous avons échantillonné du bois mort sur des transects triangulaires (30m de côté) dans chaque bloc de SAFE 1 et 3. En 2019, nous avons installé des pièges d'interception de vol IBL dans SAFE 1 et capturé et identifié 4 842 coléoptères saproxyliques représentant 216 espèces. En 2021, nous avons installé les mêmes pièges dans SAFE 3 et capturé 3 812 coléoptères saproxyliques représentant 185 espèces. En comparant l'abondance, la richesse et la composition de la communauté des coléoptères saproxyliques entre les traitements dans chaque site SAFE, nous avons observé que 20 ans après la récolte, l'abondance globale des coléoptères saproxyliques s'est rétablie dans les CP1/3 au sein des peuplements de feuillus, ainsi que dans les coupes partielles par trouées et dispersées de 40% et les coupes totales dans les forêts mixtes. L'abondance des fongivores était plus faible dans tous les traitements de coupe dans les peuplements de feuillus et mixtes, et l'abondance des xylophages était significativement plus faible dans les coupes totales comparée aux peuplements non coupés. Toutes les guildes alimentaires avaient une abondance réduite dans 2/3 des coupes de feuillus à l'exception des prédateurs. La richesse en espèces dans les coupes partielles était similaire à celle des peuplements témoins non coupés dans les peuplements feuillus et ne différait pas entre les traitements non coupés et témoins dans les peuplements mixtes. La composition de la communauté dans les peuplements de feuillus était similaire entre les peuplements non coupés et les CP1/3 et similaire dans les traitements appliqués dans les peuplements mixtes. Le volume global de bois mort était positivement lié avec l'abondance globale des coléoptères saproxyliques et l'abondance des fongivores et des xylophages dans les peuplements de feuillus. Nous avons conclu que des intensités de récolte partielle de 1/3 à 40% permettent le rétablissement de la plupart des coléoptères saproxyliques 20 ans après la récolte, quel que soit le schéma de coupe (par trouée ou dispersé) si les traitements de coupe sont suffisamment petits (troués d'environ 400 m2 ou coupes dispersées de ≤50% dans des blocs de 1 à 3 ha). Parce que la réponse entre les guildes alimentaires est variable, les stratégies de conservation pour divers types de faune devront mieux comprendre à quelles variables environnementales ils réagissent. Une récolte partielle de ≤50% est recommandée comme alternative à la coupe à blanc permettant une certaine extraction des ressources parallèlement à la restauration de la biodiversité saproxylique.
- Sofien Elleuch (2024). Étude des variations des propriétés physiques et chimiques du bois du pin sylvestre (pinus sylvestris l.). Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Étude des variations des propriétés physiques et chimiques du bois du pin sylvestre (pinus sylvestris l.).
Le pin sylvestre (Pinus sylvestris L.) fait partie des espèces les plus dominantes de la forêt méditerranéenne et il est connu pour sa croissance rapide et sa capacité d’adaptation à divers sites écologiques. Dans le cadre de ce projet, 19 familles de pin sylvestre et une famille de pin gris plantées sur deux sites en 2007 dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue ont été échantillonnées pour étudier les variations des propriétés du bois. Un échantillonnage non destructif a été réalisé sur les arbres sous forme de carottes de 5 mm de diamètre prélevées à hauteur de poitrine (HP =1,30 m) pour un total de 600 carottes afin d’étudier des attributs de la qualité du bois et d’estimer les paramètres génétiques (héritabilité, corrélations génétiques et phénotypiques) de ces attributs. Un échantillonnage destructif a été réalisé sur 14 arbres sous forme de rondelles pour déterminer les propriétés chimiques du bois (cellulose, hémicellulose, lignine et extractibles) par les méthodes conventionnelles et la spectroscopie infrarouge proche. La variation de la densité et la largeur des cernes dans les deux types de bois (initial et final) ont été mesurées de la moelle à l’écorce par la densitométrie à rayon X. La densité moyenne des cernes pour les deux sites était de 461 kg/m3. L’âge cambial a eu un effet significatif sur toutes les propriétés du bois à l’exception de la largeur du bois final. Les estimations de l’héritabilité pour la croissance ont indiqué que la largeur du cerne était sous contrôle génétique modéré (h2 = 0,46). Les teneurs en cellulose, hémicellulose, lignine et extractibles par la méthode conventionnelle était 48%, 24%, 27% et 12%, respectivement. Les résultats de cette étude permettront d’acquérir des connaissances sur la qualité du bois du pin sylvestre et permettent d’envisager des stratégies d’amélioration génétique pour une meilleure valorisation de cette espèce.
- Sylvain Gagnon (2024). Impact de la sévérité de brûlage sur la régénération naturelle de pin blanc et de pin rouge. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Impact de la sévérité de brûlage sur la régénération naturelle de pin blanc et de pin rouge.
Le pin blanc (Pinus strobus L.) et le pin rouge (Pinus resinosa Ait.) ont vu leurs abondances déclinées en raison de l’exploitation forestière, de l’exclusion des feux et de l’altération du régime des feux de forêt depuis l’industrialisation. Le brûlage dirigé est un outil potentiel pour restaurer ces pins, mais il manque de bases scientifiques solides. Pour étudier l’impact du feu sur la régénération des pins, nous avons sélectionné des régions dans les provinces canadiennes du Québec et de l’Ontario qui ont connu des feux naturels et brûlages dirigés entre 2016 et 2018 ’. Notre objectif était d'évaluer les conditions optimales pour le succès de régénération des semis de pin blanc et de pin rouge dans leur aire de répartition septentrionale, à la suite d’un brûlage dirigé. Nous avons émis l’hypothèse d’une densité de semis plus élevée en cas de sévérité moyenne des feux, de forte mortalité des arbres, d’abondance suffisante de pins semenciers, de lumière adéquate et de réduction de la compétition de la strate de sous-bois. En 2021, nous avons collecté des données sur la densité des semis et les conditions forestières dans 22 parcelles brûlées et 7 sites non brûlés. Nous avons constaté des corrélations négatives entre la sévérité des feux et la profondeur de la couche organique, de même qu’avec la survie des arbres et des gaules ainsi qu’une association positive entre la sévérité et la compétition du sous-bois. Les pins semenciers matures ont survécu jusqu’à une sévérité moyenne à élevée. Les densités de semis de pins variaient de 0 à 145 500 semis∙ha-1, avec une tendance quadratique significative (R2 de 0.38), culminant à des sévérités modérées. Grâce à un processus de sélection de modèles en trois étapes, nous avons identifié la sévérité des feux et les variables de texture du sol expliquant 64% de la variabilité de la densité des semis. Notre étude souligne le rôle des sources de semences, des conditions du lit de germination et de la sévérité des feux dans le succès de la régénération des pins après un incendie. Elle offre des perspectives aux gestionnaires forestiers sur où et comment réaliser des brûlages dirigés pour accroître la proportion de ces espèces de pins dans les forêts septentrionales du Nord-Est américain et ainsi rétablir les écosystèmes qui en dépendent.
