marion.seguy@rayonieram.com
Ma passion pour l’Abitibi, ses ressources et ses personnes a débuté lors de mon premier séjour à l’UQAT en 2010, lorsque j’avais été embauchée par Louis pour effectuer le dur travail de suivi de son immense réseau de nichoirs. J’y ai rencontré Jonathan Gagnon, sa famille, son village, et je n’ai plus vraiment eu le gout de repartir en France. Donc après 1 an et demi de chômage et de ‘jobines’ payées au lance-pierre, plus rien ne me retenait dans mon pays natal... Louis me proposait une maîtrise, je n’ai pas hésité une seule seconde l’aventure ! Donc me voilà de retour avec nos nichoirs, nos petites nyctales et nos Crécerelles. Jonathan a préféré les mœurs nocturnes des nyctales, mais moi qui ai du mal à garder les yeux ouverts après minuit, j’ai choisi les crécerelles. Et je n’en suis pas déçue parce que mes recherches sur la sélection de sites de nidification ont été fructifiantes !
Projet de recherche : Effets des milieux ouverts agricoles et forestiers sur le succès reproducteur de la Crécerelle d’Amérique.
Le réseau de nichoirs sur lequel nous travaillons se situe entre les parallèles 48 et 49 et couvre près de 10 000 km². Les essences des peuplements forestiers sont très variables et leur âge également. De plus, la mosaïque paysagère est parfois très agricole (surtout en Abitibi-Ouest), mais composée de pâturages et de cultures pauvres (i.e. agriculture extensive).
La Crécerelle d’Amérique (de son nom latin Falco sparverius) est un petit rapace diurne et généraliste qui affectionne les nichoirs artificiels et les milieux ouverts, plus particulièrement agricoles. En effet, puisque ses atouts physiques pour la prospection et la chasse sont sa vue ultra-performante et ses ailes agiles, la Crécerelle a besoin de ce type de milieu pour se déplacer allègrement et optimiser son champ de vision. Ainsi, il n’est pas rare de l’apercevoir sur le bord des routes et des champs, perchée sur un fil dans l’attente de sa proie (i.e. un micromammifère ou un gros insecte).
Concernant la sélection de son site de nidification (i.e. 200 ha circulaires autour du nichoir), mes hypothèses de départ étaient dans le sens de ces milieux agricoles: j’étais certaine de voir un effet positif de la surface de milieux agricoles. Mais puisque l’Abitibi est une région dont l’économie forestière est très présente, je me suis aussi demandée si les régénérations post-travaux forestiers avait une importance dans cette sélection. D’une manière plus générale, qu’elles soient d’origine anthropique ou naturelle, ces régénérations présentent temporairement de très bons attributs pour la prospection alimentaire des crécerelles: elles sont ouvertes et présentent de nombreux perchoirs, très prisés lorsqu’elles attendent de voir leurs proies. Ainsi, avec la plus récente mise à jour du 4ème inventaire fournie par le MRNF et des méthodes statistiques récentes (i.e. modèles mixtes, AICc et inférences multi-modèles), j’ai pu montrer que les crécerelles préféraient des sites avec une grande surface agricole. La surprise a été de découvrir cependant que lorsque l’on s’intéresse aux succès d’envol des jeunes crécerelles, ce ne sont plus ces mêmes milieux agricoles qui sont importants mais bien la surface de milieux bûchés, défrichés, plantés, brûlés ou encore en chablis, dont la hauteur ne dépasse pas 2 mètres.
Mon article est en cours de rédaction, mais nous pourrions bien, avec ces résultats, démontrer que les milieux agricoles, même s’ils sont extensifs (c’est le cas en Abitibi), peuvent être considérés comme des pièges écologiques dans le sens où ils sont sélectionnés mais qu’ils ne permettent pas à l’espèce d’optimiser le succès d’envol de ses jeunes. Ce succès étant en partie relié à la quantité d’approvisionnement en nourriture, les milieux agricoles pourraient ne pas offrir assez de nourriture. De plus, la crécerelle étant une espèce très farouche, le dérangement humain sur ces parcelles agricoles pourrait aussi y être pour quelque chose. Toutes les théories seront détaillées dans l’article et j’invite quiconque est intéressé par le sujet à venir en discuter lors du prochain colloque de la Chaire !
