La dendrochronologie a été utilisée pour reconstruire les épidémies de la tordeuse des
bourgeons de l’épinette (Choristoneura fumiferana (Clem.)) dans 16 peuplements âgés
de la forêt boréale du nord-ouest québécois. Épidémiques ont pu être déduites à partir
de sept périodes prolongées de réduction de la croissance radiale chez Abies balsamea
(L.) Mill. and Picea glauca (Moench) Voss: 1801-1813, 1823-1838, 1851-1867.
L’estimation du temps de retour des épidémies était de 28-30 ans alors que la durée des
épidémies était de 12-15 ans. La plus sévère épidémie observée depuis les 200 dernières
années (1923-1934) a été associées aux températures élevées d'hiver, à les periods
humides prolongées et à l’abondance des Abies balsamea matures.
déterminer l’influence de la composition du paysage et des caractéristiques locales sur la
sévérité des diminutions de croissance radiale causées par la dernière épidémie de TBE
dans le nord-ouest du Québec (1971-1985). Les peuplements ont été classifiés en trois
groupes distincts selon que les effets de l’épidémie sur la croissance y étaient légers,
modérés ou sévères, avec des diminutions de croissance moyennes de 24 %, 44 % et
61% respectivement. Les épidémies furent plus sévères dans les peuplements où les
hôtes ont été abondant et où le pourcentage des peuplements feuillus dans le paysage
forestier a été plus faible. Les résultats de cette étude soulignent la nécessité de
considérer le contexte spatial des peuplements pour évaluer leur vulnérabilité aux
épidémies de TBE.
Dans ces peuplements sensibles aux épidémies, les patrons de mortalité des sapins suite
à la dernière épidémie ont été étudiés en relation avec l’abondance de feuillus dans le
paysage. Le pourcentage de sapins morts diminue significativement (p<0,05) dans les
peuplements à forte présence de feuillus à proximité. Alors que les gros sapins (> 20 cm)
ont tous le même risque de mourir durant les épidémies, les plus petits sont dans 20%
des cas moins susceptibles de mourir dans des peuplements entourés par des forêts
feuillues. Les patrons temporels de mortalité des arbres varient également selon la
présence de feuillus dans le paysage. Alors que la plupart des sapins ont été tués en 1984
dans les paysages contenant moins de 50% de feuillus, les peuplements entourés de plus
de feuillus ont connu aussi de la mortalité mais sur une plus longue période. La
variabilité des patrons de mortalité du sapin baumier qui a été observée est susceptible
d’entraîner des trouées dans la forêt pouvant varier considérablement quant à leurs
tailles et taux de formation, ceci pouvant avoir d’importantes implications dans les
patrons de succession de la forêt suivant des épidémies de TBE. À ce sujet, quatre voies
de succession potentielle sont proposées.
La variation dans la réduction de la croissance radiale des sapins lors de la dernière
épidémie de TBE au Nouveau-Brunswick a été examinée en relation avec l’abondance
des peuplements dominés par des feuillus dans la mosaïque forestière, l’historique des pulvérisations d’insecticides ainsi que la topographie. L’abondance des peuplements
feuillus dans la mosaïque forestière a expliqué 12% à 33% de la variation dans la
diminution de la croissance entraînée par la TBE. Les différences dans la diminution de
la croissance entre les peuplements étaient plus marquées au cours des années initiales
de l’épidémie (1972-1980), particulièrement en 1976 alors que les réductions moyennes
furent autour de 40% dans les peuplements composés de moins de 50% de feuillus et de
20% dans les peuplements composés de plus de 50% de feuillus. Les relations entre la
variation dans la réduction de croissance entre les peuplements et la topographie ou
l’historique des pulvérisations d’insecticides étaient moins constantes que celles avec
l’abondance de feuillus dans la mosaïque forestière. Nos résultats laissent croire
qu’augmenter l’abondance d’arbres feuillus dans le paysage forestier pourrait contribuer
à réduire l’impact des épidémies de TBE sur les espèces résineuses commerciales.
Le Système d’Aide à la Décision concernant la tordeuse des bourgeons de l’épinette
(SAD TBE) a été utilisé pour estimer les volumes de bois qui seraient perdus suite à une
autre épidémie à la Forêt d’enseignement et de recherche du Lac Duparquet dans le
nord-ouest du Québec. Les pertes de sapins et d’épinettes estimées ont varié de 0 à
92 000 m3 pour tous les scénarios d’épidémies modérées et de 80 000 à 148 000 m3 pour
des scénarios d’épidémies sévères. Dans le premier cas, les variations dans les pertes
estimées pourraient refléter des différences régionales dans la sévérité de la défoliation
bien que cette tendance puisse être masquée par les types de données desquelles les
modèles de prédiction ont été dérivés. Par ailleurs, les pertes prédites par les scénarios
d’épidémies sévères ont différé sensiblement lorsque l’effet de la présence des feuillus
dans les forêts sur les patrons de défoliation a été pris en considération. Les pertes
estimées étaient de 17% moins importantes quand les modèles de défoliation tenaient
compte de l’abondance des feuillus dans le paysage entourant le peuplement et de 46 %
quand les modèles tenaient compte à la fois de l’abondance des feuillus dans les
peuplements à l’étude de même que dans ceux les entourant.
Les résultats de la présente thèse ont permis d’enrichir les connaissances fondamentales
concernant les épidémies de TBE, une perturbation naturelle et importante des forêts
boréales et mixtes de l’est du Canada. Ces informations constituent une base de laquelle
on pourrait mieux prédire les impacts des épidémies de TBE à venir et offrent des
solutions de gestion pour minimiser leurs effets socio-économiques © 2008 UQAM tous droits réservés.