La répartition des espèces d’oiseaux en forêt boréale a longtemps été modelée par les perturbations naturelles y ayant cours, comme les feux ou les épidémies d’insectes. La coupe totale pratiquée de manière extensive ces dernières décennies représente une perturbation importante à laquelle les populations d’oiseaux ont été nouvellement confrontées. Certaines espèces ont des besoins spécifiques en matière d’habitat et sont restreintes aux forêts matures et surmatures, dont la quantité diminue progressivement dans les territoires aménagés. L’introduction des coupes partielles dans les stratégies d’aménagement forestier pourrait s’avérer être une bonne alternative à l’approche traditionnelle centrée sur les coupes totales pour un meilleur maintien de la variété des écosystèmes de la forêt boréale. Ces coupes visent à produire des peuplements à structure semblable à celle retrouvée en forêt âgée et ainsi à conserver la diversité biologique y étant associée. De plus en plus d’études portent sur l’effet de telles coupes sur les oiseaux, mais très peu ont été menées dans l’Est de l’Amérique du Nord. Leurs recommandations ne peuvent alors être directement suivies puisque les espèces n’occupent pas toujours la même niche écologique d’une région à l’autre. Dans ce mémoire, nous avons étudié l’effet des coupes partielles sur les communautés d’oiseaux en pessière à mousses de l’Ouest du Québec, sur le territoire de la municipalité de la Baie James (49o58 ’N ; 76o22’ O). Quatre parcelles d’une moyenne de 54 hectares, provenant de la portion non coupée d’un système de coupe en mosaïque furent sélectionnées. Ces parcelles ont été isolées il y a plus de dix ans par une récolte en coupe totale adjacente. À l’automne 2002, les parcelles ont subi un traitement de coupe partielle récoltant 48% de leur surface terrière (30 % du volume marchand) sur le tiers de leur superficie. Nous avons recensé les oiseaux par points d’écoute dans les traitements (46 stations) ainsi que dans un secteur témoin non coupé de 272 hectares (50 stations) l’été précédant et l’été suivant la coupe. De plus, afin d’obtenir des indices sur l’activité reproductrice des oiseaux, nous avons procédé au suivi de groupes familiaux le long de transects en juillet 2003 dans les sections coupées des traitements (32 transects) et le témoin (26 transects). Nous avons également mesuré les caractéristiques de la végétation (nombre d’arbres morts de plus de 5 cm, surface terrière et recouvrement des strates de végétation) dans des quadrats (384 m²) centrés sur les points d’écoute de façon à pouvoir estimer l’ampleur des coupes partielles. Bien que plusieurs espèces d’oiseaux soient associées aux forêts fermées et auraient alors dû être affectées par l’ouverture de la voûte, la plupart des espèces forestières ont fait preuve d’une grande tolérance aux perturbations. Cependant, le Roitelet à couronne dorée (Regulus satrapa) a montré une baisse marquée de son abondance suite à la coupe. Nous avons aussi observé des effets de la coupe sur les espèces généralistes et de milieu ouvert, la plupart ayant profité des ouvertures créées par les trouées générées par la coupe partielle. Nos résultats indiquent également que l’activité reproductrice (nombre de contacts avec des groupes familiaux) montre une tendance non significative à être plus faible dans les forêts coupées partiellement. Nos résultats suggèrent qu’à court terme et pour un rayon de 50 mètres du point d’écoute dans la région de l’étude, la pratique de coupes partielles serait prometteuse pour la faune aviaire. Toutefois, un suivi à plus long terme de l’abondance et de l’activité reproductrice des oiseaux est nécessaire pour mesurer la portée de cette pratique sur le maintien des populations d’oiseaux associés aux forêts matures et surmatures. Enfin, pour considérer les espèces plus sensibles comme le Roitelet à couronne dorée dans un plan d’aménagement écosystémique, la pratique de coupes
partielles devrait être combinée à d’autres stratégies qui incluront la conservation de massifs de forêts qui comportent un couvert plus fermé de la voûte. © 2005 UQAM tous droits réservés.