Effects of agricultural lands on habitat selection and breeding success of
American kestrels in a boreal context.
Sudden changes in habitat quality during the breeding season may mislead individuals when selecting their nesting site and result in population declines. In such cases, even semi-natural and extensive agricultural lands may become ecological traps. We examined how the availability of six open habitat types (i.e. agricultural lands, open forests, alder swamps, young forests, regeneration, and wetlands) could be affecting the habitat selection process, as well as the hatching and fledging successes of American kestrels (Falco sparverius). We hypothesized that natural open habitats are less disturbed by anthropogenic activities than extensive agricultural lands and thus represent higher quality habitats for kestrels. We also considered weather conditions during the breeding season as possible factors affecting hatching and fledging successes. We monitored 200 pairs of American kestrels during 11 years (2006–2016) within a network of 155 nest box stations and we characterized landscape composition metrics within 800?m radii from each nest box. We used generalized linear mixed models and multimodel inference to quantify the effects of landscape composition metrics on the probabilities of using nesting site, hatching success, and fledging success of American kestrels. We also tested the effects of weather conditions and clutch initiation date on hatching and fledging successes of kestrels. We found that the probability of nesting site use increased with the amount of agricultural lands. Hatching success decreased with the amount of agricultural lands, whereas the fledging success of kestrels did not vary with the amount of agricultural lands. Both the probabilities of hatching and of fledging increased with the area of young forests. There was no evidence of a weather effect on hatching success. However, the probability of fledging success increased with mean temperature during the raising period of nestlings. Although fledging success alone does not determine fitness or population dynamics, our results suggest that kestrels nesting in this region at the northern limit of their range may be caught in an ecological trap by extensive agricultural lands. Indeed, kestrels were attracted by meadows when selecting nesting habitat, but the hatching and early nestling periods coincided with hay harvesting which could reduce the hunting success of breeding adults and suddenly alter food availability. Although the causes of recent kestrel declines remain unclear, our results suggest that harvesting practices, even those related to extensive perennial agriculture, may have a negative effect on the breeding success of the species compared to areas dominated by young forests.
An illustrated key to the mandibles of small mammals of eastern Canada.
Skulls are often used to identify small mammals, and most identification keys to small mammals have been developed on the
assumption that whole skulls will be available. however, the skulls of small mammals are seldom found intact in predator
pellets or nests, and the bones of several individuals are often scattered and mixed, making counting impossible without the
use of a specific cranial part. In addition, only a few keys include all the species found in the eastern provinces of Canada.
Mandibles readily resist degradation by the gastric acids of both avian and mammalian predators and are often found intact
in food caches of mustelids and in bat hibernacula. We therefore designed an illustrated dichotomous key to small mammals
(mean mass <5 kg) of eastern Canada based on diagnostic mandible characters (including the teeth and one dentary bone).
We identified and confirmed diagnostic characters to distinguish 55 species from the orders lagomorpha, rodentia, Soricomorpha,
Carnivora, and Chiroptera. these diagnostic characters are based on a review of the literature and were confirmed
by measurements performed on both museum and trapped specimens. In order to facilitate identification, photographic illustrations
are provided for each couplet of the key.
the ability to identify small mammals using their mandibles will reduce the number of skull components needed and has proven
to be a useful tool in the study of the diet of predators. this key may also be helpful in identifying bats in the genera Myotis,
Perimyotis, and Eptesicus, which are presently affected by the spread of white-nose syndrome (caused by Pseudogymnoascus
destructans) throughout the eastern part of Canada.
Marion Séguy. Utilisation de site de nidification et succès de reproduction chez la Crécerelle d’Amérique (Falco sparverius) en paysage agro-forestier boréal au Québec, Canada. 2014. Mémoire de maîtrise en biologie, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. 63 p.
