Ce mémoire comporte deux chapitres rédigés sous forme d’articles. Conformément aux
exigences de la maîtrise en biologie, j’ai procédé à la supervision et à la récolte des données,
à l’analyse des résultats et à la rédaction de deux articles à titre de première auteure. Le
premier article, Availability of standing trees for large cavity nesting birds in the eastern
boreal forest of Québec, Canada sera soumis à la revue Forest Ecology and Management
alors que le second, Cavity availability for Barrow’s Goldeneye (Bucephala islandica) in
the eastern boreal forest of Québec, Canada, sera soumis à une revue ornithologique
arbitrée.
Mon directeur de recherche, Pierre Drapeau, ma co-directrice, Sylvie Gauthier, ainsi que
Michel Robert, biologiste au Service canadien de la faune, en sont les coauteurs.
L’aire de nidification de la population de l’Est du Garrot d’Islande (Bucephala islandica),
désignée préoccupante au Canada, se situe majoritairement dans la forêt boréale de l’Est du
Québec. Les sites de nidification utilisés par le Garrot d’Islande décrits pour la population de
l’Ouest de l’Amérique du Nord consistent principalement en de grandes cavités excavées par
le Grand Pic (Dryocopus pileatus) dans des arbres de gros diamètre. Les connaissances quant
aux structures de reproduction utilisées par la population de l’Est sont, à ce jour, méconnues.
Toutefois, il est fort probable que l’espèce requiert également des arbres de nidification de
gros diamètre. Préalablement au présent travail, il n’existait pratiquement aucune information
sur la disponibilité de gros arbres et de grandes cavités au sein de l’aire de nidification du
Garrot d’Islande dans l’Est de l’Amérique du Nord. Il était donc opportun d’acquérir ces
connaissances fondamentales d’autant plus que l’aménagement forestier pratiqué dans cette
région fortement dominées par des forêts surranées, les plus susceptibles d’abriter de grande
quantité d’arbres de gros diamètre, prend rapidement de l’expansion. Une diminution de la
disponibilité et du recrutement d’arbres de gros diamètre pourrait ainsi affecter la
disponibilité d’arbres de nidification dans les secteurs aménagés fréquentés par le Garrot
d’Islande.
Le premier chapitre de ce mémoire porte sur la disponibilité d’arbres morts et vivants de gros
diamètre dans les principaux types de couverts forestiers âgés ainsi que dans les parterres de
coupe et les forêts résiduelles (bandes riveraines et séparateurs secs) de la forêt boréale de
l’Est. La disponibilité d’arbres de gros diamètre était fortement reliée à la présence de sapins
baumiers (Abies balsamea (L.) Mill) dans les peuplements. Le patron de distribution des
classes de dégradation des arbres morts était sensiblement le même pour les différents types
de peuplement, les classes de dégradation intermédiaire étant plus abondantes que les classes
récentes et avancées. Toutefois, les peuplements dominés par l’épinette noire (Picea mariana
Mill.) possédaient des densités réduites pour chacune des classes de dégradation. Ces
résultats suggèrent que les sapinières pourraient jouer un rôle clé au sein de la forêt boréale
coniférienne en raison du bon recrutement de grosses tiges à divers degrés de détérioration.
Quant aux forêts résiduelles, elles ont non seulement des densités en gros arbres morts moins
élevées que les peuplements de la forêt naturelle, mais les peuplements de haute qualité en
termes de bois mort, identifiés en forêt naturelle, ne sont pas représentées dans ces forêts
constituant les principaux legs au sein des paysages aménagés.
Le second chapitre traite de la disponibilité de cavités naturelles et excavées dans les forêts
boréales naturelles, résiduelles et récoltées de l’Est québécois. La disponibilité des arbres de
nidification pour la population de l’Est du Garrot d’Islande s’avère différente de celle décrite
pour la population de l’Ouest puisque la présence du Grand Pic n’a pas été détectée dans la
portion de l’aire de nidification couverte par cette étude. L’espèce dépend donc de la
disponibilité de cavités naturelles pour les sites de nidification en forêt boréale coniférienne.
Bien qu’aucune espèce d’arbre ne se soit avérée plus sujette à supporter des cavités, une forte
proportion des arbres porteurs était des chicots fortement dégradés. La densité de cavités
adéquates pour le garrot s’est toutefois avérée extrêmement faible. La probabilité des
essences boréales à supporter des cavités est plus élevée chez les tiges de gros diamètre. Or, la disponibilité de ces arbres potentiellement porteurs de cavités est fortement réduite dans les
parterres de coupe ainsi que dans les forêts résiduelles comparativement aux peuplements
naturels.
La présente étude montre que l’aménagement forestier, tel que pratiqué actuellement, ne
favorise pas la rétention de peuplements possédant une forte abondance d’arbres de gros
diamètre, structure clé pour le Garrot d’Islande et la grande faune cavicole. De nouvelles
approches d’aménagement favorisant le maintien d’arbres à valeur faunique à l’échelle du
peuplement et du paysage devraient être appliquées dans les secteurs fréquentés par le Garrot
d’Islande en période de nidification afin d’assurer le maintien et le recrutement d’arbres
morts de gros diamètre. © 2007 UQAM tous droits réservés.