Responsable
Igor Drobyshev
Collaborateurs
Yves Bergeron, Annie DesRochers, Nicole J. Fenton, Brian Harvey, Steven Kembel
Étudiants
Claudele Ghotsa Mekontchou, Raphaël Aussenac, Emmanuel Amoah Boakye, Rodriguez Rodirguez Juanita Carolina
Problématique
Des études récentes indiquent que les forêts mixtes, c'est-à-dire les peuplements composés de deux ou plusieurs espèces d'arbres, deviennent un élément de plus en plus important des stratégies sylvicoles pour atténuer les risques climatiques. Les peuplements mixtes peuvent présenter une gamme d'avantages pour la foresterie commerciale, y compris une plus grande productivité, plus faible sensibilité aux vents et aux insectes nuisibles, moins de fluctuation de la productivité annuelle et une résilience supérieure aux conditions climatiques extrêmes. Pour évaluer le potentiel associé à l'utilisation plus large des peuplements mixtes, nous proposons un programme de recherche qui permettra d'évaluer les effets des espèces de mélange au niveau du peuplement et du paysage.
Objectifs
En se concentrant sur des peuplements purs et mixtes de conifères (épinette noire ou sapin baumier) et peuplier faux-tremble, nous émettons l'hypothèse que les peuplements mixtes favorisent un niveau supérieur de la productivité de la biomasse, améliorant ainsi la résilience des forêts, le potentiel économique à court et à long terme pour la production de bois et, à son tour, la durabilité de la gestion forestière dans les régions boréales du Québec.
Méthodologie
Utilisation d'analyses dendrochronologiques et dendroclimatiques de la productivité des peuplements et l'analyse de la structure du peuplement et de l'environnement du sol.
Retombées escomptées
Le projet indiquera des compositions de peuplement qui peuvent augmenter la productivité des forêts, tout en réduisant la sensibilité des forêts aux extrêmes climatiques. Le projet permettra également de mettre en lumière les types de forêts qui peuvent être sensibles et donc à éviter, dans le cadre du climat futur. Nous allons également tenter de mettre en évidence et de quantifier les mécanismes écologiques spécifiques qui sont responsables des relations de productivité climat forestiers.
Applicabilité
Mixedwoods tempérées et boréales de l'Est du Canada
Livrables
Raphaël Aussenac. La relation diversité-stabilité dans les écosystèmes forestiers : mécanismes et implications face aux changements climatiques. 2017. Thèse de doctorat en sciences de l'Environnement, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. 157 p.
Un nombre croissant d’études suggère que la diversité stabilise la productivité des
écosystèmes. L’effet stabilisant de la diversité reposerait principalement sur
l’asynchronicité de réponse des espèces aux fluctuations environnementales et sur les
interactions entre espèces. Ces deux mécanismes découlent de la complémentarité des
espèces ; deux espèces étant d’autant plus complémentaires que leurs niches
écologiques sont différentes. Les interactions entre espèces pourraient également jouer
un rôle central dans la relation diversité-stabilité en contrôlant les dynamiques de
populations. Toutefois, les mécanismes qui gouvernent l’effet stabilisant de la diversité
sont encore mal compris.
Les forêts offrent un certain nombre d’avantages pour étudier les mécanismes qui soustendent
la relation diversité-stabilité. En effet, dans les écosystèmes forestiers, l’effet
stabilisant de la complémentarité des espèces peut être étudié sans effets confondants
dus aux dynamiques de populations. Cela tient à la durée de vie élevée des arbres qui
implique des dynamiques de populations lentes. Sur des périodes courtes, relativement
à l’espérance de vie des arbres, la relation diversité-stabilité peut donc être étudiée dans
des communautés où les populations restent constantes. Dans ce cas, l'effet stabilisant
de la diversité reposerait principalement sur la complémentarité des espèces et non sur
des mécanismes liés aux dynamiques de populations. Comprendre la relation diversitéstabilité
dans les écosystèmes forestiers est également essentiel étant donné
l’importance de ces écosystèmes pour l’humanité et leur vulnérabilité aux changements
globaux.
