Au Québec, la législation encadrant les aménagements forestiers ne tient pas compte de l’intégrité des étangs vernaux. Pourtant, ces derniers jouent un rôle clé dans le maintien des populations d’amphibiens, un des groupes de vertébrés les plus menacés à l’échelle mondiale. Notre objectif était de déterminer les paramètres biologiques d’intérêt pour expliquer l’effort reproducteur à partir de décomptes de masses d’œufs chez la grenouille des bois (Lithobates sylvaticus), la salamandre maculée (Ambystoma maculatum) et la salamandre à points bleus (Ambystoma laterale). Notre hypothèse globale spéculait que l’effort reproducteur dépend de la stabilité du niveau d’eau et de la qualité de l’habitat terrestre environnant. Nous avons sélectionné aléatoirement 60 étangs vernaux dans un paysage forestier de l’est de la péninsule gaspésienne (Québec). Au cours des printemps 2016, 2017 et 2018, les masses d’œufs dans chaque étang ont été dénombrées par deux observateurs indépendants. Nous avons évalué l’influence de l’hydropériode, de l’ouverture de la canopée, de l’année, de la qualité et du volume de débris ligneux ainsi que des caractéristiques d’habitat du paysage (à des échelles de 300 m et 1000 m) sur l’effort reproducteur. Nous avons constaté que l’effort reproducteur variait selon l’hydropériode, le volume et la qualité de débris ligneux ainsi que la quantité de forêts dans le paysage à une échelle de 300 m. Les étangs qui s’asséchaient plus lentement abritaient des populations reproductrices plus importantes de grenouille des bois. Nous avons également constaté que la taille des populations reproductrices de salamandre maculée augmentait avec la quantité de forêts dans un rayon de 300 m. Le volume de débris ligneux récemment tombés était associé négativement avec l’effort reproducteur de la grenouille des bois. On observait le patron inverse avec la salamandre maculée et la salamandre à points bleus. Contre toute attente le volume de vieux débris ligneux était négativement associé avec la taille de la population reproductrice chez la salamandre maculée. Finalement, les mesures de conservation ciblant les amphibiens associés aux étangs vernaux devront notamment cibler les étangs dont la baisse du niveau d’eau est faible. Elles devront également maintenir un recouvrement forestier suffisant dans un espace de 300 m autour de l’étang vernal.