Les écosystèmes produisent des services qui profitent aux humains (santé, sécurité,
milieu de vie et relations sociales agréables, etc.). La protection de la biodiversité
s’avère nécessaire au maintien de ceux-ci. Malheureusement, dans la Plaine du haut
Saint-Laurent (PHSL) on constate une forte perte d’habitat causée par une
surexploitation des ressources ligneuses, une agriculture intensive et une forte
urbanisation. À cette perte d’habitat s'ajoute une fragmentation des populations
d’espèces qui deviennent plus sensibles aux perturbations locales et donc susceptibles
à la disparition locale. Une dynamique de métapopulation où il y a une constante
colonisation des individus issus des îlots «sources» vers des îlots «puits» aide par
contre ces populations à se stabiliser et à durer dans le temps. La connectivité entre
les îlots résiduels de forêt s’avère donc essentielle aux espèces qui y vivent. Un
réseau écologique est une solution mise de l’avant pour établir une telle connectivité.
Celui-ci est doté de trois composantes : la zone de conservation, le corridor et la zone
tampon. Le deuxième comporte plusieurs types (corridor pas-à-pas, corridor
d’habitats, mosaïque d’habitats) et peut parfois créer des effets négatifs. Différentes
méthodes de conception existent pour concevoir le réseau écologique de la Ceinture
Verte de Montréal. Cet essai s’intéresse aux enjeux reliés aux différentes approches
de conception d’un réseau écologique pour le territoire de la région naturelle de la
PHSL afin de concrétiser la Ceinture Verte de Montréal et propose une solution face
à ces enjeux. En premier lieu, il existe des méthodes dites plus «scientifiques» :
Gonzalez et al.(2013) et de Gauthier (2014). L’une basée sur la modélisation et
l’autre sur les inventaires terrains, ces deux méthodes n'intègrent pas dans leur
démarche les choix et les contraintes qui émergent des réalités sociales, politiques et
administratives du milieu. L’enjeu est donc la place laissée aux acteurs sociaux lors
de la conception d’un réseau écologique. En deuxième lieu, il y a les méthodes dites
de planification du «bas vers le haut» : Cormier et al. (2012) et la Trame verte et
bleue de la Communauté Métropolitaine de Montréal (CMM, 2012). Ces deux
méthodes conçoivent le réseau écologique à partir des contraintes locales
(sociopolitiques et biophysiques), mais comportent certaines faiblesses d'un point de
vue scientifique. Le deuxième enjeu est donc l’adoption d’une approche de
planification basée sur la connectivité fonctionnelle et une planification à l'échelle
régionale. En guise de solution et pour résoudre ces deux enjeux, l’approche proposée
par le Conseil régional de l'environnement du Centre-du-Québec (CRECQ, 2014)
structure en huit étapes le travail conjoint d’un groupe de concertation de membres de
la communauté et d’un comité d’experts scientifiques et techniques. Au bout du
compte, cet essai a démontré qu’une approche interdisciplinaire intégrant une
démarche socioadministrative et scientifique était nécessaire pour concevoir un
corridor écologique de manière complète et satisfaisante. De nouvelles critiques
émergeront probablement à l’égard de l'approche du CRECQ au cours des prochaines
années, mais elle restera une source importante d'inspiration.