En forêt boréale, la récolte de bois est devenue la perturbation la plus fréquente. Cette perturbation, de par sa fréquence et son étendue, est susceptible d’occasionner un rajeunissement du couvert forestier. Il importe donc de se demander : 1) Si ces changements diffèrent de ce que pourrait engendrer des perturbations naturelles; 2) est-ce que trop de peuplements sont ramenés dans une courte période de temps à des stades sucessionnels pionniers et 3) quel est l’impact de ces modifications sur le paysage?
La modification de la structure d’âge et de la composition forestière à l’échelle du paysage entraîne des changements tant au niveau de la biodiversité de la forêt d’origine qu’au niveau de l’industrie forestière.
Le but de cette étude est de dresser un bilan des changements de vocation sylvicole à la suite d’une première récolte afin de répondre aux questions suivantes : 1) Quel est l’effet des traitements sylvicoles sur l’établissement de la strate de retour 2) En quoi certains types de sites (dépôt de surface/drainage) sont plus sensibles aux conversions et 3) En quoi certains types de peuplements, de par leur composition d’origine, sont plus susceptibles aux changements de composition.
Afin de tracer un portrait des changements de composition à une échelle régionale, les inventaires forestiers des strates coupées en régénération d’une hauteur de sept mètres et moins pour la région de l’Abitibi ont été analysés.
Les phénomènes de conversion après coupe ont été décrits en comparant la composition avant coupe à la composition après coupe à l’aide de matrices de transition. Ensuite, les facteurs prédisposant à certaines conversions jugées comme problématiques par l’industrie forestière ont été cernés en trois grandes catégories soit: 1) L’érosion du potentiel commercial par l’envahissement du parterre de coupe par des essences n’ayant aucune valeur commerciale (perte de vocation forestière); 2) L’érosion du potentiel résineux causé par le remplacement d’une strate résineuse prélevée par une strate feuillue, comme par exemple l’envahissement par le peuplier faux-tremble (l’enfeuillement); et 3) La perte de qualité de la strate résineuse par le remplacement de l’épinette noire par le sapin (ensapinage).
Les résultats suggèrent entre autres que dans la région de l’Abitibi, les peuplements mixtes (composés d’essences feuillues et résineuses), sont les plus sensibles à l’enfeuillement après coupe forestière, ce qui s’explique par le fait que les espèces feuillues sont déjà en place pour recoloniser le site. De plus, les dépôts d’argiles mésiques sont les plus sensibles aux impacts des aménagements forestiers. Finalement, les peuplements récoltés par des coupes totales sont les plus propices aux changements de composition, ce qui peut être attribuable en partie à la diminution d’arbres semenciers sur le site ainsi qu’à la destruction de la régénération pré-établie, ce qui laisse un milieu propice à la colonisation par des espèces pionnières ainsi qu’à l’envahissement du site par des espèces compétitrices. © 2006 UQAM tous droits réservés.