- Lei Gao (2024). Les mécanismes de transition entre deux écosystèmes, les forêts ouvertes à lichen et les forêts fermées à mousse, et la relation entre ces deux écosystèmes et l'héritage des incendies dans la forêt boréale Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Les mécanismes de transition entre deux écosystèmes, les forêts ouvertes à lichen et les forêts fermées à mousse, et la relation entre ces deux écosystèmes et l'héritage des incendies dans la forêt boréale
Avec le changement global, le taux de perturbations naturelles devrait augmenter dans de grandes parties de la région boréale, comme la fréquence accrue des incendies et les perturbations combinées (épidémies d'insectes et incendies) qui rendent la forêt plus vulnérable à la transformation écologique. Dans les forêts boréales de l'est du Canada, on a observé le passage de forêts productives à couvert fermé de mousses (Pleurozium schreberi (Brid.) Mitt.) à des forêts ouvertes de lichens (Cladonia spp.) peu productives. Ces deux écosystèmes forestiers (mousses et lichens) sont considérés comme des états stables alternatifs distincts, les premiers favorisant les conditions biotiques et abiotiques qui maintiennent les forêts productives et les seconds favorisant les conditions qui maintiennent les sites à canopée ouverte à faible productivité. On a émis l'hypothèse qu'une sévérité élevée des incendies serait l'une des causes de cette transition. Les propriétés du charbon de bois étant affectées par la gravité des incendies, nous avons émis l'hypothèse que la quantité et les propriétés du charbon de bois seraient différentes et indiqueraient une plus grande gravité des incendies dans les forêts à canopée ouverte que dans les forêts à canopée fermée. En outre, le charbon de bois issu des perturbations causées par le feu a un grand potentiel pour améliorer la qualité du sol et favoriser la croissance de la végétation. Toutefois, les causes qui contribuent à la transition entre les deux états alternatifs sont mal connues.
Afin de mieux comprendre la transition entre ces deux états alternatifs dans les forêts boréales, nous avons examiné les effets de la transplantation de mousses dans une forêt de lichens ouverte sur la croissance des arbres, les nutriments foliaires, les conditions du sol et les communautés microbiennes du sol, y compris les bactéries et les champignons, après 10 ans, ainsi que les différences dans les quantités et les propriétés du charbon de bois entre ces deux types d'écosystèmes. À notre connaissance, il s'agit de la première expérience utilisant la transplantation de mousse. Notre dispositif expérimental a permis d'étudier le rôle direct de la couverture végétale. Les études précédentes, utilisant des approches observationnelles, ont été limitées dans leur interprétation par la corrélation des facteurs déterminants, y compris les attributs du site et du terrain et la végétation de couverture. Nos résultats ont confirmé que les mousses hypnacées peuvent s'établir, survivre et rester en bonne santé dans un environnement précédemment occupé par le lichen. Le remplacement du lichen par les mousses hypnacées crée des conditions de sol propices à une meilleure croissance des arbres (Chapitre 1). La modification du couvert forestier a un impact significatif sur la diversité, la composition et la fonction des communautés microbiennes du sol. La transplantation de mousse a augmenté de manière significative l'abondance relative du genre fongique Piloderma, responsable de l'élimination de l'azote organique (Chapitre 2). Nous avons également constaté que la quantité moyenne de charbon de bois dans les forêts de mousses était significativement plus élevée que dans les forêts de lichens. La présence de charbon de bois après un incendie peut contribuer au rétablissement et à la régénération de la végétation sous une certaine quantité de charbon de bois, et semble favoriser la survie de la mousse. Cela pourrait démontrer le rôle potentiel du charbon de bois dans l'explication de la cooccurrence de deux états alternatifs stables (Chapitre 3).
En ce qui concerne la productivité de la forêt boréale, le rôle des mousses hypnacées a été démontré à l'aide d'un dispositif expérimental (Chapitre 1-2). Compte tenu du rôle des mousses et des lichens en tant que boucles de rétroaction potentielles sur les conditions du sol, les communautés microbiennes du sol et la croissance des arbres, il est possible de maintenir des conditions forestières productives en favorisant des conditions favorables aux mousses hypnacées plutôt qu'aux lichens. Cette étude démontre également que deux écosystèmes forestiers, la mousse et le lichen, ont une différence significative sur la quantité de charbon de bois, mais ne semblent pas avoir une différence significative sur les propriétés chimiques et physiques du charbon de bois, bien qu'il y ait une plus grande variabilité des propriétés du charbon de bois pour les peuplements à canopée ouverte, donc ces résultats ne nous permettent pas de valider ou de rejeter complètement notre hypothèse sur le rôle de la sévérité du feu dans le changement entre les peuplements à canopée ouverte et fermée. Cependant, ils suggèrent que la variabilité des conditions d'incendie ainsi que la quantité de charbon de bois produite sont différentes entre les types d'écosystèmes. En outre, étant donné le rôle potentiel du charbon de bois dans la dynamique de la forêt boréale, d'autres études seront nécessaires pour évaluer la relation entre le charbon de bois et le sol forestier et la nature du feu, et pour développer des stratégies de gestion forestière appropriées.
- Félix Gery (2024). Stratégie de restauration utilisant des bryophytes pour faciliter l’établissement d’arbres sur des affleurements rocheux dégradés par l’activité minière. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Stratégie de restauration utilisant des bryophytes pour faciliter l’établissement d’arbres sur des affleurements rocheux dégradés par l’activité minière.
