L’effet de la rétention variable du peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) sur la croissance de l’épinette noire (Picea mariana (Mill.) BSP) ainsi que sur le recouvrement, la composition et la diversité des espèces de la strate de sous-bois est évalué dans ce mémoire. Les bénéfices en termes de transmission de la lumière et d’enrichissement de la litière qu’entraîne la présence de peuplier faux-tremble dans un peuplement pourraient influencer positivement la croissance de l’épinette noire. Par contre, la croissance rapide du peuplier limite celle d’autres espèces d’arbres à ses côtés, en particulier les essences à croissance plus lente comme l’épinette noire. Pour les sylviculteurs il est donc important de trouver quelle densité de peupliers doit être maintenue dans le parterre de coupe pour contrecarrer les impacts négatifs du conifère sur le cycle des éléments nutritifs et la productivité du peuplement. Une quantité adéquate de feuillus constituerait un équilibre entre les effets positifs sur le sol favorisant la croissance de l’épinette et les effets négatifs découlant de la possibilité de compétition pour les ressources entre les deux espèces.
Un dispositif expérimental a été mis en place en Abitibi-Témiscamingue où les mesures dendrométriques prises sur les épinettes ont permis d’évaluer les variations de croissance rencontrées chez les jeunes conifères (environ 20 ans) selon un gradient naturel de présence de peuplier faux-tremble dans le milieu. Ensuite, par l’emploi d’une éclaircie précommerciale, un gradient de rétention du peuplier a été produit dans les parcelles expérimentales (n = 45) afin d’évaluer selon quelles proportions la présence du feuillu peut être bénéfique pour la croissance du résineux. Ainsi, quatre densités résiduelles différentes de tiges de peuplier par hectare ont été créées : 0, 65, 130 et 195 tiges/hectare. Les résultats d’études antérieures proposent qu’à l’échelle du peuplement, le volume marchand total des épinettes matures est augmenté par la présence de peupliers dans des proportions plus basses que 41% de la surface terrière totale. Qu’en est-il pour des jeunes peuplements? L’effet positif du peuplier faux-tremble peut-il déjà se faire ressentir après une vingtaine d’années? Il semble que le peuplier aurait un effet facilitant sur les composantes du sol affectant ainsi positivement la croissance de l’épinette noire. Par contre, l’absence de compétition entre les arbres avant l’application de l’éclaircie précommerciale n’a pu mettre en évidence un impact du gradient de rétention du feuillu sur la croissance du conifère.
L’épinette noire n’est probablement pas la seule espèce à pouvoir profiter des effets positifs de la présence de peupliers dans le peuplement. Ainsi, le deuxième volet de l’étude porte sur l’effet de la densité variable du peuplier sur la composition, le recouvrement et la diversité de la strate de sous-bois. Des relevés de pourcentage de recouvrement (8 quadrats de 1m x 1m/ parcelle) des espèces bryophytes et vasculaires (incluant toutes celles mesurant moins de 1m de hauteur) ont été effectués dans les parcelles expérimentales (n = 45). Il est donc possible de déterminer si les espèces du sous-bois ont été influencées par la plus grande quantité de lumière transmise par la canopée et l’effet direct de la différence en structure physique et en composition chimique entre les aiguilles d’épinette et les feuilles du peuplier sur la qualité et la quantité de litière au sol. Étant donné la récupération du milieu face aux activités forestières antérieures, à court terme, la strate inférieure n’a démontré aucune réaction en termes de composition, de recouvrement ou de diversité face au changement de présence de peuplier faux-tremble dans le milieu.
À long terme, les effets positifs ou négatifs de la coexistence entre différentes quantités de peupliers faux-tremble, l’épinette noire et les espèces de sous-bois pourront être observés grâce au dispositif expérimental mis en place. © 2007 UQAT tous droits réservés.