Dans un contexte d’aménagement forestier durable, de nouvelles considérations doivent désormais être
prises en compte telle la conservation de la diversité biologique. La société étant de plus en plus
sensible aux questions environnementales, consciente de l’importance de maintenir la diversité
biologique dans les écosystèmes et souhaitant désormais profiter des possibilités récréatives qu’offre la
forêt, il devient urgent, non seulement de développer de nouvelles stratégies d’aménagement dites plus
durables, mais également de développer des outils d’aide à la décision performants, permettant
d’évaluer les impacts de ces nouveaux types d’aménagement et la valeur respective des stratégies
proposées. Les objectifs de recherche se présentent en deux volets distincts soit 1) la sélection et le
processus d’intégration des indicateurs de la diversité biologique au sein de modèles conceptuels et 2)
la sélection d’espèces fauniques et l’identification des composantes des peuplements forestiers qui
tiennent en compte les besoins en matière d’habitat desdites espèces, ce qui suppose la traduction du
modèle conceptuel en modèle opérationnel. Le tout afin de vérifier si l’incorporation des conditions
d’habitat, pour quatre espèces fauniques (campagnol-à-dos-roux de Gapper, grimpereau brun, grand
pic et martre d’Amérique), à l’arrangement spatial des aires de coupe contribue à une gestion durable
de la forêt boréale. La méthodologie a consisté à utiliser les outils géomatiques pour comparer les
simulations, dans le temps (moments 0, 5, 10, 25, 50, 100, 200, 300, 400 et 500 ans) et dans l’espace,
de deux scénarios de coupe (révolution basée sur le cycle des feux, 154 ans et révolution allongée, 208
ans) appliqués virtuellement sur le territoire de la Forêt d’Enseignement et de Recherche du Lac
Duparquet. Lesdites simulations provenant d’un modèle spatialement explicite de la dynamique
forestière de la sapinière boréale mixte, ci-après SELES/Abitibi. Les cartes matricielles résultant des
simulations ont été classifiées selon les besoins en habitat de chacune des espèces et soumises à un
filtre spatial de la taille de leur domaine vital respectif. Plus spécifiquement, le filtre correspondait à
une fenêtre mobile se déplaçant de cellule en cellule et calculant pour chacune d’entre elles un
pourcentage de bon habitat qui était établi en fonction de la similitude quant à l’habitat de qualité entre
les plus proches voisins. Cinq statistiques spatiales du paysage (superficie totale, nombre de fragments,
superficie moyenne des fragments, ratio périmètre-superficie moyen et distance minimale moyenne)
ont été employées afin d’évaluer la performance des scénarios de coupe quant à la disponibilité
d’habitat pour la faune. Les séries temporelles des scénarios à l’étude ont démontré beaucoup de
similarité et le scénario à révolution allongée semble, contre tout attente, moins efficace pour maintenir
de l’habitat. Étant donné la faible superficie du territoire à l’étude (approximativement 12 000 - 13 000
ha), il est possible que la structure spatiale générée par le scénario à révolution allongée disperse les
forêts matures de façon à faire diminuer leur proportion au sein des domaines vitaux, diminuant ainsi
la proportion d’habitat après avoir inclus les exigences spatiales des espèces (une fenêtre mobile de la
taille leur domaine vital). L’utilisation d’une plus grande aire d’étude ainsi que l’ajout des simulations
de feux aux scénarios de coupe au sein de modèles spatialement explicites offriraient de meilleures
conditions pour appliquer lesdits scénarios et permettraient de rendre compte des effets conjoints de
l’aménagement et des perturbations naturelles sur la diversité biologique. La coupe forestière étant
projetée sur une révolution de 100 ans à un taux annuel de récolte de 1%, l’ajout du scénario de
normalisation actuellement en vigueur au Québec devrait être intégré au modèle. Un tel scénario aurait
permis d’apprécier le véritable potentiel de l’outil développé. © 2002 UQAM tous droits réservés.