Les activités minières, particulièrement les fonderies, peuvent dégrader les écosystèmes et créer des affleurements dénudés de végétation et pollués par les métaux lourds. Les écosystèmes pauvres en ressources comme les affleurements rocheux, avec des sols minces, sont plus sensibles à la dégradation. Leur régénération naturelle peut s’avérer compliquée ou impossible à cause de l’érosion, du manque de ressources ou de sources de graines et de l’acidification du sol causée par la pollution. Des approches de restauration peuvent être nécessaire pour régénérer la végétation d’affleurements pollués, ces projets impliquent souvent des méthodes interventionnistes de déplacement de sol, fertilisation et plantation massive d’arbres. L’objectif de notre étude était de tester l’efficacité d’une stratégie de restauration qui imite la succession végétale naturelle en milieu boréal en utilisant des bryophytes comme substrat de germination pour faciliter l’établissement de graines d’arbres (Pinus banksiana, Betula papyrifera, Alnus viridis ssp. crispa, Thuja occidentalis). Ce traitement a été comparé à un traitement contrôle, où le substrat était composé du sol local, et un traitement de chaulage, communément utilisé dans des projets de restauration pour augmenter le pH du sol et réduire la toxicité des métaux lourds du sol. Les trois traitements ont été appliqués à soixante unités d’un m² situées sur cinq affleurements rocheux à différentes distances de la source de pollution, la fonderie de cuivre Horne de Rouyn-Noranda (Canada). Chaque espèce d’arbre a été semée à la densité de 100 graines par m2 sur toutes les unités. Nos résultats ont montré que l’exposition au vent a eu l’impact le plus significatif sur nos unités expérimentales, masquant potentiellement un effet négatif de la concentration en métaux lourds des sols sur l’établissement des graines. Le traitement bryophyte a eu le meilleur succès de végétalisation pour de faibles vitesses de vent, avec un taux d’établissement des plantules de pin gris de 12,5% contre 5% et 4% pour les traitements chaulage et contrôle. Notre stratégie utilisant des bryophytes a du potentiel pour des projets de restauration d’affleurements rocheux en se reposant sur des processus naturels, nous recommandons de bien protéger les installations du vent pour améliorer le succès de végétalisation.
- Éliane Grant (2024). Activités anthropiques et utilisation autochtone des milieux humides, particulièrement pour la chasse à l'orignal. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Activités anthropiques et utilisation autochtone des milieux humides, particulièrement pour la chasse à l'orignal.
Le développement industriel et l'exploitation des ressources naturelles entraînent des changements dans le paysage d'Eeyou Istchee Baie-James, fortement composé en forte proportion de milieux humides. Des inquiétudes ayant été soulevée par les Premières Nations de la région, l'objectif de cette étude était de documenter leur utilisation des milieux humides et d'évaluer les effets des perturbations anthropiques sur les activités traditionnelles dans ces milieux, telles que la chasse à l'orignal (Alces americanus). Un modèle exploratoire séquentiel a été utilisé pour examiner qualitativement le lien culturel avec les milieux humides pour les Eeyouch (Cris) de Mistissini et les Abitibiwinnik (Anicinapek/Algonquins) de Pikogan, ainsi que pour développer une méthode quantitative et non invasive d'évaluation de l'effet des perturbations anthropiques sur la santé des orignaux basée sur la concentration de cortisol pilaire (indicateur de stress).
Dans la phase qualitative, 12 entrevues semi-dirigées ont été conduites avec des chasseurs eeyouch et abitibiwinnik utilisant le territoire d'Eeyou Istchee Baie-James. Ils ont décrit unanimement les milieux humides comme étant d'abord des habitats fauniques, donc étant indirectement essentiels à la culture. Certains ont décrit les milieux humides comme un élément central au maintien de l'équilibre du territoire. Selon eux, la fréquence d'utilisation et la force du lien au territoire sont modulées par le taux de perturbation et par l'occupation principale des participants. Un niveau élevé de perturbation et la pratique occasionnelle d'activités culturelles effritent l'importance du lien au territoire et aux milieux humides.
Dans la phase quantitative, 38 orignaux ont été échantillonnés dans Eeyou Istchee Baie-James et en Abitibi-Témiscamingue pour évaluer, par une analyse de régression, les effets relatifs de différentes perturbations sur les niveaux de cortisol dans les poils. En raison de l'absence de perturbations anthropiques importantes dans la zone d'étude, et vu la relative bonne santé des orignaux échantillonnés, il n'a pas été possible d'évaluer l'effet des perturbations sur le niveau de cortisol (stress) des orignaux. En revanche, la présence de tique d'hiver (Dermacentor albipictus) était associée à des niveaux significativement plus élevés.
Les résultats mettent en évidence l'importance des milieux humides pour les Autochtones, souvent négligés par les industries. Cela souligne la nécessité de prendre en compte les intérêts des communautés autochtones dans les projets de développement. De plus, l'étude a généré des données de référence de concentration de cortisol dans les poils d'orignaux, qui pourront être utilisées pour développer un outil de suivi non invasif des populations. Ces données sont précieuses pour la conservation de la faune et la gestion des écosystèmes. En somme, cette étude contribue à la compréhension des relations entre les Autochtones, les milieux humides et la faune.
- Michel Guimond (2024). Rôle des bandes riveraines dans la protection de la ressource hydrique 10-20 ans après coupes forestières en forêt boréale. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Rôle des bandes riveraines dans la protection de la ressource hydrique 10-20 ans après coupes forestières en forêt boréale.
Les coupes forestières peuvent avoir des impacts majeurs sur les écosystèmes d’eau douce, par exemple une augmentation de l’érosion, de la sédimentation et du lessivage d’éléments nutritifs. Cependant, l’unique outil sylvicole actuellement utilisé pour réduire ces impacts négatifs est la bande riveraine de 20m. De plus, en dépit de son utilisation dans plusieurs pays boréaux, on retrouve encore un manque de connaissances sur la bande riveraine et son effet de protection sur les écosystèmes d’eau douce à long terme. Cette étude vise donc à évaluer la mortalité par chablis dans la bande riveraine et ses effets sur la qualité de l’eau dans des écosystèmes d’eau douce dans la forêt boréale de l’ouest du Québec. Notre dispositif expérimental est composé de 40 sites, 20 bandes riveraines 10-20 ans après récoltes et 20 sites témoins dans des environnements riverains dans la MRC Abitibi. Nos sites sont distribués entre des sites argileux et sableux (eskers) et des peuplements d’épinettes noires (Picea mariana) et de pins gris (Pinus banksiana) afin de représenter les substrats et les peuplements forestiers plus prédominants dans la région d’étude. Notre étude révèle une augmentation de chablis dans les bandes riveraines, avec un taux de chablis moyen qui double, passant de 16% dans les sites témoins à 36% post-récolte. De plus, on retrouve une augmentation du chablis dans tous les sites récoltés, peu importe le type de substrat ou l’espèce présente. Les peuplements de pin gris et les sites d’eskers sont les environnements ayant le plus haut taux de chablis (36% et 35% respectivement). Selon notre étude, les paramètres principaux qui influencent le chablis sont l’exposition au vent (topographie et météorologie), la dimension de la coupe et du milieu aquatique et les caractéristiques du peuplement forestier. Ces paramètres influencent l’exposition et la vitesse du vent, ce qui modifie les risques de chablis dans le territoire. Notre étude démontre également une corrélation négative entre le taux de chablis et la qualité de l’eau dans les écosystèmes d’eau douce. Nous recommandons une révision de la dimension de la bande riveraine dans la forêt boréale afin d’adapter cet outil en fonction des conditions topographiques, forestières et de la récolte. Tout ceci, pour garantir une protection et intégration pérenne des écosystèmes d’eau douce dans l’aménagement forestier.