Cette thèse a pour objectifs (i) de tester si la diversité stabilise la productivité des forêts
tempérées et boréales de l’Est du Canada, (ii) d’identifier les mécanismes qui
gouvernent cette relation diversité-stabilité, et (iii) de déterminer si la richesse
spécifique peut stabiliser la croissance des forêts face aux changements climatiques.
La relation diversité-stabilité a été étudiée dans des communautés où les populations
étaient maintenues constantes, notamment en travaillant sur de courtes périodes,
relativement à l’espérance de vie des arbres. Ainsi, nous avons pu étudier le rôle de la
complémentarité des espèces dans l’effet stabilisant de la diversité indépendamment
des mécanismes liés aux dynamiques de populations.
Les trois chapitres de cette thèse mettent en évidence un effet stabilisant de la diversité
sur la croissance des forêts. Cet effet est dû, notamment, à l’asynchronicité de
croissance des individus hétérospécifiques. Cette asynchronicité de croissance des
individus provient de leur différence de réponses aux fluctuations climatiques et de leur
sensibilité différentielle aux insectes phytophages. La diversité stabilise également la
croissance des forêts en induisant des interactions favorables entre les individus. Ces
interactions favorables peuvent augmenter la croissance individuelle et tamponner la
réponse des arbres aux fluctuations climatiques. Cet effet stabilisant de la diversité
pourrait se maintenir face aux changements climatiques.
A la lumière de ces résultats, augmenter la diversité des peuplements apparaît comme
une stratégie permettant de stabiliser les revenus de l’exploitation forestière,
notamment face aux changements climatiques. Afin de maximiser l’effet stabilisant de
la diversité les mélanges d’espèces ayant des niches écologiques complémentaires
pourraient être favorisés. Nos résultats rejoignent ainsi un nombre grandissant d’études
appelant à augmenter la diversité dans les peuplements forestiers.
Cette thèse met en évidence l’effet stabilisant de la diversité dans les écosystèmes
forestiers et permet de mieux comprendre les mécanismes qui sous-tendent la relation
diversité-stabilité. Toutefois un certain nombre d’incertitudes demeurent. Des études
supplémentaires sont nécessaires afin de déterminer si l’effet stabilisant de la diversité
sur la productivité forestière est généralisable à tous les types de forêts.
Dominique Gravel, Raphaël Aussenac, Yves Bergeron, Igor Drobyshev. Interactions among trees: A key element in the stabilising effect of species diversity on forest growth. 2019. Functional Ecology 33(2):360-367
DOI : 10.1111/1365-2435.13257
There is mounting evidence that species diversity increases the temporal stability of forest growth. This stabilising effect of diversity has mainly been attributed to species differences in their response to fluctuating environmental conditions. Interactions among individuals could also contribute to the stabilising effect of diversity by increasing the mean and reducing the variance of tree growth, however, this has never been directly demonstrated. We used tree?ring width chronologies from temperate and boreal mixed stands of Eastern Canada to identify the role of interactions among individuals in the stabilising effect of diversity on forest growth. Using neighbourhood competition index and a mixed model, we compared the effect of interspecific and intraspecific interactions on the mean and the variance of tree growth. We found that interspecific interactions are less detrimental to tree growth than intraspecific interactions. We also found that interspecific interactions buffer tree response to drought and thereby reduce the variance of tree growth. Our results indicate diversity may increase the mean and reduce the variance of tree growth through interactions among individuals. Thus, we demonstrate interactions among individuals play a role in the stabilising effect of diversity on forest growth, and in doing so, we bring to light other mechanisms of the insurance hypothesis. A plain language summary is available for this article.
Avancement
En cours
Organismes subventionnaires
MITACS, Norbord, Ouranos, Coopérative
Financement annuel
Financement terminé
Durée
2015-2021
Dernière mise à jour :
2020-12-01 00:00:00