L’exploitation des ressources naturelles sous le contrôle des gouvernements et des industries extractives fait souvent fi du point de vue autochtone, ce qui engendre des conflits d’utilisation du territoire. En dépit de moyens souvent limités, certaines communautés autochtones arrivent à résister aux pressions extérieures. C’est le cas notamment des 332 membres de la Première Nation de Wahgoshig (WFN), dans le nord-est de l’Ontario, qui ont résisté en 2000 à la volonté d’une compagnie forestière d’effectuer des travaux de récolte forestière dans un lieu sacré. L’objectif général de cette étude était de documenter les gestes de résistance posés par le Conseil de WFN et les membres de la communauté en réaction aux tentatives d’empiétement du territoire traditionnel. L’analyse thématique d’entrevues faites auprès de huit personnes ayant joué un rôle clé dans la résistance aux industries extractives a révélé que l’approche de négociation d’abord tentée par WFN n’a pas permis de régler le différend. WFN a alors élaboré un plan stratégique de résistance incluant, entre autres, l’installation d’une barricade, une grève de la faim et des manifestations mobiles. Tandis que les gestes de résistance utilisés par WFN n’étaient pas nouveaux, la façon de les mettre en oeuvre a fait la différence. L’approche familiale et communautaire pacifique a su attirer une certaine empathie de la part du public. La mobilité des gestes de résistance a permis à WFN de consolider des alliances avec d’autres communautés et organisations en Ontario et au Québec, mais aussi de sensibiliser l’opinion publique à sa cause. La spiritualité dont était empreinte la démarche de WFN a permis de maintenir un calme relatif et de rendre plus positive la perception du public à l’égard de la défense du territoire et de la culture.