- Jonathan Lesven (2024). Changements globaux et dynamiques des pessières du Québec-Labrador au cours de l’holocène. Approche rétrospective des interactions feu-climat-végétation. Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Changements globaux et dynamiques des pessières du Québec-Labrador au cours de l’holocène. Approche rétrospective des interactions feu-climat-végétation.
Les changements climatiques représentent désormais une réalité indéniable, et leurs conséquences sur l’environnement sont plus tangibles chaque jour. Les écosystèmes boréaux représentent un enjeu considérable d’un point de vue climatique, économique comme écologique. Émerge ainsi l’importance de mieux comprendre leur dynamique, afin de garantir leur résilience face aux défis climatiques actuels et futurs. Les approches rétrospectives apparaissent alors comme essentielles afin de fournir une banque d’expériences passées servant de point de référence pour le futur. Cependant, la régionalité du climat, des régimes de perturbations et par conséquent de la végétation dans l’est du Canada empêche une généralisation des données à des échelles supra-régionales. Comparativement aux régions plus occidentales, l’est du Québec et le Labrador sont marqués par un climat plus océanique, des fréquences de feu plus faibles, un relief plus vallonné, et une végétation différente. Bien qu’un intérêt croissant ait été porté à l’étude des forêts boréales dans les dernières décennies, l’est du Québec et le Labrador restent peu étudiés à l’échelle millénaire. L’ambition générale de cette thèse de doctorat est d’examiner les dynamiques passées de la végétation au cours du temps – en particulier celle de l’épinette noire (Picea mariana (Mill.) B.S.P.) – en lien avec l’évolution des régimes de perturbations et du climat, le long d’un transect nord-sud situé dans l’est du Québec et au Labrador. Plus spécifiquement, elle vise à apporter de nouvelles connaissances sur la réponse de ces régions aux changements climatiques au travers d’approches synthétiques, méthodologiques comme analytiques.
La première partie de cette thèse révèle à partir d’une synthèse bibliographique que les régions de l’ouest et du centre du Canada vont subir les plus importants épisodes de mortalité et les plus fortes réductions de croissance, en particulier dû à l’accroissement du déficit hydrique. À l’inverse, les forêts de l’est du Canada apparaissent comme moins impactées et donc plus résilientes, en particulier dans les régions septentrionales. Cependant, notre étude révèle que d’autres facteurs comme les épidémies d’insectes, les maladies et le gel pourraient également induire des réductions de croissance et des épisodes de mortalité importants dans ces régions. Dans un second temps, une étude paléoécologique en trois chapitres a permis de reconstituer l’histoire des feux, du climat et de la végétation à l’est du Québec et au Labrador. L’analyse des macrocharbons, des capsules céphaliques de chironomes et des grains de pollen a permis de décrypter les rôles respectifs des températures estivales de l’air, de la fréquence et de la taille des feux sur les trajectoires de végétation le long d’un transect Nord-Sud à l’est du Canada. Le partitionnement de variation et les modèles additifs généralisés utilisés montrent une réponse différentielle en fonction de la latitude. La toundra forestière du Labrador présente des épisodes de densification des peuplements lors des périodes chaudes avec des fréquences d’incendies élevées, mais à l’inverse une ouverture des peuplements durant les périodes froides marquées par des évènements de feu. Dans les pessières ouvertes, aux latitudes intermédiaires, les températures jouent un rôle négligeable sur la dynamique de végétation, contrôlée majoritairement par les feux de forêt (fréquence et taille). À l’inverse, la température joue un rôle substantiel dans les pessières fermées au sud du transect. Enfin, nos données soulignent une augmentation récente de la taille des feux, associée à une diminution de l’abondance relative de l’épinette noire et une augmentation des taxons typiques de milieux ouverts. Dans un contexte de changements climatiques et d’accroissement de la fréquence et de la taille des feux, différentes trajectoires de végétation peuvent ainsi être envisagées selon la latitude.
- Pierce McNie (2024). A landscape level analysis of factors affecting current and future outbreaks of the spruce budworm choristoneura fumiferana. Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec à Montréal.
A landscape level analysis of factors affecting current and future outbreaks of the spruce budworm choristoneura fumiferana.
