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Des échanges intéressants au colloque sur la paix des Braves!

Par : Chaire AFD | Publié le : 2009-09-21

Colloque Paix des Braves, 10-11 septembre 2009

Ce colloque organisé conjointement par l’Association forestière de l’Abitibi-Témiscamingue et la chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en aménagement forestier durable a réuni près de 155 personnes à Lebel-sur-Quévillon afin de tracer un bilan sur les 7 premières années de l’entente de la paix des braves. Le colloque visait également à confronter les nouveaux concepts d’aménagement à ceux en vigueur dans l’entente. L’intérêt des participants était très grand, l’atmosphère était favorable aux échanges et les discussions sont allées bon train au cours des deux journées bien remplies en informations fort pertinentes.

M. Bernard Landry, ex-premier ministre du Québec et signataire de l’entente en 2001, a ouvert la conférence en décortiquant le contexte qui a mené à la signature de l’entente de la Paix des Braves. Il a notamment souligné le fait que le territoire touché par l’entente était commun à la nation crie et le Québec et que les discussions au sujet des ressources communes ont eu lieu dans un climat de respect et d’intérêts mutuels. Il a rappelé que l’entente a mit fin à plus de 25 ans de bataille juridique entre les deux nations.

Jean-Pierre Gauthier du conseil Cris-Québec, a ensuite abordé plus en détail le contenu du chapitre 3 de l’entente portant sur la foresterie. L’objectif, a-t-il rappelé, était alors d’adapter le régime forestier afin d’intégrer les préoccupations des Cris et accroitre leur participation. Il a d’ailleurs souligné le besoin de suivi de l’atteinte des objectifs visés par les différentes modalités mises en place. Le conseil Cris-Québec a comme mandat de faire le suivi de la mise en œuvre de l’entente et non de l’atteinte des objectifs.

Colloque Paix des Braves
Photo: Isabelle Boulianne

Simon St-George du MRNF a présenté le mandat et le fonctionnement des groupes de travail conjoints dont il est le coordonateur. Les groupes de travail ont pour mandat de veiller à l’application du régime adapté, de favoriser l’échange d’information entre les parties prenantes (notamment les compagnies forestières), de fournir un support lors des consultations et d’agir à titre d’analyste ou de médiateur lorsqu’il y a conflit d’usage.

Daniel Bourgault de Tembec a présenté les contraintes engendrées par l’entente du point de vue industriel. Il a abordé le point positif de l’entente (recette facile à suivre) et un bon nombre d’aspects négatifs. Parmi ceux-ci notons l’application à grande échelle de la coupe mosaïque qui entraine un déploiement plus important du réseau routier, l’aspect contraignant des règles de récolte, les délais dans la détermination des territoires d’intérêt particulier (1%) et d’intérêt faunique (25%) qui a engendré la modification des nombreux plans d’aménagement.

Pierre Drapeau
Pierre Drapeau. Photo: Isabelle Boulianne

Louis Imbeau
Louis Imbeau. Photo: Isabelle Boulianne

En après-midi, Pierre Drapeau et Louis Imbeau de la Chaire AFD ont tracé l’historique des évènements et de l’acquisition de connaissance qui ont mené au développement de l’approche écosystémique. En réponse aux grandes préoccupations des Cris envers les enjeux fauniques, ils ont également présenté les impacts de certaines pratiques forestières sur quelques espèces.

Alexandre Boursier de Rain forest alliance/Smart Wood a quant à lui présenté les défis liés à l’obtention d’une certification FSC dans le territoire de la paix des braves. Alors que l’entente facilite l’engagement de la communauté, le processus de consultation et l’identification des sites d’intérêt, cette dernière ne facilite pas un aménagement qui s’inspire du modèle du paysage qui se trouvait dans la forêt préindustrielle. Cette conférence a clôt la première journée du colloque.

La deuxième journée a débuté par un mot d’accueil de la part de Denys Lemoyne, de la Société de développement économique de la Baie-James. Il a souligné, pour sa part, qu’il reconnaissait les avantages de l’entente de la paix des Braves à l’échelle nationale mais qu’il subissait davantage les inconvénients à l’échelle régionale. Son allocution a été suivie de celle de la nouvelle directrice de la Commission Régionale des Ressources naturelles et du territoire de la Baie-James, madame Johanne Morasse, qui a présenté les membres ainsi que le fonctionnement de la CRRNTBJ.

La vision de l’aménagement écosystémique du MRNF a été expliquée par Monsieur Jean-Pierre Jetté dans une présentation très éloquente. Il a insisté sur l’importance de conserver la viabilité des écosystèmes afin de maintenir le potentiel économique. Ainsi, la diversification de la sylviculture, le maintien d’un couvert forestier ou de massifs ainsi qu’une meilleure spatialisation des interventions pourraient permettre de conserver des écosystèmes sains et résilients.

Sonia Légaré et Brian Harvey
Sonia Légaré et Brian Harvey. Photo: Isabelle Boulianne

Sonia Légaré, spécialiste en écologie forestière chez Tembec, a présenté le projet-pilote d’aménagement écosystémique (ce projet est l’un des trois projets pilotes actuellement en cours dans la province). Quoi que non situé sur le territoire de la paix des Braves, l’unité d’aménagement en question présente des défis d’aménagement similaire à ceux du territoire touché. L’expérience, qui a requis énormément de travail, a été fructueuse pour l’entreprise puisque celle-ci a réussi à certifier ce territoire avec la norme FSC et peut maintenant vendre son bois certifié à un meilleur prix.

Le colloque s’est terminé avec une activité sous le principe du jeu « Il va y avoir du sport ». Pour ou contre l’aménagement écosystémique en territoire de la paix des braves? Sonia Légaré de Tembec et Brian Harvey de la Chaire AFD ont défendu le camp du Oui tandis que Nicolas Lecomte de Valeur nature et Jean-François Côté de la firme de consultants DGR ont porté les couleurs du camp du Non dans un débat animé par René Roy. Les participants ont bien défendu leur position et bien que l’aménagement écosystémique jouisse présentement d’une bonne presse, de nombreuses questions demeurent quant à l’applicabilité de ce concept.

La participation de la nation crie a malheureusement été absente de l’événement et trois conférences ont dû être annulées à la dernière minute. Toutefois, d’autres communautés autochtones, notamment Algonquines, ont participé avec beaucoup d’intérêt à l’ensemble des échanges. Les organisateur espèrent pourvoir revenir sur le sujet dans un avenir proche en espérant compter sur une participation plus importante des Cris. Somme toute, le colloque a été un grands succès autant pour les organisateurs que pour les participants. Merci à la Ville de Lebel-sur-Quévillon pour l’accueil chaleureux.

Vous pouvez consultez l’ensemble des présentations sur le site internet de l’AFAT

Source:
Marie-Eve Sigouin, Ing.F. M.Sc. Biol.