Dans les paysages aménagées de la forêt boréale du Québec, les habitats linéaires, comme les
séparateurs de coupe et les bandes riveraines, sont laissés afin de réduire les effets visuels des
coupes ainsi que pour protéger la qualité de l’eau des milieux aquatiques. Ces fragments
forestiers sont aussi des éléments importants pour la conservation des attributs
caractéristiques des forêts matures et surmatures. Dans ces habitats linéaires, la présence des
bordures est un facteur important qui peut modifier la structure forestière originale qui
existait avant la création d’une bordure.
Le premier chapitre de ce mémoire porte sur la structure forestière générale des habitats
forestiers résiduels, dont les habitats linéaires tels que les séparateurs de coupe et les bandes
riveraines. Les résultats indiquent qu’il existe peu de différences dans la structure forestière
entre les fragments forestiers qui présentent une seule bordure en comparaison avec les
habitats linéaires, qui ont deux bordures rapprochées. Ce sont les bandes riveraines qui
présentent la plus grande similitude avec les conditions des forêts continues; tandis que les
séparateurs de coupe sont les plus éloignés.
Le deuxième chapitre aborde les effets de bordures sur la structure végétale des fragments
forestiers, afin de déterminer la distance d’influence de la bordure. Dans les habitats qui
présentent seulement une bordure, il existe une influence de bordure jusqu’à 30 m de la
bordure. Alors que dans les habitats linéaires, les effets de bordures sont omniprésents sur
toute la surface de ces corridors.
Au troisième chapitre, l’interaction des effets des deux bordures rapprochées sur la structure
forestière a été évaluée en utilisant des modèles d’influence des bordures. En utilisant ces
modèles, il a été possible de prévoir une influence plus grande des bordures rapprochées,
résultant de leur interaction. Un effet d’interaction des bordures a été possible pour toutes les
variables évaluées, sauf pour l’abondance des arbres vivants. Une comparaison des modèles
aux données empiriques, indique toutefois que les effets combinées de bordures sont
principalement associées à la couverture de la canopée des habitats linéaires.
Cette étude montre que la structure de la végétation des habitats linéaires est affectée par les
effets des bordures et que ces effets sont amplifiés par une interaction des bordures doubles.
La largeur de ces habitats linéaires ne semble donc pas être appropriée pour soustraire ces
habitats des effets de lisières ainsi que pour assurer l’intégrité des conditions structurales
d’habitat des forêts de stades successionnels avancés des écosystèmes boréaux. Néanmoins
les habitats linéaires conservent des attributs qui atténuent leurs différences de structure
forestière avec l’intérieur des forêts continues. Ainsi, sans être optimales, ces conditions
structurales se rapprochent davantage de celles qui prévalent à l’intérieur des forêts
continues. Ce travaille indique que ces habitats linéaires peuvent jouer un rôle fonctionnel
dans le maintien de la diversité biologique pour la faune et la flore forestière associées aux
forêts âgées, mais que ce rôle serait consolidé si les habitats de rétention dans les aires de
récoltes étaient plus larges et de forme moins linéaire. © 2005 UQAM tous droits réservés.