La tordeuse des bourgeons de l'épinette (Choristoneura fumiferan Clem, TBE) est l'insecte défoliateur responsable de la plus grande mortalité des arbres en Amérique du Nord. Se nourrissant principalement de sapin baumier (Abies balsame) et d'épinette noir (Picea mariana) , la TBE se déclare environ tous les 35 à 40 ans, entraînant la mortalité d'arbres sur des millions d'hectares de forêt boréale. On sait que ces épidémies sont dues à des interactions de second ordre dépendant de la densité avec ses principaux prédateurs, une grande diversité d'espèces de parasitoïdes. La plupart des recherches sur cette espèce ont été menées à l'échelle du peuplement, en examinant des parcelles de forêt localisées et en tirant des conclusions sur la manière dont les espèces d'arbres et les parasitoïdes influencent la mortalité des arbres et la dynamique des populations de TBE. Cependant, des recherches récentes ont commencé à se concentrer sur l'échelle du paysage, en examinant de vastes zones à la recherche de modèles qui pourraient expliquer comment les épidémies de TBE se propagent et sont structurées par des modèles de couverture forestière et de composition des espèces à l'échelle du paysage. Cette recherche à l'échelle du paysage est particulièrement pertinente étant donné que les deux plus grandes menaces qui pèsent sur la biodiversité aujourd'hui sont des perturbations à grande échelle : la fragmentation des forêts et les changements climatiques. Pour comprendre comment les changements climatiques et la fragmentation des forêts peuvent influencer les épidémies à l'avenir, je me suis d'abord demandé quels facteurs à l'échelle du paysage influençaient les épidémies aujourd'hui. En m'inspirant de la littérature sur les peuplements, j'ai appliqué une nouvelle méthode d'évaluation des risques à la composition des forêts et aux données sur la défoliation afin de déterminer quels facteurs à l'échelle du peuplement et quels schémas de configuration de la forêt influençaient le risque d'apparition de la défoliation et de mortalité des arbres au cours de l'épidémie qui s'est déclarée en 2007. Cette analyse a révélé que les facteurs de composition et de configuration de la forêt ont une influence à différentes phases de la propagation d'une épidémie de TBE. La composition et la configuration de la forêt augmentent toutes deux le risque d'apparition de la défoliation, tandis que la mortalité des arbres n'est influencée que par la composition des espèces forestières. En utilisant les informations issues de cette évaluation du risque, j'ai cherché à savoir quel mécanisme sous-tendait le schéma d'augmentation du risque d'apparition de la défoliation dans les paysages fragmentés. J'ai développé un modèle spatialement explicite pour simuler la dynamique forestière pendant une épidémie, ainsi que la dynamique de la population du TBE et de ses parasitoïdes. L'exécution de ce modèle sur une série de paysages forestiers fragmentés a montré que les changements dans la dynamique de l'épidémie étaient dus à l'échec de la dispersion des parasitoïdes dans des environnements plus fragmentés. Cet échec de la dispersion a été étayé par une plus grande incertitude, ce qui a entraîné des épidémies moins prévisibles dans des environnements plus fragmentés. En évaluant le risque de mortalité des arbres au cours d'une épidémie, j'ai constaté que la composition des espèces d'arbres était responsable de la plus grande variation du risque. Des proportions plus importantes de sapin baumier, l'arbre hôte principal, ont entraîné une plus grande mortalité des arbres, tandis que les paysages comportant davantage d'épinette noir, un arbre hôte moins approprié, présentaient un risque réduit de mortalité des arbres. La différence de qualité de l'hôte entre les deux espèces a un effet considérable sur la mortalité des arbres. Toutefois, certains auteurs ont émis l'hypothèse qu'un débourrement plus précoce de l'épinette noir, dû aux changements phénologiques liés aux changements climatiques, pourrait accroître la capacité de l'épinette noir à servir d'hôte au TBE. En outre, la qualité de l'arbre hôte est susceptible d'être influencée par les changements de taux de croissance et de productivité dus à un climat plus chaud. Pour étudier comment la mortalité des arbres et la dynamique des populations de TBE peuvent évoluer en raison des changements climatiques, j'ai modélisé la manière dont les changements phénologiques et de croissance des arbres peuvent influencer la fréquence et la gravité des épidémies de TBE avec un réchauffement de 4C au nord et au sud de la latitude 50N. Cette modélisation a montré que l'effet de la phénologie est susceptible d'augmenter le niveau de défoliation dû au TBE, mais que cet effet est dépassé par le rôle des changements dans la croissance des arbres. Si l'on prévoit une réduction de la croissance du sapin baumier et de l'épinette noir dans le sud et une augmentation dans le nord, il est probable que les épidémies, sous l'effet des changements climatiques, se déplacent plus au nord, avec une réduction de la gravité plus au sud. Cette étude à l'échelle du paysage a montré que la composition et la configuration de la forêt sont deux facteurs importants qui influencent les épidémies de TBE. Avec le réchauffement climatiques et la fragmentation des forêts, les changements dans le paysage influenceront probablement les futures épidémies de TBE. La fragmentation des forêts est susceptible de créer des paysages où les épidémies de TBE sont moins prévisibles et donc plus difficiles à gérer. Dans le même temps, les changements climatiques est susceptible de déplacer les épidémies plus au nord, dans des paysages qui n'ont jamais été soumis à de telles perturbations.
- Fatimata Niang (2024). Explorer et prédire la biodiversité des forêts aménagées du domaine soudanien du Sénégal, Afrique de l'ouest. Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Explorer et prédire la biodiversité des forêts aménagées du domaine soudanien du Sénégal, Afrique de l'ouest.
L'inquiétude grandissante concernant le déclin de la biodiversité exige de redoubler les efforts de conservation. Pour cela, les forêts abritant plus de 80 % de la biodiversité sur terre doivent être gérées de manière durable. L’aménagement forestier est reconnu comme principale stratégie de gestion durable des forêts. Compte tenu des perturbations récurrentes, les pratiques d'aménagement doivent s'adapter au contexte régissant les relations entre ces perturbations, les communautés biotiques et les conditions environnementales changeantes. Même si, selon la littérature plusieurs questions concernant les effets de l’aménagement forestier sur la biodiversité ont été élucidées, certaines régions demeurent moins étudiées que d’autres.
Le Sénégal fait partie des pays ayant connu un changement important dans leur couverture forestière et très peu de travaux se sont penchées sur les effets de l’aménagement forestier à grande échelle. Cette thèse de doctorat vise ainsi à explorer les relations entre l’aménagement forestier et différents indicateurs de la biodiversité forestière ainsi que l’influence du changement climatique dans l’évolution de l’aire de répartition des espèces dans le domaine soudanien du Sénégal. Pour ce faire, des données floristiques de vingt forêts, incluant des forêts non aménagées, des forêts anciennes aménagées, des forêts récemment aménagées et des réserves forestières communautaires ainsi que des données de traits fonctionnels ont été collectées. De plus, d’autre types de données relatives aux variables bioclimatiques ont été recueillies.
Principalement, les résultats indiquent que l’aménagement forestier et plus encore les perturbations courantes affectent la biodiversité de différente manière selon le type d’indicateur. Selon les indices de biodiversité, les forêts aménagées étaient autant diverses que les forêts non aménagées. En revanche, la composition des espèces était significativement différente entre ces différentes forêts aménagées ou non qui également contenaient les mêmes stocks de carbone. Cette similarité de la biomasse aérienne et souterraine est possiblement en lien avec la similarité des distributions de taille des arbres entre ces forêts. Aussi, les résultats ont mis en évidence que l’aménagement forestier sélectionne les espèces aux capacités colonisatrices et compétitives particulièrement à des niveaux de perturbation élevés. Plus encore, le changement climatique pourrait être la cause du déclin de neuf des quinze espèces de valeur étudiées tandis que trois seulement pourraient élargir leur aire de répartition et celle des trois autres se stabiliserait.
Les résultats de cette thèse suggèrent le besoin d’une amélioration des pratiques d’aménagement intégrant les traits fonctionnels des espèces et le développement de plans d'action de conservation spécifiques pour sauver les espèces en déclin et en même temps favoriser la résilience forestière. De ce fait, un axe de recherche prioritaire serait d’évaluer la performance de chacune de ces espèces afin de mieux orienter ces plans d’action.
