La forêt boréale de la Côte-Nord est caractérisée par un climat maritime, de sorte que les feux y sont moins fréquents. Le paysage forestier est alors façonné par des perturbations secondaires autres que le feu tels les chablis et les épidémies d’insectes. La mortalité naturelle des arbres y joue aussi un rôle important. L’ensemble de ces processus va engendrer une dynamique de trouées.
Une trouée consiste en l’ouverture du couvert causée par la mortalité d’un ou de quelques arbres. La réponse à l’ouverture provient de la régénération préétablie ou encore du recrutement de nouveaux individus. Des changements dans la structure et la composition des peuplements peuvent alors survenir.
Peu de travaux ont porté sur la dynamique de trouées en forêt boréale et la présente étude, comportant deux volets, a donc comme objectif général d’acquérir plus de connaissances sur la dynamique de trouées à l’intérieur de peuplements irréguliers. Le premier volet a pour objectif de documenter les caractéristiques des trouées ainsi que les patrons de remplacement des espèces à l’intérieur des trouées. Le second volet vise à détecter des patrons dans l’agencement spatial des arbres résultant de la dynamique de trouées.
Des transects de 200 m de longueur ont été établis dans des peuplements de sapin baumier (Abies balsamea (L.) Mill.) et/ou d’épinette noire (Picea mariana (Mill.) BSP) afin d’échantillonner les trouées rencontrées et de mesurer les variations dans la hauteur des arbres. La proportion de peuplements sous forme de trouée étendue dépasse les 50% et la majorité des trouées ont une taille inférieure à 100 m². Les probabilités de remplacement indiquent que le sapin et l’épinette se succèdent à eux-même dans les sapinières et pessières respectivement mais qu’il y a un remplacement réciproque de ces espèces dans les peuplements mélangés de sapin et d’épinette. L’analyse en coordonnées principales d’une matrice de voisinage (CPMV) indique que les peuplements irréguliers se structurent à des échelles multiples (large, intermédiaire et fine).
De tels résultats indiquent que certaines régions de la forêt boréale sont assujetties à un régime de perturbations de petite envergure à l’intérieur d’une mosaïque de perturbations plus importantes. Il s’avère donc nécessaire de tenir compte de ces variabilités régionales lors des interventions forestières pour le maintien à long terme des fonctions des écosystèmes et de la biodiversité. © 2006 UQAM tous droits réservés.