Les pratiques forestières intensives telles que la coupe totale peuvent entraver le rétablissement à long terme de la biodiversité, en particulier la biodiversité saproxylique (dépendante du bois mort). La coupe partielle laisse certains arbres au moment de la récolte, en imitant les perturbations naturelles telles que les chablis ou les épidémies d'insectes. Cela peut permettre le dépôt à long terme de bois mort dans un peuplement et le rétablissement de la biodiversité saproxylique. Nous avons évalué si une coupe partielle d'intensité élevée et faible effectuée dans des peuplements de feuillus au stade de succession précoce, ainsi qu'une coupe partielle d'intensité moyenne effectuée selon différents schémas de coupe dans des peuplements mixtes au stade de succession intermédiaire, permettraient le rétablissement des communautés de coléoptères saproxyliques vingt ans après la récolte. Nos travaux ont été réalisés dans le cadre du projet Sylviculture et Aménagement Forestier Écosystemique (SAFE) dans la Forêt d'Enseignement et de Recherche du Lac Duparquet (FERLD) dans la région boréale mixte de l'ouest du Québec, Canada. Dans les peuplements de feuillus (SAFE 1), à l'hiver 1998-1999, les traitements de récolte suivants ont été répliqués sur 3 blocs de 1 à 3 ha : 1) coupe totale, 2) coupe totale avec brûlage dirigé, 3) coupes partielles dispersées où 2/3 des arbres ont été enlevés (CP2/3) et 4) coupes partielles dispersées où 1/3 des arbres ont été enlevés (CP1/3). Dans les peuplements mixtes (SAFE 3), en 2000-2001, des coupes par trouées de 40%, des coupes dispersées de 40% et des coupes totales ont également été reproduites sur 3 blocs mesurant 1-3 ha. En 2019, nous avons échantillonné du bois mort sur des transects triangulaires (30m de côté) dans chaque bloc de SAFE 1 et 3. En 2019, nous avons installé des pièges d'interception de vol IBL dans SAFE 1 et capturé et identifié 4 842 coléoptères saproxyliques représentant 216 espèces. En 2021, nous avons installé les mêmes pièges dans SAFE 3 et capturé 3 812 coléoptères saproxyliques représentant 185 espèces. En comparant l'abondance, la richesse et la composition de la communauté des coléoptères saproxyliques entre les traitements dans chaque site SAFE, nous avons observé que 20 ans après la récolte, l'abondance globale des coléoptères saproxyliques s'est rétablie dans les CP1/3 au sein des peuplements de feuillus, ainsi que dans les coupes partielles par trouées et dispersées de 40% et les coupes totales dans les forêts mixtes. L'abondance des fongivores était plus faible dans tous les traitements de coupe dans les peuplements de feuillus et mixtes, et l'abondance des xylophages était significativement plus faible dans les coupes totales comparée aux peuplements non coupés. Toutes les guildes alimentaires avaient une abondance réduite dans 2/3 des coupes de feuillus à l'exception des prédateurs. La richesse en espèces dans les coupes partielles était similaire à celle des peuplements témoins non coupés dans les peuplements feuillus et ne différait pas entre les traitements non coupés et témoins dans les peuplements mixtes. La composition de la communauté dans les peuplements de feuillus était similaire entre les peuplements non coupés et les CP1/3 et similaire dans les traitements appliqués dans les peuplements mixtes. Le volume global de bois mort était positivement lié avec l'abondance globale des coléoptères saproxyliques et l'abondance des fongivores et des xylophages dans les peuplements de feuillus. Nous avons conclu que des intensités de récolte partielle de 1/3 à 40% permettent le rétablissement de la plupart des coléoptères saproxyliques 20 ans après la récolte, quel que soit le schéma de coupe (par trouée ou dispersé) si les traitements de coupe sont suffisamment petits (troués d'environ 400 m2 ou coupes dispersées de ≤50% dans des blocs de 1 à 3 ha). Parce que la réponse entre les guildes alimentaires est variable, les stratégies de conservation pour divers types de faune devront mieux comprendre à quelles variables environnementales ils réagissent. Une récolte partielle de ≤50% est recommandée comme alternative à la coupe à blanc permettant une certaine extraction des ressources parallèlement à la restauration de la biodiversité saproxylique.