La fragmentation du paysage par les grandes agglomérations de coupes a entraîné une diminution des forêts âgées, une raréfaction des grands massifs forestiers et une homogénéisation de la configuration de la forêt résiduelle sous forme linéaire. Les objectifs de l’étude sont d’évaluer les effets de la forme et de la taille des habitats résiduels de grandes agglomérations de coupes (séparateurs de coupe ou îlots forestiers) ainsi que leur isolement (distance aux grands massifs forestiers) sur un groupe focal de 8 espèces aviaires spécialistes d’attributs des forêts âgées (Grimpereau brun, Grive à dos olive, Mésange à tête brune, Pic à dos noir, Pic à dos rayé, Roitelet à couronne dorée, Sittelle à poitrine rousse, Troglodyte des forêts). Nous avons mesuré l’occurrence des espèces du groupe focal dans 193 sites situés dans des habitats résiduels d’agglomérations de coupes ainsi que dans des massifs forestiers (? 30km2), au nord du Saguenay-Lac-Saint-Jean au cours des étés 2011 et 2012. Puisque les espèce n’occuppent pas toujours un habitat de qualité, nous avons également évalué ces objectifs sur un indice de l’activité reproductrice des espèces du groupe focal, soit l’abondance de groupes familiaux pour 5 des espèces du groupe focal dans un sous-échantillon de 59 sites. Des analyses par sélection de modèles avec le critère d’information d’Aikaike ont été effectuées sur la richesse spécifique (modèles linéaires mixtes généralisés) et l’occurrence de chaque espèce du groupe focal (modèle d’occupation de sites à une saison) ainsi que sur l’abondance de chaque espèce des groupes familiaux (modèles linéaires mixtes généralisés). Les résultats de cette étude montrent que la forme et la taille des habitats résiduels ainsi que leur distance aux massifs forestiers ne semblent pas contraindre l’occupation des habitats résiduels des paysages aménagés ou leur activité reproductrice. L’occupation des habitats résiduels des espèces d’oiseaux associées aux forêts âgées et l’abondance de leurs groupes familiaux sont davantage influencées par la quantité d’attributs structurels de la végétation à l’échelle locale. En conclusion, une stratégie de rétention qui combine massifs de forêts et habitats résiduels à l’intérieur du spectre de distance analysé dans cette étude paraît prometteuse pour le maintien des populations d’oiseaux associés aux forêts âgées dans les paysages aménagés.