Responsable
Collaborateurs
Nicole J. Fenton, Osvaldo Valeria, Yves Bergeron
Problématique
Avec plus de 19 milliards de dollars canadiens, le Canada présente la balance commerciale des produits forestiers la plus importante du monde. Bien que plusieurs pays comme la Finlande, la Suède et le Brésil dégagent de bons bénéfices de l’exploitation forestière, seul le Canada en tire un si grand avantage. Le territoire forestier canadien s’étend sur plus de 347 millions d’hectares, ce qui le place au 3e rang mondial. Il va sans dire que les conditions sur lesquelles se développe la forêt boréale canadienne sont fort variées allant des forêts sèches de l’Alberta aux forêts humides de la ceinture d’argile de la baie James. Une forte proportion des forêts d'épinette noire de la ceinture d'argile se développe sur tourbe ou sur des secteurs susceptibles à l’entourbement. La remise en production de ces secteurs après coupe constitue un défi de taille pour l’aménagiste quant à l’identification des approches permettant de maintenir leur caractère forestier productif. En partenariat avec Greenfirst produits forestiers, le Ministère des forêts, de la faune et des parcs du Québec et le Service canadien des forêts, cette projet propose d'évaluer, via des volets complémentaires, différentes approches favorisant le maintien ou augmentation de la productivité forestière sur secteurs entourbés. Nous visons à vérifier si 1) l’ajout des plants de mélèze (en différentes proportions soit de 25%, 33% et 50%) aux plantations d’épinette noire permettent d’obtenir une meilleure productivité; 2) si la présence d’un réseau de drainage favorise la productivité des peuplements d’épinettes noires; et 3) si le maintien de feuillus de lumière limite l’entourbement des sites et favorise une meilleure productivité des jeunes peuplements d’épinette noire. À terme, ce projet permettra de diversifier les approches de remise en production des forêts entourbées. Une situation particulièrement préoccupante dans le nord-ouest du Québec qui s’est vue récemment retiré de la récolte, 155 000 ha en raison du manque de connaissance sur les manières d’assurer leur remise en production.
Objectifs
La majorité des travaux seront faits en pessière à mousses de l’ouest et, qui selon le volet, concernent un ou plusieurs secteurs dans lesquels on rencontre des forêts entourbées ou susceptibles de s’entourber. L’objectif général de ce projet est de développer ou de valider des approches visant la remise en production après coupe des pessières tourbeuses. Ce projet comporte quatre (4) objectifs spécifiques, soit :
- quantifier l’effet de l’ajout de mélèze à des plantations d’épinette noire dans le but de contrôler la végétation concurrente et d’améliorer les conditions de croissance ;
- mesurer l’influence de canaux de drainage sur la croissance des jeunes épinettes après coupe : analyse rétrospective 30 ans après traitement à l’aide de LiDAR ;
- évaluer l’influence de la rétention de feuillus de lumière après coupe ou après éclaircie précommerciale afin de contrer la dynamique d’entourbement et 4) mesurer l’effet de la mixité mélèze et épinette noire sur la productivité des peuplements naturels.
Méthodologie
Plus spécifiquement, cette recherche permettra d’évaluer l’effet de différentes approches de remise en production sur sols tourbeux. Le volet 1 permettra d'évaluer l’amélioration des conditions de croissance (pH, humidité, contenu en éléments nutritifs du sol), générée par l’ajout de mélèze à des plantations d’épinette. Il fournira des connaissances utiles à la compréhension des mécanismes (compétition, complémentarité, facilitation) par lesquels ces conditions sont améliorées. Notamment, il permettra d’identifier les effets directs et indirects de la proximité de mélèze sur la compétition exercée par les sphaignes héliophiles et les éricacées et sur la croissance des épinettes en plantations. Le volet 2 permettra d’évaluer, à l’échelle du peuplement, les effets de la présence et de la proximité d’un réseau de drainage sur la croissance des arbres. Le volet 3 permettra d’estimer l’influence des feuillus de lumière sur l’établissement et la croissance des jeunes épinettes noires après coupe. Finalement, le volet 4 permettra d’estimer le gain de rendement offert par l’ajout de mélèze à des peuplements d’épinette noire.
