Le Rapport du Comité scientifique chargé d’examiner la limite nordique des forêts attribuables (Ministère des Ressources naturelles du Québec 2013) distinguait des portions de la forêt boréale où le risque pour la pratique d’un aménagement durable était qualifié de modéré à élevé. Le présent projet portait sur deux de ces zones où l’aménagement peut être durable à condition d’y développer des stratégies d’aménagement adaptées selon les recommandations du rapport scientifique.
Le projet a permis de prendre la mesure du risque que posent les accidents de régénération dans les territoires où les cycles de feu sont courts ou très courts. Après quelques décennies, des pertes de superficies productives s’accumuleront de manière significative. Ces pertes de territoire productif auxquelles s’ajoutent les diminutions de production sur d’autres territoires demeurés productifs affecteraient considérablement la production ligneuse attendue dans les prochaines décennies. Le projet a également permis de prendre la mesure du risque que pose la paludification dans les territoires situés sur le till de Cochrane, c’est-à-dire la partie nord-ouest de la ceinture d’argile qui parcourt l’Ontario et le Québec, entre le district de Cochrane et l’Abitibi-Témiscamingue. Dans la portion Ouest du territoire pilote, l’historique d’évitement des peuplements susceptibles à la paludification fait en sorte que des superficies récoltables susceptibles à la paludification occuperont une proportion significative des superficies récoltables au cours des 40 prochaines années. Les prochaines décennies apparaissent donc cruciales dans la gestion durable des peuplements susceptibles à la paludification. Le feu présente aussi un risque important pour la stabilité des approvisionnements. Au fil du temps, le feu prélèvera une quantité de bois qui devra être soustrait des approvisionnements. Comme à mesure du rajeunissement de la structure d’âge de la forêt, de plus en plus de peuplements jeunes et non marchands brûleront, les coupes de récupération offre peu d’options de mitigation. À long terme, la quantité de bois disponible à la récolte demeure similaire, peu importe le niveau de coupe choisi. Les aménagistes ne peuvent que décider du moment où cette même quantité de bois peut être récoltée le long de l’horizon de planification.
Des solutions existent pour diminuer l’ampleur des problèmes documentés, mais leur efficacité est variable et elles mobiliseront des parts importantes des budgets sylvicoles et de voirie. De plus, les actions requérant des investissements accrus sont risquées en considérant les cycles de feu actifs sur le territoire. Les simulations montrent que les risques de voir les investissements sylvicoles anéantis par l’action du feu sont d’autant plus grands que le cycle de feu est court et que l’âge de maturité est élevé. Les résultats du projet aideront à la mise au point d’une approche de gestion du risque qui permettra de prendre des décisions d’aménagement en contrôlant les facteurs de risque qui peuvent compromettre le succès des stratégies d’aménagement. Il y aurait probablement avantage à canaliser les investissements de façon à valoriser davantage le territoire des zones à sensibilité faible. Toutefois, même si dans les autres portions de la forêt boréale les problèmes sont moins aigus, elles présentent, à des degrés variables, les mêmes risques identifiés dans le rapport. Les stratégies d’aménagement devraient prendre en compte les problèmes potentiels selon le niveau de risque que l’on peut leur associer dans toutes les portions de la forêt boréale.