Chapitre 1
La reconstitution chronologique des feux de forêt sur plusieurs milliers d’années nécessite l’observation des charbons de bois provenant, notamment, de sédiments lacustres. Lorsque ces sédiments sont situés dans un lac ayant un ou plusieurs affluents, l’apport hydrologique en charbon doit être considéré. En effet, bien que l’apport aérien atteigne le lac au moment du feu, l’apport hydrologique peut durer plusieurs années après l’événement de feu (Patterson, 1987 ; Millspaugh and Whitlock, 1995). L’objectif de cette étude est de décrire l’apport de charbons dans les lacs ayant plusieurs affluents et vérifier si les feux de chaque sous bassin versant peuvent être représentés par les charbons déposés par chaque affluent dans leur zone deltaïque. Pour ce faire, plusieurs échantillons de sédiment de surface de Christina Lake en Alberta, ont été analysés par la méthode par tamisage développée par Millspaugh et Whitlock (1997). Ces échantillons couvrent au maximum une dizaine d’années et on été récoltés dans diverses zones stratégiques comme les zones deltaïques de différents affluents. Ce lac possède 6 affluents et l’histoire des feux survenus dans son bassin versant depuis 1930 est connue. Ainsi, il a été possible de quantifier la concentration de charbon et la taille des charbons provenant de 4 affluents dont certaines parties de leur superficie avaient déjà brûlé. Aussi, le rôle de la profondeur et du type de sédiment sur la concentration de charbon retrouvée a été discutée. On observe plus de charbons dans les zones deltaïques comparativement aux sites échantillonnés en eaux profondes. À l’est du lac, l’abondance de charbon proviendrait d’un grand feu ayant eu lieu à l’intérieur du sous bassin en 1949. Des charbons sont donc encore apportés vers le lac par un affluent 50 ans après un feu. Aussi, on note que les charbons de grande taille (>350µm) sont plus favorablement transportés par l’eau. En effet, il y a 8 fois plus de charbons de cette taille à l’embouchure d’un affluent que dans les sédiments d’échantillons récoltés à quelques mètres d’une rive qui a brûlé en 1988.
Chapitre 2
En forêt boréale, les données sur les interactions passées climat-feu-végétation sont utiles afin de prévoir les futurs changements de composition forestière. Dans la présente étude, nous comparons la dynamique forestière après plusieurs événements de feu sélectionnés à diverses époques durant l’Holocène et selon différents intervalles de feu. Des analyses palynologiques (pollen) et anthracologique (charbons) ont été effectuées sur les sédiments du Lac Francis (48°31'35'' N- 79°28'20'' O) et du Lac aux Cèdres (49°20'45'' N- 79°12'30'' O) Abitibi, Québec. Les événements et intervalles de feu ont été détectés par la sélection de pics dans les influx de charbons en prenant soin de détendancer la séquence de charbons du bruit de fond. Neufs feux majeurs ont été choisis pour le Lac Francis et 4 pour le Lac aux Cèdres. L’identification des grains de pollen situés immédiatement avant et après les pics de charbons nous a permis de comprendre la dynamique forestière en tenant compte de la végétation pré-feu. Des analyses numériques et statistiques nous indiquent que, d’une manière générale pour le lac Francis, les assemblages des successions post-feu sont identiques ou proches des assemblages qui existaient avant le feu. L’essentiel de la variance caractérise une dynamique millénaire et n’est pas associée aux feux. Toutefois, vers 5700 ans cal BP, une importante diminution des Thuja occidentalis a été observée après un feu survenu 300 ans après le dernier feu. Donc, même si dans la forêt entourant ce lac la végétation est très résiliente aux feux, des feux isolés peuvent contribuer à un changement de composition dans la végétation post-feu. Pour le Lac aux Cèdres, les successions sont caractérisées par le passage de Picea mariana et Betula papyrifera avant feu, vers une augmentation de Pinus banksiana après feu. De plus, des taux de changements nous ont permis de démontrer que plus le temps écoulé depuis le dernier feu est long et plus les changement post-feu sont importants. Enfin, nous avons pu conclure que le modèle de succession avancé par Leduc et al., (1995) s’applique à la végétation post-glaciaire du Lac aux Cèdres et du Lac Francis d’autant que l'enregistrement pollinique est infiniment moins précis pour décrire la végétation que les données qui ont permis de bâtir les modèles de succession de Leduc et al,. (1995). Toutefois, le modèle s’applique plus difficilement aux patrons des espèces de fin de succession. © 2003 UQAM tous droits réservés.