Du 7 au 10 mai 2023, j’ai eu le grand plaisir d’assister au colloque annuel de l’Union géophysique canadienne entouré des sommets des Rocheuses autour de Banff. Les quelques gouttes de pluie qui sont tombées ont donné une raison supplémentaire de rester dans les salles de conférences. Mais s’il y avait un beau soleil, je serais quand même resté sur ma chaise, tellement il y avait des choses interessantes. Comme tout colloque, la richesse de l’expérience vient de la diversité des thématiques et des participants. C’était une belle occasion d’apprendre sur les paramètres de fonte des combes de neige et du pergélisol en altitude, le cycle de méthane dans des réservoirs d’eau pour vaches, les movements tectoniques du continent nord-américain, les effets de la déposition azotique d’origine anthropique en arctique, les enjeux liés à la collecte de données hydrologiques par drone et encore d’autres.
De plus, presque la moitié des communications ont abordé les tourbières : les cycles de carbone (CO2, CH4), de sulfate, de mercure et d’azote, les interactions hydrologiques entre tourbières et forêts environnantes en présence d’activités humaines (coupes, drainage, reboisement et d’autres), les projets de restauration de tourbières dans l’ouest canadien après exploitation pétrolière, les efforts pour homogénéiser les informations au niveau continental et le fonctionnement hydrologique des petites surfaces tourbeuses dans le sud d’Ontario. Les échanges en coulisse ont permis à chacun de découvrir des particularités des tourbières des différents contextes géologiques du Canada. Ma propre communication, avec son approche botanique, s’est montrée particulièrement stimulante pour les autres chercheurs ayant travaillé sur les tourbières des Basses-Terres de la Baie de Hudson entre le Manitoba et le Québec.
S’il y a des conclusions à faire à partir de mes observations, je commencerais à souligner le fait que la complexité des systèmes tourbeux permette à chaque discipline de trouver son compte. Les hydrologues s’extasient sur l’eau, les podologues sur la tourbe et les botanistes sur les végétaux. Au même temps, les particularités de ce système obligent les chercheurs d’aller à l’encontre des autres disciplines. Comme le soulignait Pete Wittington de Brandon University au Manitoba, ce sont des milieux humides qui sont dominés par un sol (la tourbe), qui n’en est pas un, et une litière (aussi la tourbe), qui est plus vivante que morte. Une autre conclusion, surtout partagée par ceux qui connaissent les Basses-Terres de la Baie-James, est l’importance et l’urgence de mettre en place des programmes de surveillance coordonnés malgré les obstacles liés aux différentes jurisdictions provinciales du Manitoba, de l’Ontario et du Québec. Peut-être la plus marquante était l’ampleur grandissante d’une conscience collective autour de l’importance des tourbières sur les plans écologiques, politiques et socio-économiques.
Enfin et en guise de récompense pour ces journées passées en salle, le soleil s’est pointé le lendemain de la cérémonie de clôture pour nous laisser une journée ensoleillée de randonnée en haute montagne.
Je dois toute ma reconnaissance au CEF et à la chaire industrielle sur la biodiversité en contexte minier de l’UQAT pour avoir rendu possible cette expérience et à la Société québécoise de bryologie pour sa générosité en m’accordant l’honneur d’être le premier récipiendaire de la nouvelle bourse Jean Faubert.
Puis, tout compte-rendu de Banff ne sera pas complet sans une photo de paysage…
Marc-Frédéric Indorf