- Toky Jeriniaina Rabearison (2024). Contribution des plantations à croissance rapide au stockage et à la stabilisation du carbone organique du sol en lien avec les traits racinaires. Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Contribution des plantations à croissance rapide au stockage et à la stabilisation du carbone organique du sol en lien avec les traits racinaires.
Le sol joue un rôle clé dans l’atténuation des changements climatiques, étant le deuxième plus grand réservoir de carbone (C) de la biosphère après les océans. Dans ce contexte, les arbres à croissance rapide tels que les peupliers hybrides représentent des puits potentiels de C dans le sol puisqu’ils accumulent rapidement du C dans leur biomasse et pourraient transférer davantage de matière organique dans le sol. Ils contribuent également à répondre à la demande croissance mondiale en bois. Néanmoins, les effets du taux de croissance de ces arbres sur le stock de carbone organique du sol (COS) demeurent peu connus. De plus, nous ne savons pas exactement comment les traits chimiques (facilement décomposables ou récalcitrants) et architecturaux de leurs racines fines impactent le stockage et la stabilisation du COS. Pour clarifier ces interrogations, nous devrions également déterminer les effets de ces traits racinaires sur les taux de croissance des arbres, puisque les racines fines jouent un rôle central dans l'acquisition des nutriments du sol. En effet, chez les clones de peupliers hybrides, l’effet des traits racinaires tels que la longueur spécifique (SRL) et la densité en masse des racines sur le taux de croissance des arbres reste controversé, étant donné qu’ils sont phylogénétiquement proches.
Cette thèse a eu comme objectif de déterminer l’impact du taux de croissance des peupliers hybrides et des traits fonctionnels de leurs racines fines sur le stockage et la stabilisation du COS. Elle visait également à examiner les effets des traits racinaires sur le taux de croissance de ces arbres. Nous avons étudié une plantation de peupliers hybrides située à New Liskeard, ON, Canada et avons sélectionné cinq clones ayant des taux de croissance différents. Nous avons prélevé des carottes de sol à 0-20, 20-40 et 40-60 cm de profondeur dans le sol pour les analyses du sol (C et azote (N)) et des traits racinaires. Le COS a également été fractionné en carbone organique particulaire (> 53 μm, COP) et en carbone organique associé aux minéraux (< 53 μm, COAM) pour les analyses de la stabilisation du COS.
Nous n’avons pas trouvé de relation significative entre le stock de COS et le taux de croissance des arbres. Cependant, le clone avait des effets significatifs sur le stock de COS, avec les clones à productivité moyenne (1079 et 915005) stockant plus de COS entre 0 et 60 cm de profondeur que le clone le plus productif (DN2). Indépendamment du taux de croissance, nous soulignons l'importance de la sélection des clones/espèces pour maximiser le stockage du COS. La différence dans le stock de COS entre les clones était principalement observée dans la profondeur 20-40 cm suggérant le rôle significatif des racines. Nos analyses sur les traits racinaires ont révélé que les densités en longueur et en masse des racines étaient les meilleurs prédicteurs de l’augmentation du stock de COS et du COAM. Les racines fines facilement décomposables (c'est-à-dire riches en azote (N) et en composés solubles, avec des ratios lignine/N et C/N plus faibles) étaient également positivement corrélées avec le stock de COS et le COAM puisqu’elles pourraient être facilement consommées par les microorganismes du sol et favoriser l’adsorption des sous-produits microbiens sur les surfaces minérales. Ainsi, les traits racinaires qui augmentent le volume de sol exploré par les racines (densité en longueur élevée) et qui sont associés aux racines facilement décomposables jouent un rôle clé dans la stabilisation du COS chez les arbres à croissance rapide.
Par ailleurs, nous avons trouvé que le taux de croissance des arbres a été positivement corrélé avec le diamètre et la concentration en lignine des racines fines, mais négativement associé à la SRL et à la concentration en composés solubles. La théorie du spectre économique racinaire soutenant l’effet positif de la SRL sur la croissance des arbres n’a pas été alors vérifiée. Nous avons argumenté que les racines fines plus grosses et riches en lignine étaient plus avantageuses pour la croissance des arbres probablement grâce à la réduction des coûts de construction et maintien de racines et des pertes de C, ainsi qu’à l’augmentation de la colonisation mycorhizienne. La densité en masse de racines dans la profondeur 0-20 cm a également augmenté avec le taux de croissance des arbres, démontrant l’importance de l’exploration de l’horizon superficiel du sol par les racines pour le taux de croissance des arbres. Nous concluons ainsi que chez nos clones de peupliers hybrides, le taux de croissance des arbres a été soutenu par l’augmentation de la croissance en diamètre et en masse des racines fines pour développer la taille du système racinaire.
- Amal Saidani (2024). Analyse comparative des génomes chloroplastiques des espèces de mélèzes du nord de l'Asie et du nord de l'Amérique. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Analyse comparative des génomes chloroplastiques des espèces de mélèzes du nord de l'Asie et du nord de l'Amérique.
Le genre Larix compte une douzaine d’espèces appartenant à la famille des Pinacées qui sont largement répandues en Amérique du Nord, en Asie et en Europe. Chez le mélèze, le génome chloroplastique (ADNcp) est utilisé comme un code-barre dans les études de diversité génétique ainsi que les études phylogénétiques. Dans cette étude, nous avons assemblé et annoté le génome complet de l’ADNcp de sept mélèzes.
Les résultats obtenus démontrent que tous les génomes chloroplastiques sont relativement conservateurs en termes de contenu génique, d’arrangement et de taille qui varie entre 122,048 à 123,46 pb. Chaque génome présente une paire de régions inversées, avec une variabilité dans la taille de la région de copie unique large allant de 59,760 pb à 76,699 pb, ainsi que dans la taille de la région de copie unique petite qui s’étend de 43,183 pb à 59,760 pb. Le nombre total de gènes chez toutes les espèces se situe entre 95 et 111, codant pour des protéines, 4 gènes d’ARN ribosomique et de 30 à 34 gènes d’ARN de transfert. Le contenu global en GC (Guanine, Cytosine) varie entre 35,55 % et 40,79%. Des variations ont été observées dans le nombre de séquences simples répétées, ainsi que dans la présence des gènes hypothétiques parmi les différentes espèces. L’analyse phylogénétique a mis en évidence des liens étroits entre les espèces, mais également une proximité génétique chez celles géographiquement proches. Cette étude fournit pour la première fois une caractérisation de l’ADNcp de quatre espèces des mélèzes offrant ainsi des données cruciales pour orienter les initiatives de conservation et éclairer les mécanismes évolutifs du genre Larix et de ses espèces apparentées.