Utilisation de site de nidification et succès de reproduction chez la Crécerelle d’Amérique (Falco sparverius) en paysage agro-forestier boréal au Québec, Canada.
En un siècle avec l'intensification de l'agriculture, la qualité écologique des milieux agricoles s'est progressivement amoindrie. En effet, les cultures sont de plus en plus mono-spécifiques et les parcelles homogénéisées. Malgré leur caractère plus extensif, les prairies et les pâturages sont également dégradés par la culture du foin et le surpâturage. En Amérique du Nord, les oiseaux associés aux milieux champêtres seraient les plus menacés par cette intensification. La Crécerelle d'Amérique est un rapace diurne qui niche en cavités et chasse en milieux ouverts. En Amérique du Nord également, l'espèce subit un déclin continu depuis les années 2000. Dans cette partie de son aire de répartition, elle est connue pour utiliser préférentiellement les milieux agricoles. L'Abitibi-Témiscamingue est une région façonnée par l'agriculture extensive (i.e. prairies et pâturages en grande majorité) et l'aménagement forestier. Dans cette région, notre étude utilise des nichoirs artificiels situés entre les latitudes 48 et 49 °N. Ainsi, les crécerelles peuvent utiliser deux types d'habitats favorables : les régénérations forestières (i.e. dont la végétation ne dépasse pas 2 mètres) et les milieux agricoles. Nous avons aussi identifié les forêts matures (i.e. dont la végétation dépasse 12 mètres) comme habitat défavorable. Dans quelle mesure la disponibilité de ces habitats affecte-t-elle le choix d'un site de nidification ? En considérant d'autres variables telles que la date d'initiation ou les conditions météorologiques, ces habitats affectent-ils les succès d'éclosion et d'envol des crécerelles ? Un réseau de 156 stations de nichoirs a été suivi entre 2005 et 2013. Nous avons considéré l'effet de la quantité surfacique de milieux forestiers matures et
en régénération ainsi que de milieux agricoles sur la probabilité d'utilisation d'une station, dans des rayons de 250 mètres et 800 mètres (i.e. domaines vitaux circulaires de près de 20 et 200 ha respectivement). Aussi, nous avons considéré l'effet de ces variables d'habitat avec l'avancée de la date d'initiation et la température minimale sur le succès d'éclosion. Enfin, nous avons considéré l'effet des variables d'habitat avec les précipitations totales et la température moyenne sur le succès d'envol. Tous les modèles de disponibilité d'habitats ouverts se sont révélés plus plausibles avec des domaines vitaux de 200 ha, ce qui s'expliquerait par la forte proportion d'habitats forestiers au sein de notre aire d'étude. Nos résultats suggèrent également que la probabilité d'utilisation d'une station augmente avec la surface totale de milieux agricoles. Le succès d'éclosion est positivement associé avec la date d'initiation. Ainsi, des initiations tardives favoriseraient l'éclosion des oeufs. Enfin, le succès d'envol augmente avec la température moyenne, les précipitations totales, ainsi que la surface totale de forêts en régénération. Bien que les intervalles de confiance se chevauchent, le succès d'envol pour des superficies maximales de milieux ouverts est plus élevé en régénérations forestières qu'en milieux agricoles (i.e. 98% vs 80%). Nous émettons l'hypothèse que ces milieux ont potentiellement un rôle important à jouer durant la période d'élevage des oisillons, notamment en diminuant les risques de réduction de nichée associés à l'approvisionnement en nourriture. Ainsi, les régions agro-forestières telles que la nôtre offriraient de bons habitats de chasse pour les crécerelles.
Marion Séguy, Geneviève Labrecque, Marie-Eve Sigouin. La collaboration mène à des solutions pour le caribou forestier 20e colloque de la Chaire AFD. Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Lorrainville, Québec. (2018-11-30)
Marion Séguy Sélection d'habitat et succès de reproduction chez la Crécerelle d'Amérique en forêt boréale mixte du Québec 15e colloque de la Chaire AFD. Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Rouyn-Noranda, Québec. (2013-11-27)