Après avoir soutenu son doctorat en France en 2013, Morgane Urli effectue plusieurs post-doctorats en écologie des communautés avec Mark Vellend (UdeS) et en sylviculture avec Nelson Thiffault, Alain Leduc et Yves Bergeron (DRF, UQAM) de 2013 à 2018. Depuis 2018, elle s’intéresse à la vulnérabilité des forêts à la sécheresse comme professionnelle de recherche avec Alison Munson, Steeve Pépin (ULaval) et Catherine Périé (DRF), puis en tant que professeure en écologie forestière à l’UQAM.

Résumé de la présentation : 

Les projections climatiques montrent des modifications de la quantité, du type et de la distribution saisonnière des précipitations, ainsi qu’une augmentation de la sécheresse atmosphérique en raison de l’augmentation des températures. Il est crucial d’évaluer la vulnérabilité des forêts aux sécheresses afin de prédire les espèces et populations les plus à risque de déclin (ralentissement de la croissance, dépérissement, mortalité, difficultés de régénération). Les arbres répondent à la sécheresse en fermant leurs stomates afin de maintenir leur potentiel hydrique au-dessus d’un seuil critique. La fermeture des stomates modifie l'équilibre entre le gain de carbone et la perte d'eau. Plus la sécheresse dure, plus l'arbre risque de mourir d’appauvrissement en ressources carbonées. Plus le potentiel hydrique diminue, plus le risque de propagation de l’embolie augmente. Ainsi, des combinaisons spécifiques aux espèces de dysfonctionnement hydraulique et d’appauvrissement en ressources carbonées sont les principaux mécanismes de la mortalité des arbres due à la sécheresse associés à une vulnérabilité accrue aux attaques biotiques secondaires. Toutefois, d’importantes questions restent en suspens sur les mécanismes physiologiques conduisant au dépérissement des arbres induits par la sécheresse et sur la façon dont les différentes stratégies adaptatives à la sécheresse, en interaction avec les caractéristiques de la sécheresse (intensité, durée et fréquence) ou d'autres stress biotiques et abiotiques, affectent la vulnérabilité des arbres pendant la sécheresse. L’objectif à long terme de mon programme de recherche est d’évaluer et de surveiller la vulnérabilité des forêts naturelles ou plantées, face aux changements climatiques. À court terme, mes travaux se concentrent sur les forêts boréales et tempérées nordiques à travers des expérimentations contrôlées et sur le terrain. Je réalise cet objectif via notamment l’étude de différents traits fonctionnels (comme la vulnérabilité à l’embolie) liés aux capacités adaptatives des arbres à la sécheresse qui est une approche prometteuse pour comparer la sensibilité des espèces à la sécheresse. En effet, ces derniers sont peu documentés pour les forêts boréales et tempérées nordiques, notamment en ce qui concerne leur variation intraspécifique (entre organes et entre stades de vie de l’arbre) et de l’effet d’autres stress environnementaux. Dans le cadre de l’aménagement d’adaptation des forêts aux changements climatiques, les praticiens de la forêt sont encouragés à se fier aux traits fonctionnels pour les aider à choisir les espèces à promouvoir ou à contrôler. Une meilleure connaissance de ces traits et de leur variabilité est critique pour leur permettre de prendre des décisions éclairées.