- Kadiatou Soumah (2024). Système d’information géographique comme outils d'analyse des impacts hors site des opérations minières sur les écosystèmes forestiers. Maîtrise ès sciences appliquées, Génie Minéral
- Jeanny Thivierge-Lampron (2024). Réponse hydrique des arbres boréaux à une sécheresse de courte durée. Mémoire de maitrise en écologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Réponse hydrique des arbres boréaux à une sécheresse de courte durée.
La résistance des arbres aux changements climatiques est encore peu comprise en forêt boréale. C’est le cas pour leur réponse aux augmentations en nombre et en intensité des sécheresses estivales. À l’été 2021, un nouveau dispositif expérimental utilisant des dendromètres à pointe a été mis en place dans la région Nord-ouest du Québec, en Abitibi-Témiscamingue. Ce dispositif comprend 50 arbres sur deux dépôts de surface contrastés et typiques de la région, soit l’argile et le sable. L’objectif était d’y étudier la réponse des arbres boréaux (Pinus banksiana, Picea mariana et Populus tremuloides) aux variations environnementales. En août 2021, une sécheresse entre 17 et 24 jours a touché les sites d’étude, permettant de suivre les relations hydriques des arbres études au cours de cette période de faible disponibilité en eau dans le sol. Cette étude a permis d’évaluer les différences qui existent entre les espèces et intra-espèces dans leur capacité à réguler leur contenu en eau au cours d’une sécheresse intense de plusieurs jours. Plus spécifiquement, nous voulions tester si une espèce comme le pin gris connue pour avoir un contrôle stomatique élevé en période de sécheresse montrerait aussi un contenu en eau plus conservateur dans le tronc. À l’inverse, une espèce avec un contrôle stomatique moins élevé (c-à-dire le peuplier-faux-tremble) montrerait une plus grande perte de son contenu en eau durant la sécheresse. Les résultats ont montré un déficit hydrique important pour toutes les espèces durant la sécheresse de courte durée. Le pin gris a subi une diminution marquée de l’amplitude journalière du déficit hydrique durant la sécheresse confirmant une réponse stomatique élevée, mais a montré une difficulté à se réhydrater la nuit. Pour le peuplier, la variation du contenu en eau du tronc était faible, pouvant être expliqué par une efficacité marquée de sa réhydratation. Pour les deux espèces de conifères, le déficit hydrique était plus important sur argile que sur sable durant la majeure partie de la sécheresse, mais plus grand sur sable lorsque l’eau relative disponible dans le sol est très près de 0% après près de trois semaines sans pluie. Ceci peut indiquer une capacité d’acclimatation des arbres à la sècheresse sur sites xériques au moins jusqu’au dépassement de seuils critiques. Ces résultats contribuent à améliorer la compréhension sur la résistance des arbres aux changements climatiques en forêt boréale.
- Maxime Thomas (2024). Effet des perturbations d'origine anthropique sur deux espèces végétales d'importance culturelle. Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Effet des perturbations d'origine anthropique sur deux espèces végétales d'importance culturelle.
La forêt boréale est soumise à de nombreuses perturbations, anthropiques comme naturelles, qui affectent non seulement le paysage, mais également les espèces végétales et animales. Ces perturbations peuvent altérer les écosystèmes et affecter la culture de certaines populations. C’est notamment le cas des communautés autochtones, dont le mode de vie dépend d’espèces d’importance culturelle pour la pratique de diverses activités traditionnelles. Il est donc nécessaire d’évaluer le devenir des espèces d’importance culturelle face aux perturbations actuelles et futures pour comprendre les répercussions environnementales et culturelles qui en découlent.
L’objectif de cette thèse était donc d’étudier l’effet de différentes perturbations en forêt boréale sur les espèces d’importance culturelle. Plus particulièrement, deux espèces d’importance culturelle ont servi de cas d’étude : Rhododendron groenlandicum (thé du Labrador) et Vaccinium angustifolium (bleuet à feuilles étroites). Ces deux espèces sont importantes dans les cultures autochtones pour leur consommation à des fins nutritionnelles et médicinales. Les feuilles de R. groenlandicum servent à soigner de nombreux maux (p. ex. tonique ou traitement du rhume). Les fruits de V. angustifolium occupent une place d’importance dans la diète autochtone, et contribuent au lien des autochtones avec leur territoire via les activités de cueillette. Ces deux espèces ont également un rôle important dans l’environnement, car elles influencent la succession forestière en limitant la colonisation et la croissance des arbres.
Les communautés autochtones ont une conscience aigüe de l’effet des perturbations sur leur territoire. Ainsi, cette thèse a été réalisée en collaboration avec trois communautés autochtones dans l’est du Québec : la communauté d’Abitibiwinni (Anicinapek), celle de Mistissini (Eeyouch) et celle de Nemaska (Eeyouch). Les territoires traditionnels de ces communautés représentent l’aire d’étude de la thèse. Ces communautés ont également choisi les espèces étudiées ainsi que certaines des perturbations à étudier.
Dans le chapitre II, l’effet des changements climatiques et des coupes forestières sur la répartition des deux espèces dans le futur a été évalué. Les changements climatiques, surtout s’ils sont importants, entraîneront une diminution de la présence des deux espèces dans le paysage boréal. Cette diminution sera due à une augmentation de la proportion de feuillus dans le paysage, défavorables à la présence des deux espèces étudiées, à cause d’une forte augmentation de fréquence et sévérité des feux. L’effet des coupes forestières s’additionnera à celui des changements climatiques, accentuant davantage la proportion de feuillus dans le paysage. En conséquence, pour maintenir les deux espèces étudiées dans le paysage, il est nécessaire de limiter l’augmentation de la proportion de feuillus. Pour ce faire, il faudrait prendre en compte les zones forestières susceptibles de brûler lors de la planification des coupes, et planter des conifères plus adaptés à des feux fréquents, comme le pin gris, pour maintenir la proportion de conifères dans le paysage.
Dans le chapitre III, l’effet de la présence d’une mine ou d’une ligne hydroélectrique sur les composés d’intérêt médicinal de R. groenlandicum a été étudié. La présence de différentes mines (or, cuivre et lithium) entraîne une diminution de la concentration en (poly)phénols, des composés d’intérêt pour la santé humaine, dans les feuilles de l’espèce. À l’inverse, la présence d’une ligne hydroélectrique entraîne une augmentation des (poly)phénols. Cela implique que le potentiel médicinal de l’espèce serait diminué par les mines, et augmenté par les lignes hydroélectriques. Cependant, d’autres facteurs sont à considérer avant de conclure quant aux propriétés médicinales de R. groenlandicum. En effet, les perturbations peuvent être associées avec la présence de polluants néfastes pour la santé humaine. Cet aspect a donc besoin d’être évalué avant d’émettre de potentielles recommandations pour la santé humaine.
