L’arséniate de cuivre chromaté (ACC) représente l’un des agents de préservation du bois les plus répandus à travers le monde. En effet, l’usage de l’ACC est souvent associé aux risques de lixiviation naturelle des métaux lourds du bois en service ainsi qu’entreposé dans les parcs à résidus à la fin de son cycle de vie. Depuis son interdiction à vocation résidentielle en 2004, l’usage de l’ACC comme agent de préservation est aujourd’hui très réglementé. Néanmoins, la problématique de la gestion des grandes quantités de biomasses résiduelles contaminée à l’ACC persiste encore. D’ici 2020, la province du Québec devrait faire face à 18 millions de mètre cube de bois contaminé. L’augmentation du volume de bois résiduel traité, le caractère lixiviable et toxique des produits de préservation employés, ainsi que le durcissement des réglementations en vigueur sur l'incinération et l'enfouissement de cette biomasse contaminée sont autant des facteurs qui motivent le développement de nouveaux modes de sa gestion tels que la décontamination thermique, chimique et biologique. La pyrolyse du bois traité semble être une piste prometteuse pour la gestion de cette biomasse contaminée. Cependant, le comportement des contaminants présents dans le bois traité à l’ACC, lors du processus de conversion thermochimique, n’est pas encore élucidé.
L’objectif général de ce projet de recherche est d’étudier à l’échelle laboratoire l’impact de la pyrolyse sur la mobilité des contaminants et son potentiel d’utilisation comme technique de valorisation du bois traité à l’ACC.
Les résultats découlant de ce projet ont permis d’approfondir les connaissances théoriques et pratiques de ce procédé de stabilisation afin de l’appliquer à plus grande échelle. En effet, il a été démontré que le traitement du bois par l’ACC a une influence marquante sur son comportement thermique. Également, l’optimisation du procédé de pyrolyse a permis de conclure que le rendement en biochar diminue avec l’augmentation de la température. Ainsi un rendement optimal de l’ordre de 51% a été obtenu à 300 °C pour une granulométrie variant entre 0,85 et 1,40 mm (G1). D’autre part, la rétention des métaux dans le biochar a prouvé l’efficacité du procédé de pyrolyse dans la stabilisation des contaminants à savoir qu’à 300 °C, les taux de rétention ont été de l’ordre 76% pour l’As, 91% pour le Cr et 83% pour le Cu. De plus, la mobilité des métaux dans le biochar obtenu a été étudiée et les résultats ont démontré que la lixiviation de l’As à partir du biochar est assez élevée quel que soit la température de pyrolyse.
Cependant, l’encapsulation avec le polyéthylène haute densité (PEHD à 80%) a réduit de 96, 95, et de 91% la lixiviation de l’As, du Cr et du Cu, respectivement, permettant d’atteindre les normes réglementaires en vigueur (<5 mg/L).