L’élaboration d’outils d’aide à la décision permettant de faire une évaluation plus
objective et critique des différentes approches d’aménagement forestier est
désormais nécessaire dans un contexte où il devient indispensable de concilier les
besoins des communautés autochtones à la planification forestière. Les Algonquins
de Kitcisakik (Grand-Lac-Victoria) se sont engagés dans un processus de
consultation impliquant les principaux acteurs du milieu forestier, incluant plusieurs
chercheurs, des industriels forestier et le Ministère des ressources naturelles et des
Parcs. Ces travaux de recherche visent à identifier les principes et stratégies d'une
foresterie qui cadre mieux avec les valeurs et aspirations de la communauté. Cela
avec l’intension de jeter les bases de ce que pourrait être une foresterie québécoise
dite « autochtone ».
Les objectifs de ce projet de recherche consistaient, d’une part, à développer un outil
d’aide à la décision pouvant servir au développement et à l’exploration de scénario
d’aménagement forestier à l’échelle du paysage et sur une longue période de temps.
L’élaboration de ce modèle (Modèle d’aménagement forestier de Kitcisakik (MAFK))
s’est faite à l’aide de la plateforme de modélisation spatiotemporelle SELES
(Spatially Explicit Landscape Event Simulator), qui permet de simuler la dynamique
forestière à l’échelle du paysage et sur de longues périodes de temps. Et d’autre
part, a se servir du MAKF afin d’explorer les effets de trois scénarios
d’aménagement forestier sur le paysage forestier en regard au contexte de la
communauté algonquienne de Kitcisakik.
Les scénarios explorés dans ce mémoire représentent le passé récent (normes du
RNI de 1996: scénario Statu quo), le présent (la coupe mosaïque: scénario
Mosaïque) et une proposition pour l’avenir (l’aménagement écosystémique: scénario
Écosystémique). Pour chacun des scénarios, l’état de critères autochtones de
foresterie a été évalué grâce au suivie d’indicateurs. Ceux-ci ont été mesurés
périodiquement pendant une période de 300 ans. Les simulations ont été faites en
appliquant un seul type d’aménagement exclusivement et sans avènement de feux
de forêt sur le territoire.
Les résultats montrent que le scénario Écosystémique a permis de maintenir de plus
grandes proportions de peuplements de plus de 100 ans et leur répartition est plus
uniforme entre les territoires de trappe familiales que les deux autres scénarios à
l’étude. Par contre, ces peuplements sont plus morcelés que les autres scénarios et
peuvent avoir fait l’objet de coupes partielles. Le scénario Écosystémique a saturé le
territoire de routes moins rapidement que les deux autres. C’est le scénario
Mosaïque qui a nécessité le plus de routes primaires. Il a saturé le territoire d’une
route au kilomètre carré en 40 ans comparativement à 80 ans pour les scénarios
Écosystémique et Statu quo. Puisque la présence de vielles forêts et l’accessibilité
au territoire sont des critères autochtone de foresterie important, nous concluons
que le scénario écosystémique serait probablement le plus adéquat pour la
communauté de Kitcisakik parmi les alternatives à l’étude dans ce mémoire © 2008 UQAM tous droits réservés.