Début mars 2023, une équipe de chercheurs et étudiants du Laboratoire International de Recherche sur les Forêts Froides a foulé la glace de cinq lacs du Parc national d’Opémican en collaboration avec la Sépaq. Les chercheurs de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), de Ressources Naturelles Canada (RNCan) et de l’Université de Montpellier (UM) souhaitent étudier la dynamique passée des pinèdes à pin rouge (Pinus resinosa Ait.) et à pin blanc (Pinus strobus L.) en forêt tempérée nordique, afin de mieux appréhender la dynamique future de ces essences face aux changements climatiques. Ce projet de recherche contribuera à répondre à des enjeux de conservation liés au pin blanc et au pin rouge dans la région d’étude.
Le parc national d’Opémican est composé de nombreuses pinèdes dont on sait qu’elles dépendent étroitement des feux pour s’établir et se régénérer. Au cours des derniers siècles, la proportion de pins au sein du paysage a décliné, notamment en raison de la surexploitation associée à une politique de suppression des feux. Pour mieux comprendre les liens entre les régimes de feux et la dynamique d’établissement et de succession des pinèdes, l’équipe de recherche souhaite mettre en lumière les interactions entre les feux, les pinèdes et le climat au cours des derniers millénaires. Après une première campagne de terrain concluante au Parc national de la Mauricie en 2022, l’équipe s’est cette fois rendue au Témiscamingue.
L’objectif de la mission : extraire des sédiments de lacs de quelques hectares afin de reconstituer la dynamique arborescente de deux espèces de pins endémiques du Canada. Le signal sédimentaire en termes de particules carbonisées issues des feux de surface, sera également caractérisé (fréquence, taille de feu, et taux de brûlage). Pour cela, le Petit lac de Laniel, le lac Sparling, le lac Dubout, le lac Peudeau et le lac Gauvin (trois derniers noms, non officiels) ont été échantillonnés. Les lacs contenaient entre 2,4 m et 6 m de sédiments. Les premières observations effectuées sur le terrain, notamment l’abondance de macro-restes végétaux dans certains lacs, seront utiles aux analyses ultérieures.
A présent, place aux analyses en laboratoire, soit quelques centaines d’heures d’identification des charbons de bois au microscope. D’autres indicateurs seront identifiés ultérieurement comme les grains de pollen, les macro-restes végétaux et les restes de chironomes (petites mouches présentes à l’état fossile dans les sédiments) afin de reconstituer la dynamique naturelle à long terme de la végétation, des feux et du climat des 10 000 dernières années.
Ce projet est mené par l’étudiante Marion Blache, en doctorat en cotutelle entre l’UQAT et l’UM depuis plus d’un an sous la supervision des professeurs Yves Bergeron, Adam A. Ali et Hugo Asselin. La collaboration de la Sépaq (Sarah Lavoie et Carine Bergeron) et Ressources Naturelles Canada (Martin Girardin, David Gervais et Mathieu Gauvin) a grandement facilité l’extraction des sédiments et l’accès aux sites d’études. Les travaux de recherche ont aussi mobilisé plusieurs ressources de l’UQAT dont Raynald Julien (Forêt d’enseignement et de recherche du lac Duparquet de l’UQAT), et Dorian M. Gaboriau (Laboratoire International de Recherche sur les Forêts Froides de l’UQAT).
Un article de Dorian M. Gaboriau et Marion Blache.