La fragmentation des habitats est une problématique majeure des enjeux de conservation de la biodiversité. L’aménagement de la forêt québécoise induit des réductions importantes des surfaces forestières matures au cours du temps et représente donc des pertes nettes d’habitats ainsi qu’une fragmentation du territoire aménagé. Les organismes ont besoin d’habitats comblant les exigences de leurs domaines vitaux en termes de taille, composition et structure mais également en termes de configuration spatiale des parcelles composant leur habitat. Ainsi il est important d’évaluer également les contraintes aux déplacements que constitue la résistance de la trame aménagée. À l’aide de quatre images LandSat décrivant le paysage de notre aire d’étude (Abitibi/Nord-du-Québec) sur une période de vingt ans (1985 à 2005), nous avons évalué de façon dynamique la fragmentation et la connectivité du paysage. Le premier chapitre documente ainsi la fragmentation de la forêt boréale aménagée et analyse la configuration spatiale transcrite par l'aménagement forestier exprimé en volume. Nous analysons sur une période de 20 ans de récolte industrielle le taux annuel de réduction de surfaces forestières matures et comparons ces taux de façon analogue à la possibilité annuelle de coupe pour évaluer comment l’exploitation forestière, dictée par des cibles spécifiées en volumes de récolte, se retranscrit en termes de configuration de l’habitat forestier. Ainsi, les massifs d’un seul tenant sont graduellement fragmentés et les taux de récolte réalisés ne pourraient sûrement pas garantir un recrutement suffisant d’habitats de qualité pour les espèces qui dépendent des caractéristiques de forêts matures. Le second chapitre aborde la problématique des contraintes aux déplacements que représentent ces agglomérations de coupes nouvellement créées et évalue le rôle des habitats résiduels présents dans la trame aménagée et le rôle de la régénération forestière pour les contraintes au déplacement des organismes grâce aux chemins de moindres coûts. Les résultats montrent que la fragmentation du paysage tend à être atténuée au cours du temps grâce à la reprise forestière et serait alors temporaire. De plus, bien que les habitats résiduels subissent une érosion par le chablis partiel, ces derniers conservent un rôle fonctionnel pour la connectivité tant entre les massifs qu’à l’intérieur des agglomérations de coupes.