Dans le chapitre IV, l’effet de ces deux mêmes perturbations sur les composés d’intérêt nutritionnel de V. angustifolium a été étudié. D’autres éléments ont également été considérés pour obtenir un portrait plus complet de l’effet des perturbations sur cette espèce, à savoir les propriétés du sol et le microbiome du sol. La présence d’une mine ou d’une ligne hydroélectrique n’entraîne pas d’effet notable sur les composés d’intérêt nutritionnel de V. angustifolium. Cela peut s’expliquer par la production de composés différents d’une espèce à l’autre pour répondre aux perturbations. De plus, il est possible que les fruits soient exposés de façon différente aux perturbations que les feuilles. En revanche, les mines et les lignes hydroélectriques influencent les propriétés du sol et le microbiome du sol. Le sol à proximité des mines est plus concentré en métaux, notamment en cuivre et fer, résultant en une abondance plus élevée de microorganismes tolérants aux métaux tels que le genre de champignon Oidiodendron. Le sol sous les lignes hydroélectriques est pauvre en carbone, et contient divers débris ligneux, ce qui peut expliquer l’abondance plus élevée de microorganismes saprotrophes tels que la classe de bactérie Ktedonobacteria. Enfin, deux taxons bactériens se sont montrés prometteurs pour améliorer le potentiel nutritif et médicinal de V. angustifolium. Les classes Bacilli et Desulfitobacteriia, bien que n’étant pas affectées par les mines et lignes hydroélectriques, étaient liées à des concentrations plus élevées de (poly)phénols dans les fruits de V. angustifolium. En trouvant les conditions environnementales favorables à ces deux classes bactériennes, il serait possible d’optimiser leur abondance, et ainsi les concentrations en (poly)phénols des bleuets.
Cette thèse permet de mettre en lumière les effets complexes des perturbations sur les espèces d’importance culturelle, et la nécessité d’utiliser différentes approches pour les étudier adéquatement. En effet, les effets des perturbations sont multiples, peuvent interagir, et ne sont pas toujours facilement visibles au premier abord. De plus, les perturbations peuvent avoir des conséquences environnementales, mais également socio-culturelles, lorsqu’elles touchent des espèces utilisées par les autochtones par exemple. Il est donc important d’évaluer l’effet des perturbations sur les espèces végétales de façon complète afin de mieux comprendre les conséquences qui en découlent et de prendre les décisions adaptées pour limiter ces conséquences.
Transfert technologique
- Patrice Blaney, Guillaume Grosbois, Guillaume Grosbois, Pascal Sirois. Vivre vite, mourir jeune » : comment la dégradation des lacs de rouyn-noranda altère-t-elle le cycle vital du doré jaune? 2025 21(1) p. 16-17
- Clemence Pierrard, Geneviève Lavoie, Maxence Martin, Maxence Martin, Maxence Martin, Maxence Martin, Yves Bergeron. Migration des espèces d’arbres vers le nord : déconstruire les idées reçues. 2025 21(1) p. 22-23
- Lucas Chambon, Maxence Martin, Maxence Martin, Maxence Martin, Maxence Martin, Osvaldo Valeria, Patricia Raymond. Carnet d’un voyage temporel dans les vieilles forêts du Lac Duparquet. 2025 21(1) p. 33
- Maisa De Noronha, Yves Bergeron, Martin Leduc. Les feuillus : un rempart naturel pour ralentir la paludification des jeunes aux vieilles forêts boréales. 2025 21(1) p. 36
- Annie-Claude Malenfant, Xavier Cavard, Xavier Cavard, Xavier Cavard, Fabio Gennaretti. Saviez-vous que les sols respirent? 2025 22(2) p. 27
- Laima Liulevičius, Nicole J. Fenton, Nicole J. Fenton, Nicole J. Fenton, Nicole J. Fenton. Résurrection dans l'Arctique 2025 22(2) p. 39
- Raphaël Grellety, Maxence Martin, Maxence Martin, Maxence Martin, Maxence Martin, Timothy Work, Gabriel Pigeon. Un jour dans la carapace d'une araignée 2025 22(2) p. 48
- Mélissande Nagati, Mélissande Nagati, Mélissande Nagati. La recherche étudiante, toute une aventure! 2025 22(2) p. 9
- Jethro Katula Mumvudi, Osvaldo Valeria, Valentina Buttò, Valentina Buttò. Cuisine en sous sol : les ingrédients nécessaires à la croissance de l'érable à sucre et du bouleau jaune. 2025 22(3) p. 24
- Nesrine Tlili, Nicole J. Fenton, Nicole J. Fenton, Nicole J. Fenton, Nicole J. Fenton, Christine Martineau. Les mousses et leur symbiose bactérienne jouent une nouvelle partition : adaptation face à la poussière minière. 2025 22(3) p. 44
- Sudha Ghimire, Nicole J. Fenton, Nicole J. Fenton, Nicole J. Fenton, Nicole J. Fenton, Osvaldo Valeria. Comment les feux de forêt et la récolte façonnent-ils les communautés végétales du sous-bois? 2025 22(3) p. 8
- Marie-Ève Jarry, Maxence Martin, Maxence Martin, Maxence Martin, Maxence Martin, Osvaldo Valeria, Martin Barrette. Cartographier l’invisible : la biodiversité sous la canopée. 2025 22(4) p. 22-23
- Varina Crisfield, Nicole J. Fenton, Nicole J. Fenton, Nicole J. Fenton, Nicole J. Fenton. Pourquoi y a-t-il autant de mousses en forêt boréale? 2025 22(4) p. 33
- Yves Bergeron, Victor Danneyrolles, Victor Danneyrolles, Victor Danneyrolles. Augmentation des feux dans la forêt boréale canadienne : franchissons-nous les limites historiques ? 2025 22(4) p. 48-49
- Ange-Marie Botroh, Yves Bergeron, Xavier Cavard, Xavier Cavard, Xavier Cavard, David Paré. Recherche : produire du bois et stocker du carbone : c’est possible! 2025 22(4) p.8
- Jonanthan Cazabonne, Jonanthan Cazabonne, Maxence Martin, Maxence Martin, Maxence Martin, Maxence Martin, Mélanie Roy. Au-delà de nos assiettes : pourquoi les champignons sont-ils bien plus qu’une histoire de comestibilité ? 2025 p. 22(3) p. 38
