La diversité structurale caractéristique de vieux peuplements forestiers, tels que des arbres vivants, des chicots et du bois mort au sol de forts diamètres, procure une plus grande variété d'habitats comparativement aux peuplements immatures, prépondérants dans le maintien de la biodiversité. Cependant, la récolte de la matière ligneuse, par la simplification structurale, vient perturber cet équilibre écologique. Toutefois, lors de la première moitié du XXe siècle, des coupes manuelles ont été effectuées. Contrairement aux coupes sévères, les coupes manuelles de la première moitié du XXe siècle, comme les coupes avec protection de la régénération et des sols (CPRS) utilisées actuellement, laissent du bois vivant de dhp inférieur à 9 cm, des chicots et du bois mort au sol, et permettent également de protéger la régénération ainsi que les sols. Ces coupes pourraient permettre aux peuplements d'atteindre une structure diversifiée plus rapidement que les coupes sévères. Mais on connaît très peu l'héritage structural laissé par ces pratiques sylvicoles sur des peuplements arrivés à maturité. Suite à des mesures effectuées sur le terrain dans des peuplements matures, nous avons étudié l'héritage structural laissé par les coupes du début du XXe siècle. Ces anciennes coupes ressemblant aux CPRS actuelles, cette analyse nous donne également un aperçu de l'évolution de la structure des peuplements coupés récemment. À long terme, on supposait que l'héritage structural laissé par ces coupes aidait les peuplements à retrouver plus rapidement que les peuplements brûlés, où la régénération du peuplement est parfois complètement réduite, une diversité structurale typique des vieux peuplements. Nous avons donc comparé la diversité structurale de peuplements coupés et brûlés au début du XXe siècle, et ces deux états structuraux ont été comparés à un état structural de référence, les peuplements primaires. Cependant, malgré nos suppositions, l'héritage structural des coupes de la première moitié du XXe siècle n'est généralement pas différent de celui des peuplements brûlés. En particulier, il n'y a pas de différences en termes d'abondance, de taille et de diversité de bois vivants, de chicots et de bois mort au sol dans ces peuplements. Seuls les gros arbres vivants (dhp > 24 cm) sont réduits par ces coupes. Des arbres résiduels de diamètre moyen auraient permis de générer des arbres de forts diamètres dans ces peuplements arrivés à maturité. Ainsi, contrairement aux pertes structurales que génèrent certaines coupes, les CPRS avec la rétention de quelques arbres de diamètres moyens mettent les peuplements sur la même trajectoire de développement structural que les peuplements brûlés. Cependant, après plus de 80 ans, ni les peuplements issus de feux ni de coupes ne ressemblent aux peuplements primaires. Les plus grandes différences observées entre ces peuplements perturbés (naturellement et par la sylviculture) et primaires sont en termes de bois morts. Même si ces traitements sylvicoles permettent de mettre les peuplements survenant sur des trajectoires de développement similaires aux peuplements perturbés naturellement, les objectifs de production forestière raccourcissent le temps de développement avant la prochaine grande perturbation. Sans interventions supplémentaires, ces peuplements exploités ne ressembleront donc pas aux peuplements primaires.