Une quantité importante de carbone dans les sols vient du bois mort mais son rôle dans la séquestration du carbone à long terme, comparativement à celui des litières de feuilles, n’est pas bien documenté dans les forêts boréales de l’Est du Canada. Les objectifs de cette étude étaient de caractériser et de comparer les patrons de perte de masse et les changements dans la composition chimique du bois mort et des litières de feuilles du peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx.), de l’épinette blanche (Picea glauca (Moench) Voss) et du sapin baumier (Abies balsamea (L.) Mill.) pendant une période d’incubation in situ de 5 à 6 ans, au moyen de sacs de litières, d’analyses par résonance magnétique nucléaire du 13C en phase solide et de la quantification des monomères de lignine par oxydation à l’oxide de cuivre. La limite maximale de décomposition des litières de feuilles et du bois mort était similaire, mais les litières de feuilles se décomposaient plus rapidement, atteignaient la limite maximale de décomposition estimée et convergeaient vers une composition riche en carbone alkyle, phénolique et carbonyle. Au contraire, le bois n’atteignait pas la limite maximale de décomposition estimée, subissait peu de changements chimiques et conservait une teneur élevée en cellulose. A la fin de l’expérimentation, le bois de peuplier faux-tremble avait toujours une concentration en lignine plus faible que celle des conifères, mais des concentrations plus élevées en carbone alkyle et carbonyle. Alors que le bois contribue à augmenter la diversité chimique de la couverture morte, les litières de feuilles, qui conservent un contenu plus élevé en composés alkyles tout au long de la décomposition, pourraient générer une matière organique résiduelle plus récalcitrante.