Responsable
Yves Bergeron
Collaborateurs
Annie DesRochers, Monique Gardes, Mélanie Roy, Mélissande Nagati
Problématique
De nombreux travaux ont révélé l’existence d’une restructuration, notamment spatiale, des communautés végétales dans les régions sous fortes contraintes abiotiques telles que les forêts boréales. Il y a cependant un déficit d’informations concernant l’écologie des microorganismes et leurs réponses aux changements des conditions environnementales. Ce projet nous renseignera sur le rôle de deux espèces clés de voûte de la dynamique forestière en forêt boréale, le peuplier faux-tremble et l’épinette, en tant que filtre biotique majeur soit pour maintenir la forêt d’épinette, soit faciliter le passage à une forêt dominée par le sapin.
Objectifs
Nous proposons d’étudier l’importance relative du couvert végétal et des microorganismes du sol (principalement champignons ectomycorhiziens et bactéries) sur l’établissement et la croissance du sapin en forêt boréale dans un contexte de changements environnementaux.
Méthodologie
Mise en place en 2015 d'un dispositif D’échantillonnage des peuplments purs et mixtes d'épinette et de tremble. Prélèvement de sols ; extraction d’ADN et envoi au séquençage; quantification de la mycorhization du sapin et prélèvement des ectomycorhizes. Mise en place en 2020 d'un dispositif pour evaluer les réseaux mychorriziens entre le tremble et le sapin
Retombées escomptées
Comprendre et prédire l’importance du peuplier pour faciliter l’invasion de la pessière par le sapin dans le contexte des interventions sylvicoles et des changements climatiques. évaluer le rôle des peuplements mixtes sur la diversité microbienne
Applicabilité
Pessière à mousses
Livrables
Mélissande Nagati, Mélanie Roy, Annie DesRochers, Sophie Manzi, Yves Bergeron, Monique Gardes. Facilitation of balsam fir by trembling aspen in the boreal forest: Do ectomycorrhizal communities matter? 2019. Frontiers in Plant Science 10:932
DOI : 10.3389/fpls.2019.00932
Succession is generally well described above-ground in the boreal forest, and several studies have demonstrated the role of interspecific facilitation in tree species establishment. However, the role of mycorrhizal communities for tree establishment and interspecific facilitation, has been little explored. At the ecotone between the mixed boreal forest, dominated by balsam fir and hardwood species, and the boreal forest, dominated by black spruce, several stands of trembling aspen can be found, surrounded by black spruce forest. Regeneration of balsam fir seems to have increased in the recent decades within the boreal forest, and it seems better adapted to grow in trembling aspen stands than in black spruce stands, even when located in similar abiotic conditions. As black spruce stands are also covered by ericaceous shrubs, we investigated if differences in soil fungal communities and ericaceous shrubs abundance could explain the differences observed in balsam fir growth and nutrition. We conducted a study centered on individual saplings to link growth and foliar nutrient concentrations to local vegetation cover, mycorrhization rate, and mycorrhizal communities associated with balsam fir roots. We found that foliar nutrient concentrations and ramification indices (colonization by mycorrhiza per length of root) were greater in trembling aspen stands and were positively correlated to apical and lateral growth of balsam fir saplings. In black spruce stands, the presence of ericaceous shrubs near balsam fir saplings affected ectomycorrhizal communities associated with tree roots which in turn negatively correlated with N foliar concentrations. Our results reveal that fungal communities observed under aspen are drivers of balsam fir early growth and nutrition in boreal forest stands and may facilitate ecotone migration in a context of climate change.
Mélissande Nagati, Mélanie Roy, Sophie Manzi, Frank Richard, Annie DesRochers, Monique Gardes, Yves Bergeron. Impact of local forest composition on soil fungal communities
in a mixed boreal forest. 2018. Plant and soil. 432(1-2):345-357
DOI : 10.1007/s11104-018-3806-3
Aims
While fungi are key drivers of the carbon cycle and obligate symbionts of trees, the link between plant-fungal interactions and landscape vegetation changes has been largely overlooked. Our aim was to test whether a local difference in dominant tree species would shape the composition of soil fungi communities.
Methods
Fungal communities were described using next-generation DNA sequencing. Composite soil samples were collected in four paired sites (represented by one pure aspen stand and one pure spruce stand) and soil nutriments were measured.
Results
Of the more than 1119 OTUs, 31.6% were Ascomycota while 27.8% were Basidiomycota, 15% were ectomycorrhizal fungi whereas 19.7% were saprotrophic. Communities displayed high species turnover among forest types rather than differences in species richness. Among tested predictors, the dominant tree species explained around 11% of fungal community variation. pH and soil nutrients were also strong predictors of fungal communities.
Conclusions
Our study revealed strong correlations between dominant tree species and fungal communities at a local scale and raised questions regarding the impact of fungal communities on forest soil nutrient dynamics.
