Des épisodes de mortalité associés au stress hydrique ont été rapportés dans plusieurs biomes forestiers au cours des dernières décennies. La résilience des forêts est incertaine dans un contexte où la fréquence et la sévérité des sécheresses sont en hausse et exacerbent la mortalité causée par les épidémies d’insectes ravageurs. L’influence du type de site sur la capacité des arbres à répondre aux stress simples ou multiples est à ce jour mal comprise. Notre étude vise donc à déterminer le rôle des stress biotiques (insectes), climatiques (sécheresses), hydriques (régime xérique ou mésique) et de leurs interactions sur la mortalité de l’épinette noire en forêt boréale. Nous supposons que (1) les arbres des stations xériques vont subir plus de déclins durant les périodes de stress climatiques, et que par conséquent, (2) les arbres dans la région de l’Abitibi, sont plus vulnérables à la sécheresse que ceux de la région plus humide de la Côte-Nord, et cela en raison de (3) l’historique de stress qui prédispose les arbres à la mortalité. Nous avons échantillonné 60 paires d’arbres morts et vivants, dans deux types de régimes hydriques dans la pessière à mousses en Abitibi et sur la Côte-Nord. Le plan expérimental est inspiré de l’épidémiologie, une approche encore peu utilisée pour étudier la mortalité des arbres. Les analyses dendrochronologiques révèlent que le climat est le principal moteur des variations de croissance. L’effet de la sécheresse estivale nuit aux arbres en Abitibi, alors que sur la Côte-Nord, la sécheresse printanière stimule la croissance. Le stress causé par les épidémies de tordeuses de bourgeons de l’épinette est négligeable dans les deux régions. Finalement, l’effet des stress climatiques passés persiste sur la vigueur jusqu’à 30 ans après l’événement. Cette étude contribue à la compréhension de l’effet des stress sur les arbres à différentes échelles, dans un contexte de changements climatiques.