Retombées escomptées
Un des grands défis de la foresterie canadienne découle de l’érosion des superficies forestières productives suite à leur récolte en raison de nouvelles conditions générées par cette dernière. La perte de superficies productive est d’autant plus préoccupante dans un contexte des changements climatiques qui ne risque que de l’exacerber en raison de la difficulté des essences à se régénérer (p. ex. Boucher et al. 2020). Afin de limiter la perte de vocation forestière de plusieurs territoires sous aménagement, il importe d’évaluer et d’adapter nos pratiques aux diverses vulnérabilités de la forêt boréale.
Applicabilité
L'évaluation de ces approches de remédiation des sols est essentielle pour les responsables de la gestion du patrimoine forestier (secteur public) et de son exploitation responsable (secteur privé). Une fois validée, les partenaires impliquées seront les premiers utilisateurs de ces approches afin de maintenir, sinon augmenter la productivité de leur zone d’aménagement. En pratique, cette évaluation permettra de mettre à jour le guide sylvicole du ministère sur les conditions d’applications de remise en production, et de fournir des outils de bonnes pratiques.
Livrables
Afin de garantir l’application et l’intégration de nos résultats dans les stratégies d’aménagement forestier durable, 2 ateliers sont prévus pour favoriser les échanges et le transfert des connaissances entre l’industrie, le MFFP et notre équipe de recherche. Finalement, le transfert aux partenaires socio-économiques de la région sera facilité par les activités de la Chaire institutionnelle UQAT-UQAM en Aménagement forestier durable (AFD). On retrouve à l’UQAT, la Chaire institutionnelle UQAT-UQAM en Aménagement forestier durable. De par ses activités en partenariat avec les industries forestières membres de la Coopérative de solidarité en recherche et développement forestier de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec, l’UQAT offre un lieu unique d’échange entre le milieu industriel et universitaire via des activités telles un colloque annuel, les Midis de la foresterie et des ateliers thématiques accompagnés de sorties de terrain réunissant à la fois les professionnels de l’industrie et les étudiants. De plus, des services de soutien à la recherche aux étudiants-es (accès aux conseils de professionnels en statistique et géomatique, personnel spécialisé dans la communication scientifique), ainsi que de l’assistance pour le transfert technologique avec les partenariats à travers la publication d’articles de vulgarisation de la recherche dans le Couvert Boréal, la revue de l’Association forestière de l’Abitibi-Témiscamingue, sont offerts. D’ailleurs en ce qui a trait aux communications scientifiques, nous allons réaliser des publications vulgarisées dans les journaux régionaux comme le Couvert Boréal, dans les Avis de recherche forestière du MFFP, dans le Bulletin entre le branches du SCF ou dans le journal Progrès forestier. De son côté, l’UQAM héberge le Centre d’étude de la forêt (CEF) regroupement stratégique co-financé par la Fonds de recherche du Québec (FRQ) nature et technologie qui regroupe 75 chercheurs œuvrant en foresterie. Le CEF tient annuellement un colloque dans lequel les partenaires industriels et gouvernementaux sont invités à échanger avec les étudiants sur leurs résultats de recherche et leurs applicabilités. Finalement, nous prévoyons la publication de 5 articles scientifiques (3 MSc et 2 PhD) dans des journaux internationaux (p. ex. Journal of Applied Ecology, Forestry, Forest Ecology and Management, Frontiers in Plant Science, Plos-One, Forests, Canadian Journal of Forest Research). De plus, nous prévoyons la réalisation de 5 affiches scientifiques sur le projet, ainsi que la participation à des conférences internationales (Ecological society of America, Ecosummit) et 4 conférences nationales (dont le colloque du CEF et le Carrefour Forêts 2023).
Avancement
Premier retour sur la plantion établie en 2021 a été réalisé lors de l'été 2022.
Une étudiante 2e cycle vient d'entrée en poste (dir. O. Valéria).
Les étudiants PhD (Maisa de Noronha et Saluel Roy-Proulx) avancent dans la rédaction de leur thèse (volet 3 et 4).
Un stagiaire post-doc sera engagé sous peu pour avancer le volet 1.
Organismes subventionnaires
MFFP, Produits Forestiers Greenfirst, SCF, CRSNG-Alliance
Financement annuel
42 800 $
Durée
2022-2027