La technique de récolte actuellement la plus répandue en forêt boréale québécoise est la coupe avec protection de la régénération et des sols (CPRS). Dans la mesure où la foresterie actuelle s’engage sur la voie de la gestion écosystémique, des alternatives, dont la coupe partielle, sont envisagées et vont être amenées à prendre plus d’importance dans la gestion forestière. La coupe partielle est suggérée comme un moyen de maintenir des attributs spécifiques aux forêts anciennes et d’en accélérer le développement dans des forêts matures. Toutefois cette pratique sylvicole est encore peu employée en forêt boréale. L’objectif général de la présente étude était de produire une première évaluation des réactions à court terme de certains mammifères à différents types de coupe partielle en forêt boréale du Québec. Pour ce faire, nous avons réalisé cette étude dans la pessière noire à mousse de l’Ouest de la région Nord-du-Québec, Québec, Canada. Les deux types de coupe partielle étudiées furent la coupe progressive d’ensemencement (CPE) et une coupe partielle appliquée de façon expérimentale dans les blocs résiduels issus d’un patron de coupe en mosaïque (CPMO). La CPMO fut réalisée de façon irrégulière, en laissant des parties intactes au sein des parterres de coupe. Le dispositif expérimental était formé de six sites traités par CPE et six témoins dans le premier cas ; et dans le second cas, de quatre blocs traités par CPMO, quatre blocs résiduels intacts de coupe en mosaïque, huit séparateurs entre des CPRS et un site témoin. En plus des données de végétation, trois types de données ont été recueillies afin de quantifier l’utilisation par les mammifères des sites étudiés. Un décompte de crottins et de brouts de lièvre d’Amérique et un inventaire des sites d’alimentation de l’écureuil roux ont été effectués au printemps. Un inventaire hivernal de pistes de mammifères a aussi été réalisé. Les résultats de notre étude sur les CPE montrent que seul le lièvre est affecté négativement par la coupe partielle. L’abondance de la martre d’Amérique, de l’écureuil roux, du renard roux et des petits mustélidés dans les coupes partielles est comparable à celle des milieux non perturbés. La faible abondance de lièvre dans les coupes partielles est reliée à la réduction du couvert vertical et latéral, qui est une des composantes principales de l’habitat du lièvre. Le lièvre évite les milieux où l’obstruction latérale est < 50 % et le couvert vertical < 30 %. De plus aucun indice de lièvre n’a été relevé quand la surface terrière en résineux était < 12 m² / ha. La CPMO confirme l’impact négatif des coupes partielles sur le lièvre. Le lièvre fréquente moins les parterres coupés suite à la réduction du couvert, mais il continue d’utiliser les parties intactes. Bien qu’il puisse s’agir d’un effet de confinement, une coupe partielle irrégulière (e.g. avec des bosquets intacts) peut permettre le maintien du lièvre. Il n’y a pas d’effet visible de la CPMO sur les autres méso-mammifères étudiés et leur abondance est semblable dans tous les types de forêt résiduelle. Bien que peu propice au lièvre, la coupe partielle semble permettre le maintien d’autres méso-mammifères. Nous recommandons de maintenir des bosquets intacts au sein des parterres de coupe partielle afin de fournir un habitat adéquat au lièvre. Nous recommandons aussi l’application des coupes partielles sans coupe finale si l’on souhaite préserver la nature inéquienne des forêts anciennes. Ainsi la coupe partielle apparaît être un outil approprié pour rencontrer des objectifs de maintien d’une certaine diversité biologique. © 2005 UQAR tous droits réservés.