Les indicateurs écologiques servent d'outil pour évaluer l'état de la biodiversité et son changement suite à des perturbations, comme la récolte forestière. Les picidés ont un fort potentiel comme indicateurs, étant très sensibles aux opérations forestières. Les impacts de l'aménagement forestier sur les picidés sont donc susceptibles de s'appliquer aussi sur une portion plus large de la communauté d'oiseaux forestiers. L'objectif principal de cette étude était d'évaluer la valeur des pics comme indicateurs de la diversité aviaire dans les habitats résiduels linéaires des agglomérations de coupes selon des conditions d'aménagement forestier occupant de grandes unités territoriales de plusieurs centaines de km2. Trois dénombrements des passereaux par point d'écoute et des pics par repasse de cris et tambourinements (« playback »), un inventaire des signes de nidification des pics ainsi qu'un inventaire de végétation ont été menés en Abitibi dans 100 stations réparties dans des habitats résiduels linéaires et des massifs de forêts non aménagés. Nos résultats soulignent que les pics ont un statut d'indicateur de la richesse des oiseaux associés aux forêts matures dans les paysages forestiers naturels en forêt boréale de l'est du Canada. Toutefois, ce rôle est altéré (relation négative) par la perte nette du couvert forestier et la configuration linéaire des habitats résiduels dans les agglomérations de coupes, rendant les pics moins fiables pour statuer sur la richesse des autres oiseaux associés à la forêt mature dans un contexte de paysages aménagés. Bien que les picidés montrent un potentiel d'indicateurs écologiques de la diversité aviaire en forêt naturelle, leur utilité doit se traduire par une réduction du temps lié à un inventaire complet des passereaux forestiers occupant un milieu. Or, déterminer l'occupation des habitats par les pics par la recherche systématique de cavités actives au moyen de caméras télescopiques est un travail très exigeant et énergivore. L'objectif complémentaire de cette étude était donc d'évaluer la fiabilité d'un outil alternatif pour mesurer la présence des pics, soit le « playback ». Nos résultats montrent que le nombre d'espèces de pics détecté par « playback » est relié au nombre d'espèces qui défendent des cavités actives. Le « playback » permet donc de bien prévoir l'activité reproductrice des pics, notamment dans les forêts naturelles. Même s'il est moins performant pour le suivi des pics dans les forêts résiduelles des paysages aménagés, le « playback » demeure une approche d'inventaire fiable de l'activité reproductrice des pics qui a l'avantage de permettre la couverture extensive de grands territoires, ce que ne peut faire une méthode de recherche active de cavités.