Mélissande Nagati. Effet du couvert végétal et des microorganismes sur l’établissement du sapin en forêt boréale. 2019. Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
Au Québec, le 49° de latitude nord représente la frontière entre d’une part la forêt
mixte dominée par le sapin baumier et le bouleau et d’autre par la forêt boréale
dominée par l’épinette noire. Cette frontière tend à migrer vers le nord avec la
migration du sapin. Dans les plaines argileuses de l’Abitibi-Témiscamingue qui se
trouvent à cette latitude, le sapin possède localement une meilleure capacité
d’établissement sous les couverts dominés par le peuplier faux-tremble en
comparaison à ceux dominés par l’épinette noire. Les conditions climatiques et
édaphiques sont similaires dans les deux types de peuplement, mais les conditions
biotiques diffèrent. Le sous-bois sous épinette est dominé par les mousses et des
arbustes de la famille des éricacées, tandis que le sous-bois associé aux peuplements
de peupliers présente une richesse spécifique plus élevée, plus particulièrement en
espèces arbustives et herbacées. Les communautés végétales des strates arborées et de
sous-bois sont connues pour affecter les communautés fongiques du sol et notamment
les communautés mycorhiziennes. Or, ces dernières pourraient expliquer les
différences d’établissement du sapin observées entre les deux types de peuplement.
En effet, les mycorhizes sont des symbioses à bénéfices réciproques entre des
champignons et les racines des arbres et elles sont particulièrement importantes pour
la nutrition des plantes en forêt boréale. Cependant, il y a très peu d’informations sur
les mycorhizes dans le système boréal québécois relativement à la Scandinavie ou
l’Alaska. Dans ce projet, nous avons testé 1) si les communautés de champignons du
sol sont différentes entre les peuplements de peuplier et d’épinette, 2) si les sapins
s’associent avec un plus grand nombre d’espèces de champignons, mais aussi à des
espèces différentes sous les peupliers et 3) si les symbioses mises en place sous les
peupliers sont plus efficaces que celles sous les épinettes pour la nutrition du sapin.
Le séquençage haut débit de l’ADN des champignons du sol a permis de détecter une
forte diversité fongique et de mettre en évidence des différences dans la composition
des communautés fongiques du peuplier et de l’épinette, aussi bien pour les
champignons décomposeurs que pour les champignons mycorhiziens. Pendant deux
années, soixante jeunes plants de sapins ont été suivis sur le terrain afin de relier la
croissance et le taux de nutriments dans les aiguilles (deux estimateurs de la vigueur)
au taux de mycorhization et à la diversité fongique. L’analyse a révélé que le taux de
nutriments dans les aiguilles du sapin était supérieur sous les peupliers par rapport au
sapin poussant sous les épinettes à proximité de plantes éricacées. De plus, la
présence des plantes éricacées était corrélée à des changements de la communauté
fongique mycorhizienne associée aux racines du sapin, ainsi qu’à une diminution du
contenu en azote dans les aiguilles. Des expériences ont également été menées en
chambre de croissance afin de déterminer si la mycorhization avait un impact sur la
germination, la survie, la nutrition et la croissance des jeunes plantules. Pour ce faire,
des sapins ont été semés dans des sols organiques et minéraux provenant des
différents types de peuplement et la moitié a été stérilisée afin d’éliminer les
microorganismes. Les résultats obtenus après trois saisons de croissance ont permis
de détecter un effet de l’identité des microorganismes du sol plutôt qu’un effet du
taux de mycorhization sur la nutrition et la croissance du sapin. De plus, les sapins
poussant dans les sols récoltés sous épinette mais à distance des éricacées ont eu une
meilleure nutrition azotée que dans les sols prélevés sous peuplier. Une expérience
sur une plus longue durée et un dispositif expérimental plus complexe intégrant la
possibilité de formation de réseaux mycorhiziens fonctionnels entre plantes sont à
envisager afin de tester l’importance des interactions sur l’établissement du sapin et
sa nutrition à plus long terme.
Globalement, les résultats de la thèse nous indiquent que les différences observées
d’abondance et de croissance du sapin sous le peuplier et l’épinette sont la résultante
d’interactions complexes, où les communautés mycorhiziennes et les communautés végétales dominantes jouent un rôle. Les différences des communautés fongiques du
sol et de nutriments dans le sol organique observées entre les deux peuplements
pourraient expliquer la meilleure nutrition du sapin sous les peupliers. D’autre part, la
présence d’une communauté ectomycorrhizienne non compatible et/ou peu favorable
aux sapins à proximité des éricacées pourrait expliquer en partie les problèmes de
croissance et de nutrition sous les épinettes. Ainsi, la facilitation du sapin par le
peuplier est partiellement expliquée par les communautés fongiques du sol. Enfin, nos
données confirment que les champignons du sol (dont les ectomycorhiziens) sont à
prendre en compte dans les modèles de migration du sapin vers le nord en réponse au
changement climatique.
Avancement
Une expérience sur les réseaux racinaires est en cours
Organismes subventionnaires
CRSNG, MITACS
Financement annuel
Financement terminé
Durée
2015-2023
Dernière mise à jour :
2022-04-25 09:04:40